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Vakatawa - Guitoune : les french paradoxes

Par Midi Olympique
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C’est quelque part un joli clin d’œil, ou peut-être un message amer, que de retrouver Virimi Vakatawa et Sofiane Guitoune en tête de ce classement des meilleurs marqueurs. Tout simplement parce qu’ils furent les deux grands oubliés du XV de France lors du dernier Tournoi des 6 Nations. Pourtant, depuis l’entame de l’exercice en cours, le Racingman et le Toulousain marchent sur l’eau. Dans une équipe francilienne qui cale ces dernières semaines, le premier est d’ailleurs un des seuls pensionnaires de cette formation à maintenir son niveau de jeu et à se montrer efficace. Pas suffisant néanmoins aux yeux du sélectionneur Jacques Brunel et de son staff qui n’ont pas appelé l’ancienne star du 7 à Marcoussis. Pas plus que Guitoune, lequel brille depuis son replacement au centre de l’attaque stadiste en début de saison. Après les départs de Fickou, David et Fritz, puis la blessure de Fouyssac, l’ancien Perpignanais est devenu un rouage essentiel de la ligne d’arrières d’Ugo Mola. À tel point qu’il empile les essais (15 si l’on y ajoute ceux inscrits en Champions Cup contre 16 pour Vakatawa). Voilà comment, outre un ultime espoir de s’inviter dans la liste pour la Coupe du monde au Japon, rafler le titre de joueur le plus prolifique du championnat peut faire partie des objectifs personnels des deux. "Ce n’est pas une chose à laquelle on pense en début de saison mais, maintenant que la fin approche, je me dis que ça peut être sympa, confiait Guitoune dans nos colonnes la semaine passée. Ce serait bien pour le club que ce soit un Toulousain qui termine meilleur marqueur."

Picamoles - Yato :

ces avants marqueurs

C’est peut-être le détail qui détonne le plus dans cette analyse. Au milieu de ce concert de trois-quarts flamboyants, brillent deux avants ultra-efficaces. Eux, ce sont le Clermontois Peceli Yato, utilisés aussi bien sur l’aile qu’au centre de la troisième ligne, et le Montpelliérain Louis Picamoles, qui évolue exclusivement en numéro 8. Le premier nommé compte déjà dix essais quand le deuxième en est à neuf. Pour des hommes qui jouent à leurs postes, c’est aussi inhabituel qu’impressionnant. Il faut pourtant bien avouer que rien ne semble impossible quand il s’agit de Yato. Le Fidjien est un tel phénomène, par sa capacité physique à franchir, sa vitesse de course incroyable ou sa faculté à répéter les efforts, qu’il est un poison pour toutes les défenses qui se dressent devant lui. Ce qui en fait un joueur hybride, troisième ligne sur le papier, lequel finit souvent les coups en force derrière le pack de l’ASMCA, mais aussi fréquemment positionné dans la ligne d’arrières. Outre ses dix essais en vingt apparitions en Top 14 (seulement onze titularisations), il en a également marqué cinq en quatre matchs de Champions Cup. Sur la scène nationale, il présente un ratio assez exceptionnel d’un essai toutes les 114 minutes. Ce n’est néanmoins pas le plus prolifique puisque Picamoles s’est, de son côté, offert un essai toutes les 100 minutes. Personne, parmi ceux qui comptent au moins sept essais, ne fait mieux. Une surprise ? Pas vraiment. L’international français a toujours eu des statistiques plutôt positives dans ce domaine : six essais en 2012-2013, quatre en 2007-2008, 2015-2016 ou 2016-2017. Depuis 2006, Picamoles n’a même jamais fini un exercice sans inscrire le moindre essai en championnat. Mais force est de constater qu’il a franchi un cap depuis deux saisons et son retour au MHR. L’an dernier, il avait déjà marqué la bagatelle de douze essais, soit le total de l’actuel leader du classement (Vakatawa) cette saison.

L’anomalie Kolbe

Beaucoup sont ceux qui doivent chercher le nom de Cheslin Kolbe dans ce classement. Sans succès. En effet, depuis le début de saison, l’ailier ou arrière sud-africain du Stade toulousain (peut-être considéré comme le meilleur joueur du Top 14, du moins le plus spectaculaire) n’a inscrit "que" cinq essais en douze matchs de Top 14 (sept en vingt rencontres si l’on y ajoute la Champions Cup). Des statistiques plus qu’honorables mais quelque peu éloignées de l’image de finisseur ultime que porte Kolbe. Ceci s’explique pourtant aisément. Le Springbok est surtout un franchisseur exceptionnel (2,25 franchissements de moyenne par rencontre en championnat, ce qui est assez incroyable), qui crée sans cesse des brèches dans les défenses adverses et permet à ses partenaires d’en profiter. En effet, les chiffres traduisent finalement peu l’immense influence de ce joueur sur le jeu toulousain. Grâce à ses qualités techniques mais aussi à son intelligence sur le terrain, Kolbe parvient presque toujours à assurer la continuité derrière lui et donc à servir ses coéquipiers. Voilà comment, après avoir effectué la différence, ils se retrouvent souvent à la dernière ou avant-dernière passe sur une action se terminant par un essai. Hormis sa dernière saison de Super Rugby, quand il a inscrit neuf essais en quatorze matchs avec les Stormers, le feu follet n’a jamais dominé les concours de meilleur marqueur (neuf essais en vingt-trois matchs de Top 14 l’an passé). Ce qui ne l’empêche pas d’être décisif.

Zebo - Imhoff, symboles

d’un Racing qui bloque

C’était fin décembre 2018, il y a donc à peine un peu plus de quatre mois, et ce même classement était alors dominé par trois joueurs du Racing 92. En effet, avec respectivement huit et sept réalisations, l’Argentin Juan Imhoff et l’Irlandais Simon Zebo talonnaient leur coéquipier Virimi Vakatawa, lequel est toujours le meilleur marqueur du Top 14. Voilà qui symbolisait le pouvoir de frappe des hommes du duo Travers-Labit, autant que le talent de sa ligne de trois-quarts. Les techniciens franciliens avaient taillé une équipe à la mesure de la U Arena, et son terrain synthétique qui privilégie les joueurs frissons. À l’époque, et en dépit de résultats irréguliers, le club du président Jacky Lorenzetti enchaînait les démonstrations offensives à domicile grâce auxquelles ses facteurs X brillaient. Et depuis ? Le Racing connaît de réelles difficultés sur le même plan, et cela se ressent dans les performances individuelles de Zebo ou Imhoff. À moins que ce ne soit l’inverse… Toujours est-il que, depuis le 22 décembre et un large succès contre l’Usap au cours duquel les deux joueurs avaient chacun aplati une fois dans l’en-but adverse, ils n’avancent plus. En effet, à partir de cette date, Zebo et Imhoff n’ont inscrit qu’un seul essai en Top 14 (contre Bordeaux-Bègles pour le premier et face à Toulouse pour le deuxième). Soit une petite réalisation en sept sorties pour chacun. Autant dire que le bilan est quasiment famélique pour des finisseurs de cette trempe.

Un seul ailier

dans les six premiers

Quelle lecture faut-il faire de cette statistique plutôt étonnante ? Depuis la nuit des temps, le classement des meilleurs marqueurs d’essais est dominé par les ailiers, dont l’omniprésence s’explique évidemment par leur place sur le terrain qui leur permet d’être à la conclusion des actions. Par exemple, si l’on remonte un an en arrière et si l’on observe ce même classement après la 24e journée de l’exercice 2017-2018, ils étaient quatre ailiers parmi les six premiers (Ashton, Nadolo, Votu, et Arnold), même si Chris Ashton et Toby Arnold étaient aussi utilisés à l’arrière sur certaines rencontres. Seuls le Castrais Julien Dumora (qui évoluait avec le numéro 15) et le Parisien Waisea Nayacalevu (qui était quasi exclusivement positionné au centre avant d’être replacé à l’aile cette saison) s’étaient invités parmi les hommes les plus prolifiques. Là, ils sont cinq à avoir inscrit au moins neuf essais et ne pas évoluer à l’aile. Le poste le plus représenté est même celui de trois-quarts centre avec le Racingman Virimi Vakatawa, le Toulousain Sofiane Guitoune et le Parisien Gaël Fickou. Le deuxième plus représenté étant celui de… troisième ligne avec le Clermontois Peceli Yato et le Montpelliérain Louis Picamoles. En clair, le seul ailier à apparaître dans cette liste est le Racingman Juan Imhoff. Comment l’expliquer ? Plusieurs raisons à cela. D’abord, les qualités intrinsèques exceptionnelles des joueurs cités leur permettent évidemment de faire la différence sur des initiatives individuelles et de forcer n’importe quelle muraille, qu’importe leur position sur le terrain. Ensuite, cela peut révéler une tendance visible dans le plan de jeu de certaines équipes, lesquelles offrent d’avantage de libertés à leurs hommes, suivant les actions et donc les opportunités qui se présentent. Cela les conduit parfois, grâce à leur anticipation, à se retrouver dans le rôle de finisseur.

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