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La tournée du patron

  • Auteur du premier essai toulousain, Sofiane Guitoune a livré une nouvelle prestation de haut-vol. Il s’affirme de plus en plus comme l’un des cadres des Rouge et Noir.
    Auteur du premier essai toulousain, Sofiane Guitoune a livré une nouvelle prestation de haut-vol. Il s’affirme de plus en plus comme l’un des cadres des Rouge et Noir. Patrick Derewiany / Midi Olympique
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Logiquement élu homme du match samedi soir, l’international a encore prouvé à quel point il était irrésistible cette saison. Mais, ce que les gens savent moins, c’est que l’ancien Perpignanais est devenu ces derniers mois l’un des cadres de l’équipe stadiste. Jusqu’à prendre très régulièrement la parole...

C’était il y a deux mois. Au Stadium, les Toulousains avaient encaissé un essai de pénalité face à Clermont à onze minutes du terme qui les plaçaient au pied du mur, à onze points de leur adversaire. L’instant choisi par Sofiane Guitoune pour rassembler ses partenaires sous les poteaux. "Je leur ai dit qu’on pouvait le faire, racontait-il après la rencontre. C’était le moment de le montrer. J’ai répété que je croyais en chacun des mecs. La preuve : sur le renvoi, on a récupéré le ballon, on a joué et on a marqué." In fine, les Rouge et Noir ont remporté, dans les ultimes secondes, un succès de prestige. Aux yeux du grand public, l’international - qui n’a plus porté le maillot des Bleus depuis la Coupe du monde 2015 - s’est révélé comme un formidable leader ce jour-là, quand les observateurs se contentaient de souligner ses performances exceptionnelles.

Pourtant, depuis plusieurs mois, il s’est imposé comme le patron des trois-quarts. "Il lui arrive de nous réunir en match, raconte Thomas Ramos. Avec Max (Médard) et Yoann (Huget), ce sont les trois qui parlent le plus souvent derrière. Quand on essaye d’apporter notre grain de folie, eux sont là pour ramener le calme." Mais, lorsque ses deux acolytes sont partis à Marcoussis pour la tournée d’automne en novembre, Guitoune a joué le guide par la force des choses. "Je me suis retrouvé avec des minots. Quand tu te retournes et qu’ils te regardent, tu n’as plus qu’à prendre tes responsabilités. C’était encore plus vrai pendant le Tournoi des 6 Nations, il y n’y avait que des bébés autour." Une renaissance pour celui qui a vécu tant de galères durant ses deux premières années toulousaines. "Il a été tellement blessé, note Ramos. En travaillant, Sofiane est revenu à son meilleur niveau, ce qui impose le respect. Ça compte et voilà pourquoi il tire l’équipe vers le haut. Il est légitime pour être un cadre. Puis il a 30 ans, le vécu et le recul pour ça."

"Quand Jerome Kaino te dit d’y aller…"

Guitoune n’a pas à se forcer pour mener les siens. "Je le fais naturellement, confirme-t-il. Chez les jeunes, j’ai souvent été capitaine. Puis en se rapprochant du cœur du jeu, au poste de trois-quarts centre, j’ai eu davantage mon mot à dire. Avec les prestations et l’âge, je me suis senti plus crédible. L’adversité, je connais, les échecs aussi. Quand ça va mal, ça me parle. Je sais que je peux aider." Fonction qui dépasse largement le cadre du terrain. "Dans la vie de tous les jours, c’est inné chez lui, explique Ramos. Il est souvent à la base des activités. Sofiane, c’est un patron de vestiaire. Il est parmi ces mecs qui sont toujours à l’écoute, là pour les autres. Même quand il était blessé, il était présent, en train de demander comment ça allait." Jusqu’à, peu à peu, devenir l’un des garants des avant-matchs ou des mi-temps, au cœur d’une intimité parfois si fragile. Quand chaque mot pèse. "Ma prise de parole la plus marquante, c’est la première, à la pause contre le Leinster à domicile, se souvient-il. Dans le cercle où il y avait tous les joueurs, j’ai décidé de m’exprimer, ce que je n’avais jamais fait jusque-là. C’était spontané. Le match était important, on menait de dix points et j’ai dit : "

C’est énorme ce qu’on fait mais, attention, c’est une put… d’équipe en face et des immenses joueurs. Ils vont revenir pied au plancher et on n’a pas le droit de se relâcher. On ne doit pas avoir peur."" Là, Guitoune a changé de dimension. Et par la suite, les papas de l’effectif n’ont cessé de s’appuyer sur lui. Notamment lors des rendez-vous couperet. "Pour le quart de finale au Racing, Jerome Kaino était capitaine pour son premier gros match, détaille Guitoune. Il m’a demandé de prendre le discours car il ne se sentait pas de le faire en intégralité en français et ne voulait pas le faire en anglais. Du coup, on l’a partagé. Il avait préparé quelques mots en français, et j’ai pris la suite. Quand Jerome Kaino, double champion du monde, te dit d’y aller, tu réponds : "OK, d’accord."" Samedi, après avoir distillé ses conseils à bon escient en amont, il a montré la voie sur la pelouse du Matmut Atlantique en inscrivant le premier essai et en offrant le deuxième à Kolbe. Raflant logiquement au passage le titre d’homme du match. Un patron, un vrai.

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