Abonnés

La belle Rochelle...

  • La belle Rochelle... après sa victoire en barrage de Top 14 contre le Racing 92
    La belle Rochelle... après sa victoire en barrage de Top 14 contre le Racing 92 Icon Sport
Publié le
Partager :

C’est un vrai, un beau, un grand match de rugby qu’a remporté le Stade rochelais vendredi soir. De fait, il n’y a que les phases finales pour déchâiner tant d’émotions contradictoires...

On ne sait plus à quel jean-foutre croisé très tard, cette nuit-là, on doit cette absurdité : "Ce n’était pas un grand match de rugby, hein ?" Mais qu’est-ce qu’un grand match de rugby pour tous les jean-foutre de la planète ? Un Sharks - Rebels à trente essais, joué devant 6 000 paroissiens dans un stade pouvant en accueillir dix fois plus ? Ou un Saracens - Leinster, ce duel entre mathématiciens musculeux, ce vulgaire pancrace dépourvu d’émotion ? Franchement, on a pris un pied incroyable, sous le ciel rougeoyant d’une fin de printemps, dans ce vieux Colombes qui suintait la bringue et sentait la merguez, aux prémices de ces phases finales dont on ne se priverait jamais, même pour tout l’or du monde. Car bonne mère, lorsque le curseur émotionnel atteint pareilles cimes, c’est un fier morceau d’humanité que nous projette alors le sport au visage, "une vérité nue", comme le confiait Jacky Lorenzetti, samedi matin.

à Colombes, il y avait d’un côté Xavier Gabajosa, extatique, transporté, incapable de ralentir un flux de paroles où il mêlait "le cœur des hommes", "le caractère d’un groupe de dingues", "la folie" de quelques centaines de types grimés en bagnards et escortant le bus des Rochelais, de la rue Paul-Bert à l’entrée du stade. à quelques mètres de là, le décor était tout autre : il y avait Henry Chavancy, le regard éteint, la tête basse, tout à la fois "dévasté" par un printemps funeste et assommé par la quasi-certitude de regarder le prochain Mondial à la télé. Un peu plus loin, encore, Grégory Patat la jouait Christophe Urios, balayant d’un revers de main toutes les conneries pseudo scientifiques qui entourent le rugby professionnel depuis une dizaine années. "On parle de statistiques, de plein de trucs dans le genre mais le rugby, c’est bien plus que ça." Alors, à moins d’être un jean-foutre ou un vulgaire morceau de parpaing, il est impossible, dans de tels moments, d’être indifférent au flot de douleur des uns, à la transe extatique des autres, à l’émotion brutale du premier match des phases finales.

Liebenberg, un match à la Dusautoir

Et puis, ne s’est-il pas passé mille choses au fil de ce clash bouffi de suspens ? Vendredi soir, ce Racing malade et seulement porté par le punch de Wenceslas Lauret ou la patate de Camille Chat, traînait tous les symptômes de la fin de cycle, pour dire le moins. Le cerveau rongé par deux flankers très énervés, Maxime Machenaud et Finn Russell traversaient le quart de finale comme deux spectres. à leur décharge, aucune charnière n’aurait pu survivre au combo Wiian Liebenberg-Kevin Gourdon : le premier, libéré par Montpellier pour on ne sait quelle fumeuse raison, rendit un match à la Thierry Dusautoir, terminant la rencontre à vingt-six plaquages, quand le nonchalant Gourdon (à qui le staff du XV de France reproche une certaine fébrilité défensive, ça ne s’invente pas…) en accomplissait vingt, en sus de quelques rushs balle en mains dont, en tout état de cause, son compère est incapable. C’était beau, c’était chouette et c’était vrai, aussi vrai que ne le fut l’anecdote que nous contait Didier Retière à propos de l’excellent Thomas Jolmes, après la rencontre, alors que deux cents supporters rochelais avaient transformé le parking de Colombes en feria de Pampelune : "Au-delà d’être excellent, Jolmes est vraiment très attachant. On m’a raconté qu’un jour, où il était remplaçant avec Grenoble (2016-2017), son coach lui demande d’entrer en jeu et découvre alors Thomas, tranquille, en train de lire un livre. à l’époque, il passait son concours de kiné et bûchait sur le banc de touche !"

À Bordeaux, dans quel état ?

Passé ce grand quart de finale, demeure néanmoins une question : va-t-il rester aux coéquipiers de Romain Sazy assez d’énergie pour faire douter Toulouse, trois défaites en vingt-six matchs de phase régulière ? "Quand tu gagnes, reprend Xavier Garbajosa, la fatigue s’estompe plus vite. Il faut dire aussi qu’à Bordeaux, nous jouerons presque à domicile. Pour ce grand évènement, on voulait avoir nos supporters à nos côtés. C’est donc une chance." De fait, ce sont à peine 150 kilomètres qui séparent La Rochelle du Matmut Atlantique et, selon toute vraisemblance, la transhumance des supporters jaune et noir devrait flirter avec des sommets jamais atteints jusque-là. "La vache, se marrait Arthur Retière, ça va être le bordel au péage !"

En Gironde, les Rochelais ne savent toujours pas s’ils pourront oui ou non compter sur Uini Atonio, sorti de Colombes blessé à une épaule. Ce qui est acquis, en revanche, c’est que le double champion du monde Victor Vito démarrera une nouvelle fois la rencontre sur le banc de touche, à la fois parce que son corps est l’objet de mille précautions et que les performances de Grégory Alldritt, hors normes depuis un mois, ne prêtent pas le flanc au doute. "Moi, conclut Garbajosa, je rêverais de quitter ce club dans quinze jours, au Stade de France et avec le Bouclier." D’ici là, c’est le club qui l’a "éduqué ", l’une des équipes les plus dominantes de ces cinq dernières années qui se présente sur la route su Stade rochelais. Et ce sera bon, si bon…

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?