Ainsi suent-ils !
C’est en plein épisode caniculaire qu’a débuté officiellement la préparation des Bleus. Un signe du destin, sachant que le staff tricolore a concocté à ses joueurs des stages en bord de mer, destinés à les préparer aux hauts degrés de température qu’ils rencontreront au Japon ? Les plus optimistes le penseront, tandis que les plus réalistes regretteront de voir les Tricolores encore une fois contraints par leurs lacunes à axer davantage leur travail sur le physique sur sur leur fonds de jeu...
C’est dans une ambiance particulière, avec moins de joueurs que de membres du staff technique, que la préparation de la Coupe du monde a débuté ce lundi. Trois jours qui ont permis aux joueurs non concernés par la phase finale du Top 14 (Poirot, Setiano, Gabrillagues, Serin, Fickou, Ollivon, Belleau et Guirado) de se retrouver à Marcoussis, avant d’être rejoints lundi prochain par sept collègues barragistes (Bamba, Willemse, Picamoles, Le Roux, Machenaud, Chat, Lauret), tandis que demi-finalistes et finalistes les rejoindront le 6 juillet. Cela au prix d’un petit arrangement entre amis, qui verra les joueurs à moins de trois semaines de repos se rattraper pendant les périodes "off " de la préparation (27 - 31 juillet, 10 - 13 août, 1er - 3 septembre), et sonnera le "vrai" début de la préparation à 37 joueurs…
Cette préparation ? Hormis quelques passages au CNR, elle se déroulera essentiellement au bord de la mer et au soleil, avec trois stages au Cap d’Ail (18 au 26 juillet), à Valence en Espagne (du 2 au 9 août) puis à Nice du (14 au 22 août). Le but ? Préparer les joueurs dans des conditions les plus proches possible de celles attendues au Japon. Exit donc le traditionnel stage en altitude, dont les spécialistes se disputent depuis des lustres la réalité des mérites. Et place à la chaleur, à la sueur, pour une préparation physique censée faire puiser les Bleus très loin dans leurs ressources, pour permettre à ces derniers d’enfin rivaliser avec leurs adversaires dans les registres du déplacement et de l’intensité… Ainsi suent-ils !
L’obsession des "mètres par minute"
Des notions qui sont l’obsession du futur sélectionneur Fabien Galthié, persuadé que la lenteur et le manque d’intensité du Top 14 ne permettent pas aux Bleus de se situer dans les canons du niveau international lorsqu’il s’agit de soutenir des séquences à haute intensité, à changer de rythme, à se remettre le plus vite possible en jeu après être passés au sol. "L’équipe de France n’arrive pas à tenir l’intensité d’un match international, rabâchait-il à longueur de chroniques dans l’Équipe. Quand l’intensité monte, ils n’ont pas les acquis physiologiques pour rester précis."
D’où sa volonté de faire augmenter durant l’été la capacité des joueurs à soutenir un "ball in play" (ce temps où le ballon voyage sur le terrain) de 110 mètres par minute, de façon à gagner des centièmes dans tous les déplacements sur le terrain, à enchaîner les courses ou chasser les "causes perdues" comme le font si bien tous les adversaires des Bleus. Possible, en un été ? "ça doit l’être, affirmait Galthié en novembre. Pour ça, il faut une préparation physique avec des objectifs, comme enchaîner quatre ou cinq séquences supérieures à trois ou quatre minutes, réaliser une quinzaine d’accélérations où la vitesse dépasse deux mètres par seconde…" Voilà pourquoi, afin de gagner un temps précieux, des joueurs comme Mathieu Bastareaud ou Uini Atonio ont été sacrifiés. Pourquoi également Galthié a tant insisté pour arriver accompagné de Thibault Giroud dans un rôle de "responsable de la préparation physique " du XV de France.
Les Bleus, seule nation à trois matchs de préparation
Le risque ? Il demeure que, comme voilà quatre ans, les Bleus se montrent trop obnubilés par leur travail physique (les wattbikes, vous vous souvenez ?), et en viennent à délaisser le jeu. Alors, bien sûr, on nous rétorquera que les Bleus ont effectué leur première séance de rugby ce mercredi entre 16 heures et 17 h 30 Une preuve que le jeu demeure au centre des préoccupations mais qui ne suffit pas à lever tous les doutes, au contraire…
La preuve ? Elle est que le XV de France ne disputera que trois matchs de préparation (deux contre l’Ecosse, un contre l’Italie), tandis que toutes les autres équipes des 6 Nations en joueront quatre. Une tendance qui s’amplifie, évidemment, lorsqu’il s’agit d’évoquer les nations de l’hémisphère Sud, qui auront le luxe d’une vraie compétition pour se préparer, avec un Rugby Championship "allégé" à trois journées (au terme duquel la majorité des sélections annonceront leurs squads définitifs), suivies d’un dernier match. Les champions du monde néo-zélandais effectueront même en ce qui les concerne un cinquième galop le 7 septembre contre le Tonga à Hamilton, afin d’arriver fin prêts dès le match d’ouverture qui les opposera aux Sud-Africains le 21 septembre à Yokohama…
L’ombre des Pumas
Hasard ou pas, c’est exactement le même jour que les Bleus affronteront l’Argentine, pour un match non moins décisif. Alors, faut-il d’ores et déjà s’inquiéter, sachant que les Français aborderont ce rendez-vous face aux Pumas après trois semaines sans match, une rencontre de préparation en moins, et logiquement beaucoup moins de repères collectifs que leurs adversaires ? Malheureusement, oui… Reste que les Bleus devaient bien débuter leur immense chantier quelque part, et que présenter une capacité de déplacement digne du niveau international constitue un indispensable préalable, avant de songer au jeu. C’est d’ailleurs sur ce registre d’un rugby à haute intensité que les Argentins, dopés par les bons résultats des Jaguares en Super Rugby, chercheront à faire exploser la France lors du match d’ouverture. En espérant que la condition physique des Bleus leur offrira, ce jour-là, d’autres perspectives que celle de courir après le ballon. Fut-ce à la vitesse de 110 mètres par minute.
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