Abonnés

40 ans après, la magie d’auckland

  • La journée a été riche en émotions notamment entre Philippe Dintrans et Daniel Dubroca, puis lors des retrouvailles après 25 ans entre Jean-Michel Aguirre et Jérôme Gallion. Neuf des héros de 1979 ont ensuite participé à la soirée pour la retransmission du match légendaire et ont fait part au public fuxéen de leurs souvenirs.
    La journée a été riche en émotions notamment entre Philippe Dintrans et Daniel Dubroca, puis lors des retrouvailles après 25 ans entre Jean-Michel Aguirre et Jérôme Gallion. Neuf des héros de 1979 ont ensuite participé à la soirée pour la retransmission du match légendaire et ont fait part au public fuxéen de leurs souvenirs. Midi Olympique
Publié le Mis à jour
Partager :

Les héros d’Auckland 1979 ont enfin été réunis, 40 ans après. Ils ont revu, en public, leur propre exploit historique en intégralité. Récit d’une soirée inoubliable.

Personne ne l’avait fait, en quarante ans. Personne n’avait eu l’idée, la persévérance ou la force de réunir les acteurs de l’exploit d’Auckland 79. Jusqu’à ce 1er juillet 2019, dans les locaux du groupe La Dépêche-Midi Olympique, puis au sein du centre culturel de Foix, pour un moment public et magique. Pour les plus jeunes, il faut rappeler que ce jour-là, un XV de France en état de grâce avait battu pour la première fois les All Blacks sur leur terrain, 24-19, alors que personne ne pariait sur eux après un premier test au sort totalement contraire (23-9 pour les Néo-Zélandais) et un match de semaine aux allures de traquenard à Invercargill. Les Bleus étaient en plus décimés par les blessures au point de faire jouer un pilier droit à gauche (Paparemborde) et un pilier-deuxième ligne en numéro 8 (Patrick Salas). Quant au pilier droit, il faisait ses grands débuts face aux meilleurs du monde (Daniel Dubroca). En plus, l’événement s’était produit un 14 juillet, ce qui ajouté un soupçon de patriotisme en plus à ce coup d’éclat inoubliable.
Les quinze titulaires n’étaient pas tous, là évidemment. Robert Paparemborde et Patrick Salas manquaient à l’appel. Ils ont tout les deux rejoint le paradis des rugbymen, en 2001 et en 2017. Mais on en a quand même vu onze débarquer au compte-gouttes, dans nos locaux et dans une certaine intimité. Alain Maleig, Alain Caussade et Jean-Luc Averous en premier. Puis les Dubroca, Haget, Joinel, Codorniou, Aguirre, Dintrans, puis avec un temps de retard, Jérôme Gallion. Retrouvailles émouvantes d’anciens compagnons qui, parfois, ne s’étaient pas vus depuis vingt ans. Ce fut le cas par exemple de Didier Codorniou et de Jérôme Gallion. Destins divers, certains ont eu droit dans la foulée à une énorme carrière, comme Daniel Dubroca ou Philippe Dintrans. D’autres ont totalement coupé avec le rugby, comme Alain Maleig, deuxième ligne d’Oloron. D’autres sont toujours très impliqués comme Jean-Luc Averous, l’une des chevilles ouvrières du projet Valence-Romans, ce club qui vient d’accéder au Pro D2. Francis Haget, deuxième ligne viril et sans pitié, semblait, lui, carrément avoir rajeuni.
Manquaient finalement à l’appel deux joueurs : Patrick Mesny, pris par un stage de musique et évidemment, Jean-Pierre Rives, le capitaine, indisposé, hélas. Il en manquait deux et non pas trois car depuis le bout du monde, Nouméa, un rendez-vous via Skype avait été organisé avec Frédéric Costes, le fameux trois-quarts aile qui sauva le match à la dernière minute. Installé en Nouvelle-Calédonie, il n’avait pu se libérer malgré son désir de revoir ses amis. Ça s’est joué paraît-il, à très peu de choses. Il aurait suffi que l’ancien ailier de Clermont soit prévenu quinze jours plus tôt pour qu’il se lance dans une longue équipée entre le Pacifique et l’Occitanie. Juste pour une soirée de nostalgie. Jérôme Gallion aussi avait des obligations personnelles impérieuses, mais il avait traversé la France en train pour goûter ce moment pendant deux ou trois heures, pas plus : « Même pour une heure, je l’aurais fait. » glissa-t-il avant de reprendre un taxi vers la gare Matabiau.

L’intégralité de la rencontre projetée
Jean-Pierre Rives aussi eu droit à un appel sur son portable, où il transmit son soutien. Jean-Nicolas Baylet, Directeur Général du groupe leur témoigna bien sûr de son admiration, même s’il n’était pas né quand comme l’écrivit un jour Midi Olympique, « le XV de France marcha sur lune ». La conversation bouillonna tout de suite avec des réminiscences de ce rugby démodé par certains côtés, mais si séduisants à d’autres égards. « Il fallait négocier des timbres pour envoyer des cartes postales » expliqua Jean-Luc Averous dans un petit cours d’«amateurisme pour les nuls ». Le pauvre se vit même proposer un salon tout équipé en échange d’une publicité. « Je voulais l’offrir à mes parents. La FFR m’avait autorisé… en me disant que le salon serait pour ses propres locaux. Je n’ai pas donné suite. » Jean-Michel Aguirre, prolixe et cultivé, était le vice-capitaine de cette équipe, son préparateur physique officieux aussi, il était aussi le buteur de service. « Mais j’ai préféré laisser cette fonction en cours de match à Alain Caussade, vous comprendrez pourquoi tout à l’heure… »
Parce que le clou de ces retrouvailles était programmé à Foix. Car c’est Henri Nayrou, ex-rédacteur en chef de Midi Olympique, et président du Conseil Départemental de l’Ariège qui avait organisé cet événement, avec Emmanuel Massicard. Dans la grande salle du centre culturel de l’Estive, était projetée l’intégralité de la rencontre mythique avec les commentaires d’époque de Roger Couderc et de Pierre Albaldéjo.

Des étoiles plein les yeux
Il a fallu acheter le match à l’INA, mais jamais le CD 09 n’aura fait un investissement aussi judicieux. Quand les lumières sont revenues, les 500 spectateurs ont repris leurs esprits avec des étoiles plein les yeux. Ce 24-19 tient encore largement la route, seules les touches très désordonnées ont pris un peu d’âge, et peut-être les ballons perdus dans les regroupements (mais ça n’émouvait pas grand monde à l’époque). Mais les attaques tranchantes des lignes arrière, les départs des avants sont toujours saisissantes. Et le public de Foix réagit à chaque offensive, à chaque occasion d’essai, à chaque essai. En fait, on envia les jeunes joueurs de Pamiers, de Saint-Girons et de Villeneuve-de-Paréage (honorés en début de soirée) de découvrir et d’applaudir aux quatre essais français. Aux plaquages aussi et aux entrées dans les regroupements, plus féroces qu’on ne l’aurait cru. Le match quadragénaire a aussi séduit par son rythme : pas de coaching, peu de mêlées à refaire, de vraies accélérations. « Nous étions en train de développer la notion de vitesse et de soutien permanent de la troisième ligne aux trois quarts » détaillait Aguirre, étincelant de classe et de sûreté, sauf au moment des coups de pied, effectivement. Mais les chaussures, les terrains gras et la texture des ballons rendaient l’exercice bien plus délicat qu’aujourd’hui.
Et puis quelle émotion que de voir des hommes assister au spectacle de leur passé glorieux. Codorniou avait un sacré coup de reins, une technique de passe si ajustée, Joinel passait après-contact aussi bien que les professionnels d’aujourd’hui. Et Rives… Quel engagement colossal! « Après le premier test manqué, on voulait leur mettre le feu. Après six semaines ensemble, nous étions devenus une vraie équipe » commenta Averous. « Ces six semaines nous avaient donné une forme étincelante et nous avions envie de prouver quelque chose » poursuivit Alain Maleig. Daniel Dubroca fit allusion aux derniers entraînements orchestrés par Jean-Pierre Rives qui avaient déclenché la révolte, notamment une séance de folie dans un parc d’Auckland où « pas un brin d’herbe n’a pas été foulé. Tout ça a fait que le jour du match, nous étions allés les chercher, nous n’étions plus les élèves devants les professeurs. »
Le micro arriva au fil des commentaires dans les mains d’Henri Gâtineau, envoyé spécial de Midi Olympique à l’époque. « Merci de m’avoir fait redécouvrir le match, et de l’apprécier bien plus que je ne l’avais fait sur le moment. » Du haut de ses 90 printemps, il a lui aussi revisité sa propre existence et même de l’embellir… 

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?