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Mauvaka, la folle année

  • Top 14 - Peato Mauvaka (Toulouse) contre Clermont
    Top 14 - Peato Mauvaka (Toulouse) contre Clermont Icon Sport
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Troisième choix au poste de talonneur du stade toulousain jusqu’au dernier tournoi des 6 nations, peato mauvaka a profité des blessures de marchand et ghiraldini pour éclater aux yeux du grand public et aligner des prestations XXL. Jusqu’à rafler le bouclier de brennus avec son club et s’imposer comme l’invité de dernière minute dans le groupe des bleus pour le mondial. ceci quelques mois après la perte brutale d’un père dont il était très proche.

Voilà trois semaines, Peato Mauvaka poursuivait le songe éveillé. Aux alentours de 23 heures, ce samedi 15 juin, le jeune talonneur (22 ans) du Stade toulousain montait les gradins du Stade de France dans les pas de celui dont a pris la relève moins de trois mois plus tôt, son capitaine Julien Marchand, pour aller soulever son premier Brennus. Accomplissement d’une saison forte en émotions et en rebondissements personnels. Lui qui, fin décembre, a brutalement perdu son papa dont il était si proche, empoisonné par un poisson au cœur de sa Nouvelle-Calédonie natale. "Mon rêve, c’est d’être champion de France, nous confiait-il, la gorge nouée, en mai dernier. Ce titre serait dédié à mon père. Il serait tellement fier…" Chose faite et il peut être fier aujourd’hui, comme sa maman Kolopa, qui vit à l’autre bout de la planète mais suit elle aussi de près l’irrésistible ascension du fiston. Comble du destin, à l’instant où l’aïeul Souane-Patita a quitté ce monde, il n’avait été titularisé qu’à une seule reprise en Top 14, le 24 novembre 2018 à Pau. Une semaine jour pour jour après cette tragique disparition, il célébrait sa deuxième présence dans un XV de départ pour sa dixième apparition dans l’élite. Alors qu’entre-temps, il avait effectué l’aller-retour à Nouméa pour assister aux funérailles. Mais voilà, Mauvaka avait insisté auprès de ses entraîneurs pour être aligné d’entrée au Michelin, tel que prévu initialement. "Je voulais rendre hommage à mon père, il aurait voulu que je joue ce match", nous affirmait-il récemment. Ce paternel sans qui rien n’aurait été possible. C’est lui qui, alors que Peato pratiquait le volley-ball en 2011, l’avait fait regarder la Coupe du monde de rugby puis inscrit au club de Dumbéa (dans l’agglomération du Grand Nouméa, N.D.L.R.). Il avait quatorze ans. "J’ai démarré les entraînements et, trois semaines plus tard, j’étais recruté par Toulouse." Histoire incroyable, rendue possible par la visite d’Abraham Tolofua, l’oncle de Christopher-Eric et Selevasio, à sa famille sur place. Ce dernier avait été chargé par Gérard Labbe, le président de l’Association du Stade toulousain, d’en profiter pour repérer de futurs talents. Il a déniché celui qui sera le troisième talonneur du XV de France lors du Mondial au Japon. Issue absolument inimaginable il y a encore six mois, quand Peato Mauvaka n’était que le troisième choix en club à son poste et ne comptait pour uniques faits d’armes que deux Coupes du monde moins de 20 ans, en 2016 et 2017.

La pression ne me touche pas

Le Stadiste a pourtant pris ses quartiers à Marcoussis pour préparer un nouveau sommet de sa courte carrière. "Je ne m’y attendais pas du tout, nous assurait-il quelques jours après la divulgation de la liste des 65 joueurs suivis en vue du Mondial dont il faisait partie début mai. C’est énorme, tout va si vite. Sans les blessures de Julien et Leo, je n’en serais pas là. Depuis que j’ai vu mon nom, je pense au Japon tous les jours." Référence à Marchand et Ghirladini, les deux tauliers toulousains, respectivement fauchés en plein vol avec le XV de France et l’Italie pendant le dernier Tournoi des 6 Nations. Tous deux gravement touchés au genou, ils ont laissé le champ libre à leur successeur. Encore fallait-il l’investir. Car, en raison de plusieurs pépins physiques ces récentes saisons, Mauvaka n’avait pas encore confirmé tous les espoirs placés en lui. Cette fois, il avait une occasion grandeur nature de prouver qu’il pouvait s’imposer au plus haut niveau. "J’ai ressenti pour la première fois la peur de mal faire. On me disait : "Il ne reste que toi." Les coachs m’ont répété qu’ils avaient confiance en moi mais je n’avais pas l’habitude d’être aussi exposé, ce qui est paradoxal car la pression ne me touche pas. On peut m’en mettre, ça ne m’atteint pas." La preuve par les actes : Mauvaka fut colossal lors du quart de finale européen remporté sur le terrain du Racing 92 avant, et malgré la défaite, d’être le meilleur Toulousain lors de la demi-finale au Leinster. C’est d’ailleurs à la suite de ces prestations XXL, face à des cadors nommés Szarzewski, Chat ou Cronin, que l’intéressé a forcément tapé dans l’œil de Jacques Brunel et de son staff. Toujours aussi fiable et impressionnant en phases finales de Top 14, le Néo-Calédonien fut donc l’invité de dernière minute dans le groupe des Bleus, grillant la politesse au Rochelais Pierre Bourgarit, à son aîné Christopher-Eric Tolofua, au Lyonnais Mickaël Ivaldi, au Toulonnais Anthony Etrillard ou au Palois Quentin Lespiaucq-Brettes. Choix dicté par la forme du moment, autant que par le profil du joueur. Rassurant en conquête, Mauvaka est extrêmement actif dans le jeu, ce qui en fait un précieux impact player. Mais, alors qu’il part en troisième position dans la hiérarchie derrière Guilhem Guirado et Camille Chat, le Toulousain a déjà démontré qu’il savait attendre son heure.

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