Abonnés

Crusaders : la dernière croisade

  • Comme un symbole, le capitaine Sam Whitelock a soulevé le trophée avant de rejoindre le Japon après le Mondial. Sevu Reece, la révélation de la saison et meilleur marqueur d’essai du Super Rugby, et David Havili représentent le futur des Crusaders.. Comme un symbole, le capitaine Sam Whitelock a soulevé le trophée avant de rejoindre le Japon après le Mondial. Sevu Reece, la révélation de la saison et meilleur marqueur d’essai du Super Rugby, et David Havili représentent le futur des Crusaders..
    Comme un symbole, le capitaine Sam Whitelock a soulevé le trophée avant de rejoindre le Japon après le Mondial. Sevu Reece, la révélation de la saison et meilleur marqueur d’essai du Super Rugby, et David Havili représentent le futur des Crusaders.. Dave Lintott / Icon Sport
  • La dernière  croisade
    La dernière croisade
  • La dernière  croisade
    La dernière croisade
Publié le
Partager :

Presque vingt ans après leurs prédécesseurs de la fin du siècle, les Crusaders ont achevé face au Jaguares un deuxième triplé historique, qui scelle la fin en grandes pompes d’une génération dorée incarnée par les Kieran Read, Sam Whitelock et Owen Franks.

Il y aura bien une franchise des Crusaders en 2020, pour une dernière saison. C’est en tout cas ce qu’a annoncé début juin le chairman de la Fédération néo-zélandaise Brent Impey, avançant pour cela des raisons purement logistiques, à savoir le contrat passé avec l’équipementier Adidas. N’empêche que c’est bien à une fin de cycle à laquelle il nous fut d’assister samedi du côté de Christchurch, quand bien même le changement de nom et d’identité de la province, provoqué par l’attaque terroriste du 15 mars dernier qui causa 51 morts dans une mosquée de la ville (l’appellation de "Croisés " ayant été dans ce douloureux contexte appelée à disparaître par les supporters et les institutions), ne sera effectif que dans un an…

Car cette finale, la troisième de suite remportée par les Crusaders, avait tout du jubilé pour les "centurions " All Blacks Sam Whitelock, Kieran Read et Owen Franks, qui disputaient leur dernier match sur la pelouse de l’ANZ Stadium avant leur départ pour l’étranger après la Coupe du monde. "Après dix ans de carrière ici, on avait la possibilité d’achever notre aventure sur un succès qui resterait dans l’histoire, admettait le peu loquace pilier Owen Franks. On n’avait pas le droit de manquer cette occasion. Pour nous, mais surtout pour notre ville qui a beaucoup souffert ces dernières années." Une référence, évidemment, au récent attentat autant qu’au gigantesque séisme qui rasa la ville en 2011. Alors, qu’importe que le grand spectacle imaginé par les doux rêveurs n’ait pas eu lieu. La réalité, la seule que retiendra l’histoire, voudra que cette dernière génération des Crusaders a remporté le dixième titre de son histoire et surtout son troisième consécutif, se hissant à la hauteur de la légendaire équipe de Todd Blackadder, Justin Marshall et Andrew Mehrtens…

Trois ans d’invincibilité à domicile

Le spectacle et le rythme ne furent pas au rendez-vous tant les imperfections se sont avérées nombreuses, disiez-vous ? Peut-être bien, après tout. Reste que dans une compétition aussi moderne et avant-gardiste que le Super Rugby (combien de temps avant de voir le Top 14 copier sa dernière invention, à savoir les poteaux qui s’allument à chaque points marqués ?), il apparaît salutaire de constater que les meilleurs demeurent ceux qui savent se montrer les plus propres et les plus déterminés sur les éternels fondamentaux de ce jeu que demeurent l’intelligence (pour ne pas dire le vice), la défense (à l’image des sauvetages sur leur ligne de Havili et Hall puis de Reece sur Moroni) et le combat. "On se doutait que les Argentins chercheraient à tenir le ballon, et il s’agissait pour nous de les étouffer autant que possible pour les frustrer, avouait après la rencontre le numéro 8 Kieran Read. Ce n’était pas la plus spectaculaire des manières, mais c’était le bon plan. "

Portés par une conquête dominatrice et un Todd parfait dans son rôle de poison-pilote (lire ci-contre), les Crusaders ont ainsi su construire patiemment leur succès en faisant la course en tête, jusqu’à pousser les Argentins à se découvrir, et les punir à force de pressing. Ni plus, ni moins que l’éternelle recette qui permet aux Crusaders de conserver depuis trois ans leur invincibilité à domicile. Et surtout la seule que ces derniers pouvaient probablement appliquer, en l’absence du formidable porteur de balle que demeure le deuxième ligne Scott Barrett, et surtout de la plaque tournante Ryan Crotty au milieu du terrain…

Scott Robertson, l’homme des triplés

Alors certes, on pourra toujours gloser sur le manque de panaches des Crusaders, à l’image de cette inutile séquence de cache-ballon jusqu’à la sirène. Mais on peut surtout s’incliner devant la maîtrise et l’application des gars de l’île du Sud, qui porte la marque d’un homme : l’entraîneur Scott Robertson. Sur le terrain lors du triplé de la fin des années 90, l’ancien numéro 8 passé par l’Usap s’est mué en entraîneur à succès, avec trois titres en autant de saisons passées à la tête de la franchise. Et trois séances de breakdance au milieu du terrain, qui tranchent assez singulièrement avec la rigidité presbytérienne du cadre de jeu imposé à ses joueurs, qui l’appliquent à la lettre. Le signe d’un management singulier, à l’image de ce "coup de vice " tenté à la 52e, lorsque les Crusaders firent mine d’aller chercher la touche pour finalement jouer rapidement avec leurs avants, qui portait incontestablement la patte Robertson, en équilibre permanent entre "coolitude " et rage de vaincre. "Ce triplé, ce sont les joueurs qui sont allés le chercher, euphémisait peu après le triomphe celui qui nous confiait "rêver d’entraîner un jour en France" voilà cinq ans, lors de la Coupe du monde des moins de 20 ans en Italie. Moi, je n’ai fait que les accompagner, en essayant de leur donner quelques clés et surtout en veillant à ce que cette équipe garde son identité. "

Mission accomplie… De quoi faire de Scott Robertson, seul homme à avoir réalisé deux triplés en Super Rugby, le favori pour prendre la tête du staff des All Blacks, en cas d’échec de Steve Hansen lors de la prochaine Coupe du monde ? Sans l’ombre d’un doute. Tout comme on ne se fait aucun souci quant à l’avenir international à court terme des Richie Mo’unga, Sevu Reece et autres Jack Goodhue, cette nouvelle vague appelée à prendre le relais des glorieux anciens, partis sur une dernière croisade victorieuse…

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?