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Brive : passeport pour le(ur) paradis

  • Les Brivistes se congratulent après le dernier essai de Giorgadze, félicité par son capitaine Saïd Hirèche. Un succès synonyme de montée en Top 14.
    Les Brivistes se congratulent après le dernier essai de Giorgadze, félicité par son capitaine Saïd Hirèche. Un succès synonyme de montée en Top 14. Patrick Derewiany / Midi Olympique
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Une semaine après leur cruelle désillusion en finale de Pro D2 face à Bayonne, les Corréziens ont su trouver les ressources pour dominer un FCG au bout du rouleau, et regagner le Top 14 un an après l’avoir quitté.

Non, Amédée-Domenech ne tombera pas. Pas cette saison. Ce vœu pieu, chaque équipe de rugby le fait en début d’exercice. Mais rares sont ceux qui se montrent capables de tenir. Les Brivistes, eux, l’ont fait. 282 jours après la réception de Colomiers, le 24 août dernier, la citadelle briviste tient encore. Non que ses murailles n’auraient pas tremblé ces dernières semaines, comme à l’occasion de la dernière journée face à Bayonne ou en première mi-temps de la demi-finale face à Vannes. Elle a vacillé certes, mais a tenu bon. Comme ce groupe briviste qui, tout au court de ces neuf mois et neuf jours, a résisté aux assauts des nombreux prétendants à la montée directe qui ont débarqué en Corrèze avec l’ambition de les sortir de la course à la qualification.

Dimanche, les Brivistes avaient un confort supplémentaire : celui d’évoluer à domicile, devant leur public de fadas noir et blanc. Mais ils avaient un handicap supplémentaire aussi : celui d’avoir à évacuer en un temps record une désillusion majuscule, celle de la finale perdue in extremis face à Bayonne : "La plupart des joueurs ici n’ont jamais été champions de France, nous confiait le troisième ligne Mathieu Voisin. Cette finale, c’était l’occasion de le devenir enfin et de remonter directement. La perdre au dernier moment a été très douloureux. On a pris un gros coup derrière la tête. Le dimanche a été terrible, et lundi on avait encore la tête au fond du seau. Mais on a évacué avec de la récupération. Dès mardi, on était sur le FCG. On savait qu’ils allaient être prêts puisqu’ils se préparaient depuis un mois. Il était inutile de rester sur le passé puisqu’on ne pouvait rien y changer."

Basculer pour continuer à espérer. Et vite. Pour retrouver ce foutu Top 14 au plus vite. Tel était le mot d’ordre des Brivistes. Dans les travées d’Amédée-Domenech, nombre de supporters ne savaient quoi attendre de l’adversaire du jour. Habitué au rythme du Top 14, Grenoble allait-il prendre de vitesse leur équipe chérie ? Possible, d’autant qu’on croyait les Grenoblois plus frais. Conscient qu’ils allaient devoir passer par ce terrible oral de rattrapage, le staff du FCG faisait tourner son effectif depuis un mois, quand le CAB s’acharnait à décrocher sa qualification directe. Manqué. Les Grenoblois ont paru sans énergie, ni ressource à l’exception du rafraîchissant flanker Clément Ancely, plutôt en vue en première période. Pour le reste, les Isérois n’ont pas donné l’impression de bénéficier d’une quelconque fraîcheur supplémentaire puisqu’à l’image de leurs adversaires, ils ont souffert de crampes à l’heure de jeu. Les Grenoblois n’étaient pas plus rapides, ni puissants, ni habiles que leurs adversaires, loin s’en faut. Et pour la deuxième année consécutive, c’est le pensionnaire de Pro D2 qui fait la nique à celui de Top 14 : "Il faudra vérifier si cette tendance se confirme dans la dizaine d’années à venir, mais je savais que cette équipe, évoluant à domicile et portée par son public, allait profiter d’une dynamique. C’est exactement ce qu’il s’est passé avec nous l’année dernière", rappelait le coentraîneur, Stéphane Glas. Battus en finale par l’Usap, les Isérois avaient renvoyé Oyonnax dans l’antichambre de l’élite. Sans que le résultat ne souffre de la moindre contestation. Comme la victoire de Brive sur le FCG.

"Les Rampions de Gros D2"

Au coup de sifflet final, un véritable séisme secoua la Corrèze. Un supporter, puis dix, puis cent, puis mille enjambèrent les barrières pour aller célébrer leurs héros. Dans la foulée, les dirigeants brivistes ont tenu à saluer les joueurs qui, demain, quitteront le club : Damien Lagrange, Samuel Marques, Demba Bamba, Vivien Devisme, Petrus Hauman pour ne citer qu’eux, sans oublier l’emblématique Dominiko Waqaniburotu, acclamé par Amédée-Domenech. C’est là que l’on sortit le trophée du jour : un vrai-faux bouclier bricolé à la hâte avec une planche, deux poignées et une pièce de réservoir de moto, le tout recouvert d’une plaque métallique sur laquelle on pouvait lire cette inscription : "Rampions de Gros D2" : "Cette victoire, c’est comme un titre pour nous. On ne volera pas ce titre de champion de France à Bayonne, ils l’ont gagné. Mais on voulait avoir notre truc à nous. Comme on savait qu’il n’y aurait pas de trophée, donc on a décidé de le bricoler. C’est notre bouclier, notre histoire à nous", expliquait tout sourire le flanker Voisin.

Et demain ?

à quelques mètres de cette effusion de joie l’ambiance était morose dans le vestiaire grenoblois, duquel s’extirpait à la hâte le deuxième ligne Killian Geraci. Le deuxième ligne n’avait pas le temps d’évacuer sa frustration avec ses coéquipiers : un avion l’attendait à Toulouse, à plus de deux heures de route pour rejoindre l’équipe de France des moins de 20 ans en Argentine. Quelques minutes plus tard, c’est un Gaëtan Germain bouleversé qui se présentait devant la presse : "La semaine a été très particulière. Revoir ce stade dans cet état, ce fut un crève-cœur, surtout quand on joue en face. Je suis très ému", lâchait l’arrière avant de fondre en sanglots. Une émotion sincère malgré le "traitement de faveur" que le public d’Amédée-Domenech lui a réservé…

Demain, Brive retrouvera donc le Top 14. Mais d’ici là, le chantier est immense : la pelouse du Stadium va faire peau neuve, et devenir hybride. Les dirigeants auront environ trois semaines pour recruter et renforcer un groupe qui sera nécessairement amoindri par les nombreux départs et les absences des internationaux en cette année de Coupe du monde. Les joueurs, eux, auront un mois pour régénérer leurs corps usés par cette longue et palpitante saison. Avant de repartir au combat pour, une fois encore, réaliser l’impossible : maintenir le CAB en Top 14. Mais ne vous inquiétez pas pour eux. Une fois encore, ils ont la recette.

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