"Je serais parti si la fusion avait vu le jour"

Par DUZAN Marc
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Sekou Macalou - Troisième ligne du Stade français Pour beaucoup d’observateurs du Top 14, il est le meilleur numéro 7 du rugby français. Avant le derby, Sekou Macalou revient pour nous sur une trajectoire atypique et une saison qui ne l’est pas moins...

Peu de joueurs, en Top 14, laissent pareille impression. Alivereti Raka, Cheslin Kolbe, Semi Radradra, Damian Penaud ou Teddy Thomas dégagent tous cette sensation inouïe de puissance, cette perception qu’ils passent de 0 à 35 km/h en un battement de cils. De fait, Sekou Macalou fait partie des quelques gonzes hors-norme que compte le championnat français. Et de loin en loin, on ne voit que Gonzalo Quesada (époque 2016-2017) ou Jacques Brunel pour nier l’évidence, s’enfermer dans la mauvaise foi la plus absconse pour in fine, ne pas admettre que lorsque l’on constitue un XV majeur, on y place d’abord l’ancien Massicois (1,95 m et 108 kg)… puis les quatorze autres. Après tout, l’avant le plus utilisé par Heyneke Meyer cette saison est le meilleur preneur de balles en touche de l’alignement parisien, le deuxième plaqueur du Top 14 (230, contre 241 à l’Agenais Denis Marchois) et, pour toutes les défenses du championnat, une menace permanente. Pardon ? Il est aussi très indiscipliné ? On vous l’accorde et, avec 24 pénalités sifflées contre lui depuis le début de saison, Sekou Macalou est dans ce peu glorieux classement le dauphin du Castrais Antoine Tichit, lequel semble néanmoins évoluer dans d’autres sphères (42 pénalités). Sanctionné de trois cartons jaunes et d’un carton rouge depuis le coup d’envoi de la saison, le flanker parisien revient ce week-end dans le squad parisien après avoir écopé d’une semaine de suspension pour une charge, coude en avant. De quoi donner du punch à une troisième ligne certes expérimentée (Willem Alberts et Sergio Parisse sont de vieux routards du circuit international) mais manquant probablement de punch.

Dans les médias, l’homme Macalou se fait rare. Il donne une interview une fois l’an, parce qu’il y est contraint par le Stade français. Lorsqu’il nous a donné celle-ci, il a d’ailleurs demandé à ne pas aborder le sujet de l’équipe de France, puisque le chapitre semble, jusqu’au prochain départ de Jacques Brunel, impossible à clore. En 2018, le flanker parisien faisait donc partie des fêtards d’Edimbourg, ces hommes ayant esquivé la surveillance du sélectionneur pour rejoindre la nuit écossaise, après une défaite du XV de France à Murrayfield. S’en était suivi un mini scandale. Une plainte avait été déposée par une jeune fille, avant d’être retirée quelques heures plus tard. Lorsque la police écossaise débarqua dans l’avion des Bleus, à l’aéroport d’Edimbourg, Macalou fut confondu par les bobbies avec Yacouba Camara. On dit que sur le coup, le flanker parisien n’avertit pas les "policemen" de leur méprise et que depuis, le groupe France lui en veut, ce qui expliquerait en partie sa mise à l’écart. Le sujet ? Il n’a pas voulu l’effleurer, se contentant du "c’est ma vie privée" qu’il avait déjà glissé un an plus tôt, lors de sa dernière apparition médiatique sur Rugbyrama.fr.

"C’était bête de la part de mon frère"

Ses qualités physiques irréelles, Sekou Macalou a également du mal à leur donner un fondement. "Je suis le seul de ma famille à être comme ça, dit-il dans un sourire. Ma mère, mon père et mes frères sont plutôt normaux, à vrai dire." De sa vitesse, le flanker parisien sait seulement qu’elle fut chronométrée en début de saison à 38 km/h sur 100 mètres. Il poursuit, presque malgré lui : "Ce sont les données GPS qui le disent. Oui, c’était le record de l’équipe, juste devant Tony (Ensor)." Supporter du PSG et fondamentalement Parisien, Sekou Macalou a aussi le rose vissé au cœur et n’aurait pas supporté la disparition du Stade français, si le plan élaboré par Lorenzetti et Savare avait vu le jour en mars 2017 : "Moi, j’ai signé pour l’histoire du Stade français, pour appartenir au club que j’allais voir au Stade de France quand j’étais tout petit, pas pour intégrer un mélange bizarre de deux clubs. Je ne me retrouvais pas dans l’entité dont ils parlaient à l’époque. Oui, je serais parti si la fusion avait vu le jour."

Inapprochable, incernable, souvent fuyant, Sekou Macalou aura vécu sous Meyer sa première "grosse saison", celle qui collait en tout cas le mieux aux espoirs qu’il avait suscité, du temps où il était le flanker des moins de 20 ans tricolores. Une saison à ce point spéciale qu’elle vit, à ses prémices, le grand frère du flanker parisien faire irruption sur la pelouse de Jean-Bouin parce qu’il estimait Sekou en danger, face au quintal du Toulonnais Liam Messam. Au souvenir de l’épisode, qui faillit coûter un match de suspension aux dirigeants parisiens, Macalou fait soudainement disparaître le sourire qui l’animait jusque-là. Il conclut, laconique : "J’ai expliqué à mon frère que ce n’était pas possible de faire des choses comme ça. Je lui ai dit que ce genre de trucs me retomberait toujours dessus. Je sais qu’il voulait juste me défendre, que ça partait d’un bon sentiment mais bon, c’était très bête de sa part. Aujourd’hui, il n’est plus autorisé à entrer à Jean-Bouin…" M. D.

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