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Régis Dumange : « Je ne suis pas un prédateur »

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    Régis Dumange : "Je ne suis pas un prédateur" Icon Sport
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Le propriétaire de l’Uson détaille la feuille de route du club de Nevers, l’un des clubs les plus puissants du Pro D2…

Midi Olympique : Vous avez un peu joué au rugby dans les années 70 mais rien ne vous prédestinait à investir dans ce sport. Quelle est la genèse de votre engagement ?

Régis Dumange : C’est accidentel. Un jour, Jean-Baptiste Rué (ancien talonneur d’Agen, N.D.L.R.) est arrivé à Nevers pour être entraîneur-joueur. Le club lui cherchait un boulot dans la région, je l’ai embauché. Quelques semaines plus tard, il débarquait dans mon bureau, un peu pâlot et m’annonçait que son club formateur (Auch) était à l’agonie, qu’il manquait 300 000 euros. Je lui ai répondu que je ne serais pas contre le fait de les aider et d’étendre mon réseau commercial dans le Sud-Ouest.

Et puis ?

R.D. : J’ai rencontré Philippe Martin, le président du Conseil départemental du Gers (ancien ministre de l’Écologie). Le courant est bien passé, on est tombé d’accord sur le fait que les collectivités locales mettraient une moitié et moi l’autre, la contrepartie étant que je puisse implanter mes marchandises dans le centre Leclerc de la ville. Franchement, j’étais prêt à aller vivre dans le Gers et laisser mon entreprise à mon fils, ça m’aurait permis de faire quelques courses automobiles à Nogaro. Les contours de cette deuxième vie me plaisaient.

Et alors ?

R.D. : Quelques jours plus tard, le président du FC Auch, également patron du centre commercial, m’appelle en me disant que notre collaboration commerciale n’est plus possible, qu’il ne prendra pas ma marchandise mais qu’en revanche, il veut bien que je reste partenaire du club. J’ai compris qu’on me la faisait à l’envers. La colère m’a pris et, dans le même temps, les dirigeants de l’Uson m’ont annoncé qu’ils avaient un trou de 400 000 €. Ce que je devais faire à Auch, je l’ai donc fait à Nevers. En quelques jours, j’ai pris le club et fondé une SASP.

Quel en est le modèle ?

R.D. : Un club entreprise à la japonaise, qui compte 82 salariés. J’ai d’ailleurs placé les meilleurs cadres de mon entreprise dans la SASP de l’Uson, des ressources humaines à la comptabilité. Le jour du match, il n’y a pas un bénévole au stade. L’Urssaf et la DNACG peuvent venir, je suis serein…

C’était quoi, Nevers, en 2010 ?

R.D. : Une page blanche. Le club faisait l’ascenseur entre la Fédérale 2 et la Fédérale 3. Il y avait 400 personnes au stade en moyenne, 1 000 sur les gros derbies, mais avec 700 invités… À mon arrivée, j’ai acheté le stade, créé un centre de formation. Je me disais qu’un gamin de 10 ans, qu’il soit de la Nièvre ou de Midi-Pyrénées, a les mêmes capacités. C’est l’éducateur qui compte. Aujourd’hui, mes jeunes renforcent les meilleurs clubs amateurs de la région. Moi, je ne suis pas un prédateur. Le Rif (indemnités de formation), je ne le touche pas et je m’en fous.

Quelles sont les affluences à Nevers, aujourd’hui ?

R.D. : On a 7 500 personnes tous les week-ends. C’est la capacité maximale du stade. Je ferme la billetterie le mardi midi. Contre Aurillac, j’aurais eu un stade de 10 000 places, je l’aurais rempli. C’est pas mal, pour l’un des départements les moins peuplés de France. […] Sincèrement, je crois qu’on a notre place dans l’élite du Pro D2. Mais le Top 14, c’est pour les grosses agglomérations, les budgets à 30 millions d’euros.

Avec 12, 5 millions d’euros, vous avez pourtant le plus gros budget du Pro D2…

R.D. : Oui, mais je suis propriétaire du centre de formation et du stade, dont les coûts de fonctionnement entrent justement dans le budget. Ce n’est pas le cas ailleurs et tout ça prend énormément de place, croyez-moi…

Avez-vous de la concurrence ?

R.D. : Non, c’est l’avantage. Ma concurrence, c’est le basket féminin à Bourges (70 kilomètres). À Auxerre, le foot s’est un peu cassé la gueule, ils font 5 000 personnes au stade.

Quel est le profil de vos supporters ? Des aficionados ? Des non-initiés ?

R.D. : On va être franc : à Nevers, il y a une "éducation rugby" à construire et cette culture d’appartenance au club, on est en train de la développer.

Nevers vit principalement de vos subsides. Le club vous survivrait-il ?

R.D. : Oui. Le jour où j’ai donné mon entreprise à mes enfants, je leur ai dit : "Voilà toute ma richesse mais dans le package, vous avez aussi le club de rugby." Ma fille m’a dit que je pouvais dormir tranquille. Je lui ai répondu que je ne dormirai pas, que je la surveillerai de là-haut.

Avez-vous des regrets ?

R.D. : J’ai fait quelques erreurs, cette année. J’ai géré le club en bon père de famille mais les joueurs étaient trop dans le confort, leurs ventres étaient trop pleins. Or, un ventre vide est plus méchant qu’un ventre plein. Désormais, je le dis haut et fort : si un joueur ne me rend pas sur le terrain ce que je lui ai donné, je casse son contrat.

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