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Alors, on coinche ?

Par Rugbyrama
  • Le bus 3 étoiles du RCT
    Le bus 3 étoiles du RCT Icon Sport
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L'édito de Léo Faure... C’était toujours pareil. Les plus jeunes s’asseyaient à l’avant du car. Faut pas déconner, les places du fond ça se mérite. Avant d’avoir fait ses preuves sur le terrain ou en bringue, on accédait difficilement aux sièges si convoités de l’arrière. Quelques anciens, pour les plus calmes, s’installaient aussi en première ligne et, dissertant avec les plus historiques des dirigeants soudés depuis cinquante ans au premier rang, ils refaisaient le match avec un sérieux déconcertant.

Au milieu du car, on trouvait les aspirant. Quelques nouveaux venus, des mômes encore discrets mais qui, sûrs de leur potentiel comique, reculaient à chaque voyage d’un rang pour se rapprocher lentement du Graal. Car c’est là, sur les sièges les plus éloignés du chauffeur, que vivait la folie d’une équipe. Avec une organisation immuable : le meilleur chanteur au dernier rang, siège du milieu, face à l’allée centrale et à la vue de tous, pour que la voix porte loin ; ses choristes les plus inspirés de chaque côté, pour l’encadrer et relancer de délicieuses "Fêtes de Mauléon" une playlist qui inclinait dangereusement vers le fier attribut érectile de l’ami Dudule ; immédiatement devant eux, deux assesseurs, responsables en chef des packs de bière. Rôle central, vous le comprendrez, bien que plus discret. Encore en avant, une unique table de quatre pour tout le bus, où seuls les joueurs de carte confirmés étaient acceptés. Ils interrompaient leur coinche seulement pour un chant lancé qui le méritait vraiment. Le reste du temps, ils rejouaient chaque dimanche la revanche de la belle.

Le car et ses dispositions, c’était une construction sociale, la représentation physique de la hiérarchie d’un groupe avec ses leaders, ses agitateurs, ses druides et ses bons soldats. Pierre Bourdieu, pas fainéant quand il s’agissait de s’intéresser aux mécanismes de la hiérarchie sociale, y aurait trouvé un sujet riche et finalement assez léger. Il y aurait vu quelques hommes ou femmes, se construisant leurs meilleurs souvenirs. Mais il paraît que tout ça, c’est fini. Au moins chez les pros.

Était-ce mieux avant ? Mauvaise question. À quel âge devient-on un vieux ? La voilà, la bonne question. Au vrai, le statut vient vous gifler par surprise et par derrière quand, soudainement, vos certitudes d’hier sont bouleversées par la jeunesse montante, ses habitudes et ses préoccupations propres. "Quand je ne trouvais plus que le staff et pas un seul jeune pour jouer aux cartes avec moi, j’ai compris qu’il était temps de passer la main", en rigolait Aurélien Rougerie, l’automne dernier, sa retraite désormais effective.

Simple constat, il n’y a pas à le regretter. Il n’existe pas de remède contre le temps. Les réseaux sociaux ont mangé sur la vie réelle, jusqu’à la vie du bus. Sur un trajet du retour, on nourrit désormais sa story Instagram, on soigne sa communauté Twitter, casque sur les oreilles. Les plus jeunes y foncent, en phase avec l’air de leur temps. Ils s’y exposent volontairement, en tirent quelques profits mais, aussi, s’y mettent en danger. L’anonymat donne du courage et le sport génère des passions déraisonnables, chez ceux qui le vivent par procuration. Attention, danger.

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