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Toulouse : L’année charnière

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Le Stade toulousain est riche au poste de demi de mêlée où la concurrence est sévère entre les deux internationaux, qui ont finalement souvent été associés à la charnière en cours de match. retour sur ces derniers mois de cohabitation, capitaux dans l’évolution des deux joueurs.

Antoine Dupont était le premier à se jeter sur lui pour le féliciter. Sébastien Bézy venait de plonger dans l’en-but rochelais pour aplatir le deuxième essai toulousain au Matmut Atlantique de Bordeaux. Une joie non feinte du premier, relevant tout de suite son coéquipier, dernier maillon d’une séquence exceptionnelle de 2 minutes 42 pendant laquelle le demi de mêlée remplaçant a touché 17 fois le ballon. Une accolade entre deux concurrents, une communion entre deux hommes sans affinité apparente en-dehors du terrain, forcés de composer l’un avec l’autre depuis l’arrivée de l’ancien Castrais. Une cohabitation n’est jamais facile à appréhender, d’autant plus quand le dernier débarqué fait l’unanimité dès ses premières minutes. Antoine Dupont avait rapidement pris le dessus, à la fin de l’été 2017. Sébastien Bézy, titulaire chez les Bleus un an plus tôt, avait dû apprendre à faire avec, à masquer sa déception. En tout cas, à la canaliser, voyant son nouveau partenaire briller en club et appelé en sélection.

Après s’être croisés contre Agen, Antoine Dupont et Sébastien Bézy se sont congratulés après l’essai du second en demi-finale contre La Rochelle. Photos M. O. - D. P.
Après s’être croisés contre Agen, Antoine Dupont et Sébastien Bézy se sont congratulés après l’essai du second en demi-finale contre La Rochelle. Photos M. O. - D. P.

L’entrée décisive de Sébastien Bézy en demi-finale n’a pu qu’alimenter un débat qui fait rage depuis le début de cette deuxième année de concurrence, ayant pris une autre dimension depuis la grave blessure d’Antoine Dupont lors du Tournoi des 6 Nations 2018. L’aîné avait retrouvé sa place de numéro un, avec l’ambition de démontrer qu’il serait difficile à déloger, qu’il avait encore progressé et qu’il pouvait toujours renverser la hiérarchie. Son début de saison, alors qu’Antoine Dupont poursuivait sa rééducation, était simplement éblouissant. «C’est plus simple quand on joue davantage, lançait Bézy en guise d’évidence. Mais même avec le retour d’Antoine, je vais essayer de continuer à être performant et à aider l’équipe.» 

Lors du retour à la compétition de Dupont, François Cros s’était voulu diplomate tant Bézy avait survolé les débats lors des six premières journées de Top 14 : «Il faudra que le staff gère bien le retour d’Antoine et les bons matchs de Séb mais, si c’est le cas, cela ne peut être que positif pour nous. C’est une richesse d’avoir deux numéros neuf de cette qualité.»

Les nouveaux associés

Cette situation, c’est surtout un casse-tête pour un entraîneur, même si Ugo Mola a défini un plan depuis bien longtemps : «On va chercher à les opposer mais c’est tellement bénéfique d’avoir deux garçons de ce calibre. Surtout qu’avec leurs différences, ils ne se marchent pas sur les pieds dans leur rugby. On aura besoin des deux tout au long de la saison.» Comme à Bordeaux où l’entraîneur principal du Stade toulousain a d’abord voulu s’appuyer sur la puissance de Dupont avant de miser sur la vitesse de Bézy, entré dès la 50e minute de jeu pour porter l’estocade à des Rochelais déboussolés. Un management huilé sur le papier, mais qu’il faut gérer au quotidien. Sébastien Bézy a dû encaisser les nouvelles responsabilités confiées à son concurrent, nommé parmi les vice-capitaines dès l’été dernier alors qu’il était toujours à l’infirmerie, avant de connaître son premier capitanat lors du déplacement à Clermont. Il est tout à fait logique qu’il ait aussi accusé le coup avant le rendez-vous des demi-finales, quand il comprit qu’il n’entrerait pas au Matmut Atlantique avec le numéro 9 dans le dos. Statut de remplaçant jamais facile à vivre. Antoine Dupont est bien placé pour le savoir, lui qui ne cachait pas son mal-être lors de son retour à la compétition. Le staff technique, content des prestations de Bézy et voulant éviter une éventuelle rechute, avait décidé d’intégrer doucement l’ancien Auscitain dans la rotation. Il n’avait guère apprécié : «Je souhaitais reprendre pour la venue de Castres (6e journée, le 29 septembre, N. D. L.R.) mais Ugo n’a pas voulu […] J’étais remplaçant contre Agen (7e journée). Logique. Puis on allait à Bath et j’espérais un turnover pour démarrer. Encore sur le banc mais j’entre à la 50e. Derrière, réception du Leinster… et de nouveau remplaçant ! J’avoue que ça commençait à me peser. Je ne faisais pas de polémique et je n’allais pas me plaindre à l’entraîneur. C’était intérieur. Avec le manque de recul, c’est pénible quand ça fait longtemps qu’on attend et qu’on ne comprend pas pourquoi on n’y revient pas tout de suite.»

Concurrents en club mais aussi en équipe de France où Bézy a encore regardé son partenaire de club enfiler le maillot pendant qu’il ne quittait jamais les tribunes, que ce soit en novembre puis lors du Tournoi des 6 Nations. Pour gérer ses deux ego, Ugo Mola a lui choisi une autre voie : miser sur leur association contre Bath, le Leinster, Perpignan, Toulon et La Rochelle (deux fois).

La plupart du temps, Sébastien Bézy n’a pas remplacé Dupont, ce dernier restant sur le terrain pour évoluer au poste de numéro dix. Ils ne se sont croisés que quatre fois. Lors du match de reprise de l’ancien Castrais face à Agen, puis deux fois contre les Wasps en Coupe d’Europe et enfin à Bordeaux face à l’UBB après une première période cauchemardesque des Rouge et Noir. Sinon, le staff technique a décidé d’opter pour une charnière Bézy-Dupont, insouciante, vive et imprévisible quand elle est constituée en cours de match. En associant des concurrents, cela permet aussi d’équilibrer les temps de jeu puisque, depuis la 7e journée du Top 14, date du retour de Dupont, seulement quarante-six minutes séparent les deux hommes. À l’avantage de Bézy. Alors même s’il ne devrait pas débuter ce samedi au Stade de France, il aura encore un grand rôle à jouer.

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