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Petites histoires de grands managers (3/4) : Mignoni : l’homme de fer

  • Pierre Mignoni (entraîneur de Lyon)
    Pierre Mignoni (entraîneur de Lyon) Icon Sport
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Entre les appels du XV de France (Labit et Mignoni), un scénario de saison incroyable qui lui vaudra une modification de sa mission (Cotter) et une arrivée différée au club (Gibbes), les managers qui s’affronteront ce week-end ont, tous, vécu une saison à rebondissements. Premier épisode et focus sur le duo du Racing 92 en instance de divorce. Hommes, méthode, gros coup et gros raté, tout est passé au crible.

L'homme

Demi de mêlée fort en gueule et proche de ses avants, au caractère de Toulonnais bien trempé, Pierre Mignoni a encore renforcé son image en passant de l’autre côté de la barrière. Élevé à Toulon à la mamelle de Bernard Laporte dont il a conservé le goût pour les coups de gueule bien sentis, Mignoni a aussi hérité de son autre père spirituel Vern Cotter une certaine froideur dans l’approche de la compétition, et l’élaboration de la stratégie d’un match. Proche de ses hommes qu’il demeure capable de défendre bec et ongles, le manager lyonnais n’hésite pas à accorder pleinement sa confiance aux hommes qu’il en juge dignes, à l’image d’un staff entièrement constitué de joueurs reconvertis, sans expérience préalable, à l’image (entre autres) de Karim Ghezal, David Attoub ou Kendrick Lynn. Et l’on n’oublie pas bien sûr Sébastien Bruno, parti depuis lors avec le XV de France. "Il est rigoureux et précis à l’extrême, nous confiait voilà quelques semaines l’ouvreur Jonathan Wisniewski. Mais il n’est pas pour autant psychorigide et sait tenir compte des arguments qu’on peut lui apporter. En revanche, une fois que celles-ci sont établies, il est intransigeant au sujet de l’application des consignes." Sévère mais juste, en somme, et désireux d’insuffler au club lyonnais une éthique de travail à la hauteur de la sienne.

Son gros raté

Depuis son arrivée à la tête du Lou, Pierre Mignoni a, à plusieurs reprises, fait preuve d’une certaine roublardise. Ainsi en 2017, lors de sa première saison avec le Lou en Top 14, Pierre Mignoni avait volontairement laissé filer une éventuelle qualification en barrage, en donnant à plusieurs anciens et partants l’occasion de saluer le public pour le dernier match de la saison contre Clermont. Cela afin de laisser à son équipe une marge de progression vis-à-vis du futur, dont elle profita allègrement la saison dernière en se qualifiant pour les barrages, et même en demi-finale…

Toutefois, même si on a beau être convaincu de la malice de Pierre Mignoni, il est difficile d’envisager que le zéro pointé historique constaté cette année pour la première participation du Lou en Coupe d’Europe (pire total jamais réalisé par un club français dans une phase de poules) faisait vraiment partie de ses plans… Clairement, si elle a eu le mérite de permettre aux Lyonnais de mesurer les progrès qu’il leur restait à effectuer pour rivaliser avec les meilleurs (ce dont Mignoni dit avoir tiré des conclusions dans son approche même du Top 14), cette campagne européenne version 2018-2019 constitue pour l’heure l’unique tâche de ses quatre saisons à Lyon. Qu’il faudra nécessairement faire oublier la saison prochaine…

Son gros coup

On pourrait parler de résultat sportif, bien sûr. De ce point de vue, le bâton de maréchal de Pierre Mignoni serait bien évidemment la qualification des siens face à son ancien club de Toulon la saison dernière… Toutefois, on préférera s’attarder quant à la manière dont Mignoni a su récupérer, et développer, des joueurs de son ancien club. On pense ainsi spontanément à Liam Gill, non conservé par le RCT, sans oublier Palisson, Wulf ou Armitage, ni même Virgile Bruni revenu à un excellent niveau en cette fin de saison au poste de deuxième ligne. Toutefois, c’est probablement dans sa relance de Jonathan Wisniewski que Mignoni a probablement réalisé son coup de maître. Recruté par Mike Ford avant d’être blessé puis disgracié sous l’ère Galthié au point de connaître une saison quasi blanche au RCT l’an dernier, Wisniewski est redevenu en quelques mois à Lyon le buteur et meneur de jeu hors pair qui tint Grenoble à bout de bras pendant trois ans. En totale confiance, ce dernier parviendra-t-il à remporter le premier match éliminatoire de sa carrière en Top 14 sous l’égide de son nouveau mentor ? On parierait que oui…

La méthode

S’il demeure intransigeant sur certains fondamentaux, notamment en matière d’agressivité et d’investissement défensif, la méthode de Pierre Mignoni se distingue en premier lieu par son absence de dogme, assortie d’un pragmatisme à tous crins. Sa philosophie ? Analyser aussi bien les forces vives de son équipe que les faiblesses supposées de l’adversaire, et voir comment les premières peuvent être opposées le plus intelligemment possible aux secondes. Une intransigeance qui ne se dément pas, même dans les matchs de seconde. Ainsi la semaine dernière, quand bien même le résultat de l’équipe "bis " de Lyon à Grenoble n’avait aucun intérêt comptable, les Rhodaniens avaient travaillé plusieurs lancements de jeu spécifiques, dont l’un toucha ses fruits dès la troisième minute, par le biais d’un coup de pied de Doussain pour Séguret dans le dos de la défense. Imaginez, dès lors, le degré de précision que peut exiger Pierre Mignoni en vue d’un barrage… Équipe cataloguée "de contre " la saison dernière, le Lou semble avoir ajouté un étage à sa fusée, en se montrant désormais capable de prendre l’initiative du jeu lorsque cela est nécessaire, grâce à l’apport de joueurs comme Wisniewski ou Ngatai. Tout en conservant sa terrible capacité de nuisance dans les rucks incarnée par Gill ou Fourie, sur laquelle le RCT s’est cassé les dents l’an dernier.

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