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Kolbe à contre-emploi

Par ZANARDI Nicolas
  • Thomas Ramos a parfaitement utilisé le jeu au pied dans le dos d’Alivereti Raka pour faire reculer le triangle d’arrières clermontois. Cheslin Kolbe, quant à lui, a été déterminant dans le succès toulousain. Photos Midi Olympique - Patrick Derewiany
    Thomas Ramos a parfaitement utilisé le jeu au pied dans le dos d’Alivereti Raka pour faire reculer le triangle d’arrières clermontois. Cheslin Kolbe, quant à lui, a été déterminant dans le succès toulousain. Photos Midi Olympique - Patrick Derewiany
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On en a assez usé de superlatifs, depuis deux saisons, pour ne pas perdre un temps fou à expliquer quel fantastique joueur est Cheslin Kolbe. Feu-follet doté d’appuis échappant à la gravité, le zébulon sud-africain était logiquement attendu par le grand public comme le facteur X du Stade toulousain, la caution spectacle de la finale. Sauf que la qualité première des très grands joueurs ne consiste pas à faire le spectacle, mais bien à réaliser le geste juste, dans la juste circonstance. Et à ce titre, Cheslin Kolbe a confirmé dans cette soirée du Stade de France que si les Springboks pouvaient continuer à ne le considérer que comme un minuscule arrière, il n’en demeurait pas moins un immense joueur de rugby…

deux "deux contre un" d’école de rugby

Pourquoi ? Tout d’abord parce que c’est bien lui qui offrit à deux reprises ses essais à Yoann Huget. Et pardon, mais pas de n’importe quelle manière. En effet, alors qu’on connaît bien des joueurs (et l’on ne citera pas les noms, par charité…) qui auraient été capables dans les mêmes situations de commettre le pas de trop, le geste technique inutile et, pourquoi pas, la feinte de passe gourmande, Cheslin Kolbe a agi comme un grand de ce jeu, dans un classicisme parfait. C’est-à-dire en accélérant sa course en direction du dernier défenseur pour la redresser au dernier moment, et lâcher de simples passes au poignet, modèles d’épure et de simplicité. Des "deux contre un" en bout de ligne si simplement, si merveilleusement joués qu’ils méritaient à nos yeux bien plus qu’un coup de projecteur. D’autant plus que le second se trouvait à la conclusion d’une merveille d’attaque collective, qui vit tous les trois-quarts du Stade toucher et se transmettre le ballon devant la défense, à moins de 10 mètres de l’en-but (lire par ailleurs). Chapeau aux joueurs et aux coachs, messieurs Mola et Poitrenaud…

Toutefois, au-delà de sa contribution offensive, c’est surtout dans son jeu sans ballon que le Springbok a brillé, dans sa prestation à contre-emploi. Toujours présent sous les ballons hauts malgré sa petite taille (même s’il connut un relatif déchet sous les renvois auvergnats, passant même proche du pire avant de se voir "sauver" par Elstadt), Kolbe a surtout réussi la gageure de se montrer décisif dans ce combat de chiens. En grattant au sol l’avant-dernier ballon d’attaque clermontois, par exemple. Mais surtout, en s’érigeant en symbole absolu de la prestation de son équipe, lorsqu’il plaqua sans ballon Peceli Yato à la 33e minute…

Sa "faute utile" sur Yato, tournant du match

Le concept de "faute intelligente" existe-t-il un mythe ? Vaste débat, qui anime les cafés du commerce aussi bien que les staffs de haut niveau. Reste que Kolbe aura, lors de cette finale, apporté sa pierre au débat. Sa faute ? Elle est indiscutable, et ne provoqua aucune discussion de sa part lorsque M. Garcès brandit à son encontre un carton jaune. "Mais s’il y a carton, je ne comprends pas pourquoi l’arbitre de donne pas essai de pénalité, puisqu’il n’y a plus de défenseur, déplorait le manager auvergnat Franck Azéma. La règle, il me semble, est celle-là. Ça nous aurait fait passer deux points devant, ça aurait été peut-être un autre scénario, mentalement."

Alors, M. Garcès commit-il une erreur sur le coup ? Difficile de se prononcer, sachant que ce dernier n’avait pas vraiment la garantie à 100 % qu’un essai aurait été marqué, d’autant que Fritz Lee avait bel et bien feinté la passe sur Yato (ce qui provoqua d’ailleurs la faute de Kolbe) et ne lui aurait manifestement jamais transmis le ballon… Capillotracté, comme raisonnement, nous rétorqueront les Auvergnats ? Peut-être bien, après tout. Reste que la faute de Kolbe s’avéra finalement bien utile, ses partenaires toulousains ayant le bon goût de n’encaisser que trois points en son absence. Tirez-en la morale qu’il vous plaira… N. Z.

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