Moi, moche et gagnant

Par AUGOT Nicolas
  • Peu d’offensives de grande envergure pour Lucas Tauzin, ici plaqué par Florian Vialelle, et ses coéquipiers qui ont pu compter sur la botte de Thomas Ramos pour remporter le derby face à Castres. Photos Midi Olympique - Patrick Derewiany
    Peu d’offensives de grande envergure pour Lucas Tauzin, ici plaqué par Florian Vialelle, et ses coéquipiers qui ont pu compter sur la botte de Thomas Ramos pour remporter le derby face à Castres. Photos Midi Olympique - Patrick Derewiany
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Toulouse une semaine après son élimination en coupe d’Europe, le leader du top 14 s’est adjugé un succès de prestige face au voisin castrais dans un style qui n’est pourtant pas le sien.

Toulouse n’a pas marqué d’essai. Ce n’était jamais arrivé cette saison en Top 14. D’ailleurs, il avait fallu attendre la finale de Coupe d’Europe, une semaine plus tôt à Dublin, pour voir l’attaque toulousaine en berne au bout de trente matchs disputés. Mais cette fois-ci, le Stade toulousain l’a emporté.

Avec les tripes, en maintenant le cap même en double infériorité numérique alors que les Haut-Garonnais semblaient avoir perdu le fil d’un match bien décousu par les multiples accrochages, une tension permanente, des conditions facétieuses conduisant à un essai de pénalité en faveur de Castres juste avant la pause. Tout laissait alors penser que le jeu flamboyant et alerte du Stade toulousain n’aurait aucune chance de se mettre en route dans un tel bourbier. Il fallait trouver d’autres armes dans l’arsenal toulousain. "En première mi-temps, nous sentions sur des faits de jeu et des attitudes que l’on se trompait, constatait l’entraîneur des avants William Servat, L’engagement était là mais nous ne l’utilisions pas à bon escient." En effet, les Toulousains avaient écopé de onze pénalités et deux cartons jaunes en seulement quarante minutes. Le piège castrais était une nouvelle fois en train de se refermer sur des Toulousains pourtant prévenus. "Les Castrais sont très solidaires et euphoriques quand ils arrivent à maintenir leurs adversaires sous pression, dévoilait Antoine Dupont, un ancien de la maison. Ils sont aussi un brin chambreurs. Nous l’avons bien vu et nous sommes un peu tombés dans leur jeu en début de match. Le discours à la pause était simple. Il ne fallait pas se tromper de guerre : le match ne se gagnerait pas là-dessus mais sur le rugby lui-même." Pas forcément celui des grandes envolées, des doubles sautées, mais un rugby plus pragmatique, plus chirurgical, le même qui avait fait perdre pied aux Toulousains une semaine plus tôt à Dublin. "C’était un match acharné, poursuivait William Servat, C’est toujours le cas avec Castres, où vous avez toujours au moins cinq ou six échauffourées dans les coins avec des semblants de bagarre à chacun de leurs matchs de championnat. On savait ce qui allait se passer. C’est une forme de jeu aussi et une manière de faire déjouer les adversaires. Aujourd’hui, nous n’avons pas déjoué, même si nous avons parfois manqué de maîtrise et des choses relativement simples sur les basiques, ce qui permet à Castres de prendre un bonus offensif mérité."

un message pour les phases finales

Trois essais pour les Tarnais, aucun pour les Haut-Garonnais qui se sont appuyés sur un état d’esprit irréprochable, une mêlée conquérante dans les moments importants et un buteur exceptionnel. Alors même si les Toulousains reconnaissaient une part de chance dans le résultat final avec deux coups de pied castrais repoussés par les montants et un dernier ballon échappé par Urdapilleta en bonne position de drop, ce succès pourrait néanmoins être un moment important de leur saison. Antoine Dupont était le premier à le reconnaître : "C’est assez rare de notre part de gagner sans marquer d’essai, d’autant plus que nous en encaissons trois. C’est assez paradoxal, mais il faut être capable de gagner de toute sorte de manière. De toute façon, sur les matchs de phases finales, il n’y aura pas forcément une orgie d’essais donc c’est important de savoir gagner comme ça aussi." Le Stade toulousain, qui faisait déjà peur à ses concurrents par son potentiel offensif, a certainement envoyé un message. Il peut être moche et gagnant. "On peut espérer que l’emporter en faisant preuve d’un tel engagement soit de bon augure. On est encore un petit peu loin des phases finales. Il nous reste quelques matchs alors autant cultiver cet état d’esprit jusqu’à la fin de la saison." Il n’est pas question de renier les points forts qui ont permis aux Toulousains de survoler le championnat mais de savoir qu’un plan B existe, d’autant plus qu’Antoine Dupont sait que le CO pourrait encore se dresser sur la route des Rouge et Noir : "C’est une équipe qui va sûrement se qualifier et que nous pouvons recroiser. Il était important de montrer que nous étions présents et d’arrêter cette série." Message transmis.

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