Abonnés

L’école de la rigueur

Par DIAZ Enzo
  • Véritable bourreau de travail et amoureux du terrain, le Nord-Irlandais a su faire évoluer le club briviste et lui apporter un nouvel élan. Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany Véritable bourreau de travail et amoureux du terrain, le Nord-Irlandais a su faire évoluer le club briviste et lui apporter un nouvel élan. Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany
    Véritable bourreau de travail et amoureux du terrain, le Nord-Irlandais a su faire évoluer le club briviste et lui apporter un nouvel élan. Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany
Publié le
Partager :

Arrivé à la tête du CABCL l’été dernier comme manager général, le Nord-Irlandais Jeremy Davidson a su en très peu de temps mettre en place sa philosophie de jeu avec des préceptes bien ancrés, teintés de rigueur et de travail à l’anglo-saxonne. Décryptage d’une méthode qui porte ses fruits et qui ne laisse personne indifférent.

Il y a la méthode douce, il y a la méthode forte. Et puis, il y a la méthode Jeremy Davidson. Être entraîné sous les ordres du Nord-Irlandais n’est pas vraiment ce qu’on pourrait assimiler à une partie de plaisir. Demandez donc plutôt à ses anciens joueurs aurillacois qui ont eu pendant six saisons entre 2011 et 2017 les directives du géant de Belfast. "Jeremy est très exigeant. Je crois que, quand il est arrivé à Aurillac, les avants n’ont jamais autant fait de touches et de mêlées de leur vie", se remémore Maxime Petitjean, capitaine emblématique du Stade aurillacois. "Il était très, très dur et certains joueurs ont pu quitter l’entraînement avec les larmes aux yeux", renchérit l’actuel entraîneur des trois-quarts cantaliens. Qui garde un œil positif voire admiratif sur tout ce qu’a apporté l’Ulsterman à Aurillac. " Il nous a apporté énormément de rigueur. C’est sans doute ce qui nous a amenés en demi-finale (2013, N.D.L.R.) et en finale (2016) avec Aurillac aussi. Il y a des joueurs qui chargeaient vraiment aux séances d’entraînement mais au final avec un peu de recul ils se disaient que c’était pour leur bien. Il était dans le vrai."

Nourri par son expérience

internationale

Effectivement, Adrien Pélissié, actuel talonneur de l’UBB, passé entre les mains de Jeremy Davidson dans le Cantal et durant son passage en Gironde au cours de la saison 2017-2018 se souvient en avoir bavé à ses débuts. "Lorsque je suis arrivé à Aurillac des Espoirs de Castres, je n’avais aucune minute en Pro D2. Il y a des jours où il m’a dit ce qu’il avait à me dire, que je n’étais pas au niveau sur les lancers en touche. Lorsque je ne lançais pas bien et que l’après-midi nous avions des séances de mêlées, il m’envoyait au poteau tout seul", livre celui qui sait ce qu’il doit au technicien. "À force de travailler, il m’a fait jouer. J’ai énormément progressé grâce à lui." Jusqu’à pouvoir prétendre à la sélection nationale sous le maillot bleu il y a peu. Preuve s’il en est des compétences de l’ancien deuxième ligne de devoir, international irlandais (32 sélections) et Lion britannique à l’occasion de deux tournées (1997,2001). Le joueur et futur entraîneur a été façonné au cours de sa carrière par des pointures telles que Warren Gatland, Graham Henry, Andy Robinson, Clive Woodward, Declan Kidney, Les Kiss, Mike Ford, Ian McGeechan, Jim Telfer, excusez du peu. "Pour moi, chaque nouveau jour est comme une journée à l’école. On peut apprendre des petits jeunes, on peut apprendre des autres entraîneurs, des joueurs à des postes différents. On apprend dans les séances défensives, en attaque, à la vidéo. Il faut en permanence être en recherche, poser des questions. Il faut toujours se nourrir des autres car rien n’est acquis. Le rugby est toujours en mouvement, évolutif." Telle est en substance la philosophie de Jeremy Davidson. Celle d’un bourreau de travail, amoureux du terrain - qui s’en est d’ailleurs rapproché en match depuis deux mois alors qu’il était en tribunes avant - humble, qui ne prétend en rien avoir la science infuse. Et qui s’appuie naturellement sur les compétences de ses adjoints et de son staff.

De l’importance d’être cadré

À Brive, son arrivée a été accompagnée de celle du manager de la performance et camarade nord-irlandais Tristan Sharp, ancien sociétaire du Stade français et du Connacht, ainsi que du vidéaste Maxime Claux, recruté en 2014 à Aurillac et qui l’avait suivi à l’UBB. "Le staff en poste était déjà compétent mais on avait besoin d’amener un nouvel allant et une nouvelle approche. On avait besoin d’amener plus de professionnalisme dans tous les domaines, que ce soit sur la préparation physique, le projet de jeu, l’organisation en dehors du terrain, l’organisation des déplacements, la nutrition, l’aspect vidéo", détaille Jeremy Davidson qui exerce sur les bancs depuis bientôt quatorze ans, déjà. Preuve du changement à Brive cette saison, chaque joueur a son propre GPS à chaque séance d’entraînement et se retrouve pesé tous les deux à trois jours. L’autre facette réside dans son fonctionnement managérial, au sens strict du terme. "Jeremy, c’est un entraîneur avec du caractère mais il sait être juste. Si tu es un bosseur, il va te faire jouer. S’il voit que tu as l’envie de progresser, il va te récompenser", appuie Adrien Pélissié. Force est de constater la véracité de ce propos puisque cette saison, à Brive, bon nombre de jeunes joueurs et de joueurs plus expérimentés, comme les Vivien Devisme, Peet Marais, Thomas Laranjeira, Franck Romanet pour ne citer qu’eux ont gagné du temps de jeu par rapport aux saisons précédentes. C’est aussi ça la patte Davidson. Le fonctionnement à la méritocratie. Assorti d’un sens du détail très aigu. " Moins il y a de place à l’imprévu, mieux c’est pour lui. Dans son projet tout le monde sait où il va et ce qu’il a à faire. Il programme tout comme les Anglo-Saxons savent le faire avec notamment une grosse conquête, une grosse défense. Il aime le jeu de mouvement mais il veut que les choses à la base soient bien faites. Il ne mâche pas toujours ses mots et il n’y a pas de demi-mesure. Il sait ce qu’il veut mais il sait rendre aussi", témoigne dans un profond respect Paul Boisset, le demi de mêlée du Stade aurillacois.

Les Brivistes ont pu s’en rendre compte rapidement même si pour le capitaine Saïd Hirèche qui connaissait déjà l’homme depuis Aurillac, la surprise ne fut pas si grande. "Je savais qu’il était très exigeant, très pointilleux que ce soit dans les attitudes sur le terrain et en dehors. Son arrivée avec un staff étoffé notamment a poussé l’exigence encore plus loin pour coller au projet de jeu. Ils ont essayé de faire en sorte qu’on soit le plus compétitif et le plus performant possible." Jusqu’ici, ça n’a pas trop mal marché.

" Chaque nouveau jour est comme

une journée à l’école."

Jeremy DAVIDSON, Manager général de Brive

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?