Les bénéfices d’un choc

Par Midi Olympique
  • Avant de recevoir un carton rouge, Watisoni Votu a inscrit un essai somptueux en bout de ligne après avoir repoussé Maxime Machenaud. Photo David Le Déodic
    Avant de recevoir un carton rouge, Watisoni Votu a inscrit un essai somptueux en bout de ligne après avoir repoussé Maxime Machenaud. Photo David Le Déodic
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Pau Les Palois ont battu pour la première fois un membre du Top 6 grâce à une première mi-temps presque parfaite et un essai superbe de Votu. Le choc de la démission de Mannix a porté ses fruits.

À force de parler des coulisses et du contexte, on en oublie parfois les plaisirs simples. Avant de parler de la "piquette" de La Rochelle, la démission de Simon Mannix et de tout le toutim, mieux vaut d’abord s’émerveiller devant cet essai de Votu, l’un des plus beaux de la saison. Une attaque directement après un renvoi (avec juste une petite fixation du receveur Butler), une longue offensive au large sur 80 mètres avec huit passes entre six hommes (Daubagna, Gunthert, Slade, Malié, Nicot, Vatubua, Votu). Huit passes dont l’avant-dernière : un geste fabuleux de Watisoni Votu ; une passe à une main vers l’extérieur (pour Nicot) au-dessus de la tête du défenseur qu’il venait d’éliminer (Machenaud). Il ne restait plus qu’à Florian Nicot, centre peu utilisé jusqu’alors, à resservir son ailier fidjien pour un dernier sprint à l’arraché. Un symbole évidemment de l’euphorie qui portait les Palois samedi, un après-midi où rien ne pouvait leur arriver (même finir le match à quatorze après l’expulsion du même Votu pour plaquage dangereux). "J’ai pris beaucoup de plaisir sur l’instant. J’ai lâché un bout de pression, j’ai poussé un cri qui a libéré la tension, confessait Nicolas Godignon extatique. Quelle grande fierté de voir l’un des plus beaux essais de la saison. Mes joueurs ont osé le faire dans un contexte un peu délicat, c’est vrai. Mais ils ont osé dans les options qu’on avait choisies : soit on sortait par le pied, soit on allait chercher les espaces lointains. On savait qu’à ce moment-là, ils étaient à quatorze, on exploite parfaitement le coup. Ce n’est pas de l’audace car le coup était bon à jouer. Je crois qu’ils nous attendaient sur un dégagement au pied".

On aimerait ajouter ce plaquage foudroyant de Pierrick Gunther sur Jordan Joseph qui s’apprêtait à s’échapper derrière une touche. Un autre moment jouissif pour les fans de la Section.

Trouille et bol d’oxygène

Difficile donc de ne pas voir dans ce match le signe que les joueurs ont bénéficié d’un vrai "choc psychologique", la démission d’un entraîneur, Simon Mannix, qu’on disait très exigeant, parfois pesant dans son management. C’est une explication possible de la métamorphose d’un collectif capable de prendre 70 points à la Rochelle avant d’occire un membre du Top 6, au moins pendant une mi-temps.

Dans les cas extrêmes, les joueurs savent faire passer des messages non verbaux et certains coachs doivent savoir s’effacer, pour laisser prospérer leur héritage. C’est peut-être ça que la Section a expérimenté samedi. Nicolas Godignon continuait : "Depuis janvier, c’est notre meilleur match, c’est sûr. Tout a bien tourné pour nous. Vous avez vu notre premier essai ? (coup de pied à suivre de Slade récupéré par Vatubua, N.D.L.R.). C’est ce rebond dans l’en-but qui me fait dire qu’on ne pouvait pas perdre, quand le ballon nous tombe dans les bras comme ça…"

Les propos du coach étaient finalement assez clairs, ce club avait besoin d’un bol d’oxygène. C’est en tout cas ce qu’on a cru comprendre. "Quand on a cette énergie positive, cette intensité, cette envie, ça tourne forcément en sa faveur. On avait envie d’en donner plus, on l’a vu quand on a surmonté une fin de première mi-temps difficile avec une bonne mêlée, une touche performante… Et puis, je me rappelle tout cet enthousiaste aux entraînements depuis quinze jours. L’implication de tous, l’énergie… On sentait qu’il ne pouvait pas nous arriver grand-chose. Il n’y avait pas plus de tensions que ça, il y avait de la sérénité, un truc difficile à expliquer…"

Du côté des joueurs, évidemment, on mettait pudiquement en avant un autre ressort, celui de la peur. Si l’on écoute Quentin Lespiaucq-Brettes, nouveau capitaine, le groupe aurait soudain pris conscience de l’urgence de la situation dans le bus qui les ramenait de La Rochelle quand ils ont vu Grenoble battre in extremis Toulon. "On a ressenti soudain la trouille… C’était ça le seul électrochoc." Cette peur a fait visiblement exploser certains carcans. Et les joueurs, ce n’est pas le moindre de leur mérite, ont su la canaliser pour la transformer pour récupérer au final, ce bol d’oxygène. Ça s’appelle inverser les pressions.

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