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Le testament d’Etcheto

Par Edmond Lataillade
  • Pour Vincent Etcheto, ces quatre saisons ont été celles du plaisir, celui d’entraîner. D’autant plus en terminant par une finale et peut-être une accession à l’élite
    Pour Vincent Etcheto, ces quatre saisons ont été celles du plaisir, celui d’entraîner. D’autant plus en terminant par une finale et peut-être une accession à l’élite Midi Olympique / Patrick Derewiany
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Enfant de l’aviron, enfant de la balle, il vit ses dernières heures dans son club. Retour sur ses quatre années passées, parfois en haut de l’affiche, dans le staff.

Sourire accroché à son visage malicieux, Vincent Etcheto enfourche son vélo et quitte Jean-Dauger après l’entraînement, la pédalée paisible. Et pourtant, il franchit le portail peut être pour sa dernière semaine. En tout cas, il voguera bientôt vers d’autres destinées, son départ du club ayant été acté à Noël. Sa mine ne transpire en rien une quelconque mélancolie ou même un sentiment revêche. Heureux d’atteindre la finale, sans la frustration de n’être plus là la saison prochaine. "Je n’en ai aucune, affirme-t-il d’emblée. J’éprouve au contraire, un grand plaisir. Celui de partager l’aventure avec les joueurs dont certains étaient là il y a quatre ans. Il y en a beaucoup. C’est un groupe que j’aime, avec qui je suis bien. Je préfère finir de cette manière." Tout glisse alors pour le Bayonnais qui n’a jamais perdu une finale d’accession. En 2012, avec l’UBB, en battant en demi-finale, le grand favori, Grenoble, et en finale, Albi. En 2016, en venant à bout d’Aurillac. Vincent Etcheto veut tout de même partir avec une certaine reconnaissance. "Le seul truc, continue-t-il, c’est qu’on a commencé le travail il y a quatre ans. Je voudrais simplement qu’on reconnaisse que j’ai porté ma pierre à l’édifice. L’euphorie ne doit pas tout balayer. Mais il n’y a pas de rancœur. Je ne suis ni aigri, ni frustré."

L’entraîneur, c’est vrai, agace parfois, par son parler direct, son verbe enrichi, son côté dilettante. Certains lui reprochent un manque de rigueur, sa proximité avec les joueurs. En contrepartie, il peut avancer cet esprit porté vers le jeu, son attirance vers un rugby d’attaque qu’on a pu apprécier à Oyonnax. Celui qui mènera peut être au titre. " Ce serait génial. En plus, cette année, c’est l’accession et le titre. Double effet. Égoïstement, c’est bien. Mais l’envie de gagner, elle est là pour les joueurs, pour l’Aviron, pas pour le CV. J’aimerais revivre cette belle fête d’il y a trois ans."

La montée en Top 14, apothéose de son parcours de manager mitigé, avec aussi une descente l’année suivante. "J’aurais aimé, après cette première année miraculeuse, avoir été mieux épaulé. Je me suis senti seul. Mais j’ai eu ma chance, celle de manager une équipe. En laissant une trace, un projet de jeu, une colonne vertébrale. J’ai été heureux de collaborer avec Yannick Bru. Pour durer, il faut une stabilité. J’espère que l’Aviron l’a trouvée aujourd’hui."

Retour à la formation

Quand il se retourne sur les quatre années passées dans le staff, Vincent Etcheto retient avant tout la joie d’entraîner. Sa passion, avant toutes les autres facettes du métier. "J’ai adoré le terrain. J’ai lié de vrais rapports avec les joueurs. J’ai adoré l’aventure de la montée. En plus dans ta ville, avec la montée au balcon de la mairie, puis l’ouverture des fêtes de Bayonne. Oui, j’ai envie de refaire du rugby !"

L’esprit bayonnais ou tout simplement l’esprit de club, quel que soit l’endroit où l’on se trouve, doit perdurer. "Je ne suis pas bordelais mais je me suis éclaté à Bordeaux. Un club a ses racines, son histoire et doit savoir d’où il vient. Jean-Dauger n’est pas une enseigne, ce n’est pas le Matmut. Jean Dauger était un seigneur qui mettait tout le monde d’accord. Les Maurice Celhay, Paul Labadie, Christian Bélascain seront toujours dans les esprits même si le rugby évolue. Mais on a toujours des Bayonnais dans l’équipe aujourd’hui."

Et si l’Aviron venait à monter en Top 14, serait-il prêt ou rééditerait-il sa saison malheureuse dans cette élite encore plus sélective ? "Nous, nous avions fait un recrutement à l’arrache. Si on monte, il faudra assumer. Il y a bien des clubs qui se sont maintenus. Et si on redescend, il faudra s’y préparer. Le club continuera à avancer. Notre mésaventure devra servir."

Et pour exister en Top 14, Bayonne devra, selon lui, suivre une autre voie. Celle incessamment évoquée, jamais réalisée. Créer une entité qui fédère. "Avec les clubs du Pays basque, le sud des Landes, le Pays basque espagnol. Si on veut lutter avec les plus gros clubs, c’est la solution. J’en suis persuadé même si on me qualifie d’anti-Bayonnais. Je ne crois pas à un club, Bayonne ou Biarritz, qui va écraser l’autre." Au moment de partir, l’entraîneur de l’Aviron émet un souhait : revenir sur le terrain mais à la formation. "Une formation digne de ce nom. La formation du joueur bien sûr, mais aussi celle de l’éducateur, de l’homme, autour d’un vrai projet de club. J’ai envie d’entraîner les grands et les petits, d’avoir des joueurs de très haut niveau. Bâtir un projet sur le mode irlandais. Un projet que je présenterai à l’Aviron bayonnais."

Au terme de ce parcours intense, Vincent Etcheto va vivre une saison de transition, en faisant du consulting, du coaching dans les sociétés. Ou même dans les clubs. Mais l’heure n’est pas encore venue d’accrocher son vélo au clou. Il y aura peut-être une autre étape après la finale de Pau. Ce qu’il n’a toujours pas envisagé.

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