Arbo : « Le pic de forme dès l’Argentine ! »

  • Laurent Arbo
    Laurent Arbo Patrick Derewiany / Midi Olympique
Publié le
Partager :

Les Bleus ont deux mois pour préparer leur "finale", c’est-à-dire le match d’ouverture face aux Pumas, décisif dans la course à la qualification.

Quelle est la différence entre une préparation estivale en sélection et en club ?

Laurent Arbo : On peut penser qu’elles peuvent être semblables pourtant elles sont foncièrement différentes. à peu de chose près, tu possèdes le même temps de travail, mais pas du tout le même but. Le Top 14 est un marathon, alors qu’une Coupe du monde c’est un sprint sur un mois et demi. D’un côté tu vas privilégier un travail de fond, de l’autre d’explosivité et de vitesse. Ce n’est pas la même approche. Et puis en sélection, tu peux demander des quantités de travail plus importantes aux joueurs. Ils sont tous là, parce qu’ils sont les meilleurs. Tu n’as pas ou très peu de joueurs à la traîne physiquement. Les "fat club" existent dans tous les clubs pas forcément en sélection. J’ai souvenir qu’en 2011, quand je programmais des séances supplémentaires facultatives, je n’avais que des volontaires !

En quoi est-elle importante ?

L.A. : C’est là que tu vas créer ton triptyque fondateur pour la compétition. Durant deux mois et en vue du Mondial, comme tu es dans une sélection, tu te dois premièrement de créer un état d’esprit d’équipe, parce que tu vas vivre quatre mois ensemble et le vivre ensemble est important, deuxièmement peaufiner ou mettre en place ton plan de jeu, qui devra forcément être quelque peu différent des dernières compétitions que tu as jouées car avec la vidéo tout est décortiqué. Et enfin, travailler ton physique pour te mettre aux standards d’une rencontre internationale. Selon moi, et je sais que c’est aussi le cas du staff actuel, tu ne peux pas dissocier les trois, ni mettre l’accent plus sur un domaine que sur un autre. Tout est en interaction.

Les joueurs progressent-ils durant cette période et dans quelle proportion ?

L.A. : Vous avez affaire à des joueurs internationaux, qui travaillent déjà très bien dans leurs clubs respectifs. Ils ne vont donc pas doubler leur record de musculation ou de vitesse durant la préparation. Disons qu’en 2011, ils avaient travaillé dans des zones de fatigue qu’ils n’avaient pas encore appréhendées. Tu peux pousser le curseur très loin, mais pas trop loin, car il s’agit de ne pas avoir une cascade de blessés, car deux mois c’est à la fois long et rapide à la fois.

Les Bleus ont choisi de ne jouer que trois matchs amicaux, contre quatre ou cinq pour toutes les autres grosses nations. Pourquoi selon vous ?

L.A. : Je trouve le choix cohérent. Ils vont chercher à obtenir, si j’ai bien compris, un jeu avec beaucoup plus de vitesse. Ils devront chercher à le mettre en place durant les trous matchs de préparation. Compte tenu de leur poule et leur calendrier, le match face à l’Argentine est primordial. Il faudra atteindre son pic de forme dès cette rencontre. Quand tu as beaucoup travaillé ta vitesse, ta nervosité au niveau des phases de course, tu as aussi besoin de fraîcheur physique pour l’exprimer. Trois matchs me semblent un bon compromis.

Est-ce que la phase de préparation perdure pendant la compétition ?

L.A. : En 2011, avec la finale de poule face aux Blacks en troisième rencontre, on avait continué le travail physique pendant les deux premiers. Là je me répète, il faudra être prêt dès le premier match. En revanche, tu vas avoir 24-25 joueurs concernés par les rencontres. Les autres devront se tenir prêt, avoir le bon état d’esprit, ne pas pourrir le groupe. En sport collectif, ceux qui ne jouent pas sont aussi importants que les titulaires dans une aventure comme une Coupe du monde.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (1)
CasimirLeYeti Il y a 4 années Le 03/07/2019 à 20:11

Un belle interview de Laurent "Turbo" Arbo. Le triptyque : esprit de corps, plan de jeu et condition physique est essentiel et peut-être que c'est sur le premier que l'on a trop délaissé que l'on peut le plus progresser...

Pour approfondir