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XIII-XV : débat de présidents

Par Mathieu TERRATS
  • Bernard Laporte et Marc Palanques
    Bernard Laporte et Marc Palanques Nicolas Parent
Publié le Mis à jour
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C'est parti d’une idée lancée lors d’un repas improvisé. Qui a fini par aboutir sur un grand débat. Quelques coups de fil et un peu de bonne volonté, à vrai dire, ce n’était vraiment pas compliqué. Mardi soir, Bernard Laporte et Marc Palanques ont parlé, discuté, débattu autour d’Alain Baute (directeur, L’Indépendant), Emmanuel Massicard (rédacteur en Chef, Midi Olympique), Thierry Bouldoire (rédacteur en chec adjoint, L’Indépendant) et Judith Soula (Via Occitanie). 
 

Le président de la Fédération française de rugby à XV et son pendant treiziste se sont parfois retoqués, jusqu’à monter légèrement le ton. Ils se sont aussi chambrés. Mais surtout, ils se sont consacrés du temps. Une bonne heure et demie sous les yeux de deux cents personnes massées dans l’amphithéâtre 1 de l’Université de Perpignan. Devant un parterre de personnalités du rugby tout court : Bernard Guasch, François Rivière, Jacques Jorda, Jean-François Imbernon, Aurélien Cologni, Paul Foussat, Mathieu Khédimi, Denis Navizet… Le rugby à XV et le rugby à XIII réunis dans une seule et même salle. La croisée des chemins après tant de rendez-vous manqués. 

19 heures, l’heure était venue de lancer les hostilités. Après une introduction sur les différences, Laporte y allait de ce qu’il croyait être une boutade : « Je vais vous raconter une anecdote. Avec Vincent Moscato, on était au café des sports à Gaillac. Il me dit qu’il y a une finale à XIII et me demande si je veux aller la voir. On n’a pas eu de chance, on est arrivé, le match était terminé. Il avait duré trois minutes. » C’était en 1981. Un épisode terrible pour les treizistes qui se voyaient alors blacklistés par les télévisions. Ce à quoi Palanques répondait : « Bernard n’a pas eu de chance. Dans toute l’histoire du XIII il n’y a qu’une finale qui ne s’est pas bien passée. Mais je t’invite volontiers si tu veux en voir une. » Le débat était déjà bien lancé.

Santé 

Bernard Laporte, président de la FFR

« Chez le quinziste, il y a le plaquage quand le porteur de balle est rentré dans la défense - là, ça ressemble au plaquage à XIII - et le plaquage quand tu vas chercher le porteur pour mettre les défenseurs dans l’avancée. Dans les écoles de rugby, il n’y a pas d’accidents. Ça, c’est la première des choses. Ensuite, le souci du législateur, c’est la sécurité maximale. L’année dernière, on a eu trois accidents terribles. Oui, les mamans ont peur. Mais quand les télévisions montrent dix fois le ralenti, ça n’aide pas à la promotion de notre sport. Des fois, je me demande si on travaille ensemble et à un moment, il y a des choses qu’il ne faut pas remontrer. »

L’idée, ce n’est pas de faire mal, c’est la maîtrise du ballon, bloquer l’action

Marc Palanques, président de la FFR XIII

« Les mamans sont inquiètes, et moi, ça ne me plaît pas qu’elles soient inquiètes. À XIII, on a aussi été touchés par les accidents qui sont arrivés à XV. Le rugby, c’est comme un sport mécanique, ou un sport de combat, c’est un sport à risque. Cette notion, il faut la comprendre et l’accepter. À XIII, ce n’est pas comparable, on n’a pas les mêmes temps de jeu et le même nombre de plaquages. Et les commotions, pour la grande majorité, elles se produisent sur des phases de plaquage. Mais de notre constat, c’est le plaqueur qui se blesse. À partir de là, on a pris le parti de la formation et de la prévention. Nous, l’idée, ce n’est pas de faire mal, c’est la maîtrise du ballon, bloquer l’action. Dès les moins de 12 ans, on forme les gamins au plaquage qui compose quatre phases. Et nous, on joue 70 minutes et on plaque 600 fois par match. On est souvent contrôlés par l’AFLD et je m’en réjouis. Mais si je peux inviter les contrôleurs à être un peu plus courtois… »

International 

Marc Palanques, président de la FFR XIII

« Quand je suis allé au ministère pour travailler sur notre convention d’objectifs, j’ai rencontré Claude Onesta. Le sujet d’une équipe de VII avec des quinzistes et des treizistes est arrivé sur la table et il m’a demandé si j’étais d’accord. Il est évident que le joueur de rugby à XIII est un coureur. Et c’est une très bonne idée. Je sais combien ça peut être compliqué avec cette guéguerre qui existe depuis la nuit des temps. Mais moi j’ai dit à Onesta que je n’y vois aucun inconvénient. »

Le sujet d’une équipe de VII avec des quinzistes et des treizistes, je suis pour

Bernard Laporte, président de la FFR

« Je ne sais pas si c’est possible. Nous, on a déjà une équipe de France. Et en plus, elle a progressé. Pour la première fois, on fait deux fois finale alors que ce n’était jamais arrivé. Alors qu’au départ, ils sont allés chercher des joueurs, même moi j’ai rigolé. Aujourd’hui, non, ce n’est pas prévu et on a déjà une équipe de France à VII. »

Economie

Bernard Laporte, président de la FFR

« Au football, j’entends souvent, ils gagnent trop d’argent. Mais au football, ils ne le volent pas. (Jusqu’où cela peut-il aller ?) Jusqu’à ce que la télévision dise que ça vaut plus. L’économie, dans tous les sports, elle vit des droits TV. Et encore une fois, il n’y a qu’un truc qui me gêne dans cette économie : c’est le fair-play financier. Le raisonnement de Platini était juste. Est-ce que ça ne vaut pas plus, une économie autour du club, plutôt qu’un milliardaire qui injecte un milliard ? Toulon est peut-être le club qui a le plus de partenaires. Et en face, il y a trois ou quatre milliardaires et de plus gros budgets que lui. Est-ce que c’est logique ? Je pense que c’est quelque chose qu’il faut commencer à regarder. »

Entraîneurs étrangers 

Marc Palanques, président de la FFR XIII

« On n’est pas du tout dans le même monde. C’est difficile. On est au septième rang mondial mais on n’est opposé qu’à des nations professionnelles. C’est le pot de terre contre le pot de fer. Qu’est-ce qui nous manque ? De l’argent. Bernard, il reçoit des droits télé. Moi, on me demande 30 000 € par match pour y passer. Vous imaginer le delta ? À partir de là, c’est un cercle vertueux. Mais je pense aussi qu’on a le droit à exister. »

Nommer un entraîneur étranger, c’est ne pas avoir confiance en son entraîneur

Bernard Laporte, président de la FFR

« Je voulais changer le système avec un étranger qui aurait installé une certaine confiance des entraîneurs du Top 14 qui se seraient dit : « Attention, là on parle à Dieu. » (Question : Ne craigniez-vous pas alors une perte d’identité ?) ça fait dix ans qu’on est dans la mouise, vous ne le voyez pas ou quoi ? Sans être méchant avec personne, Fabien (Galthié) est le meilleur technicien français. Et c’est une bonne chose que le futur patron soit déjà là. »

Marc Palanques, président de la FFR XIII

« En sport de haut niveau, il faut la confiance. Nommer un entraîneur étranger, c’est ne pas avoir confiance en son entraîneur. En France, on a des techniciens de très bon niveau, pourquoi aller chercher ailleurs ? Ensuite, on a quelque chose que tous les adversaires craignent, c’est notre fameux french flair capable de nous faire jouer à l’envers et de toucher les étoiles. Expliquez-moi comment un étranger fait pour faire travailler les joueurs avec ce truc-là ? Pour moi, il n’y a aucun débat là-dessus ».

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