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Galthié pose ses marques

  • Fabien Galthié et Laurent labit
    Fabien Galthié et Laurent labit Icon Sport
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Pour mesurer l’influence de Fabien Galthié sur le quotidien des bleus, il suffit de regarder leur terrain. On a ainsi pu apercevoir, dessiné sur les pelouses de marcoussis et du stade louis-II, tout un entrelacs de lignes, zones quadrillées et autres piquets. Explication.

Les voyages forment la jeunesse, veut le dicton. Mais ils forment aussi les entraîneurs et à ce titre, celui effectué en 2017 par Fabien Galthié du côté de Bagshot s’est avéré particulièrement instructif… C’est en effet au contact du staff d’Eddie Jones que l’adjoint numéro 1 de Jacques Brunel a entendu parler pour la première fois des notions de "ball in play " et de "mètres parcourus par minute " qui constituent son credo depuis plusieurs saisons. À savoir ces données qui permettent de mesurer la vitesse et l’intensité d’un match, et que les Bleus cherchent désespérément à augmenter lors de leur préparation…

C’est d’ailleurs également à Bagshot, sur le terrain d’entraînement du XV d’Angleterre, que Fabien Galthié a observé pour la première fois de drôles de repères dessinés sur la pelouse. "Aux quatre coins du terrain, il y avait au sol des lignes et des piquets qui définissaient une bande, partant de la ligne d’en-but, de dix mètres de large et vingt-deux mètres de long, écrivait-il dans une de ses chroniques pour le journal l’Équipe. Elle servait à matérialiser la zone dans laquelle les joueurs, en phase d’attaque, devaient déposer le ballon au pied pour créer le danger. Tout cela en disait beaucoup sur la manière dont Eddie Jones et ses troupes conçoivent le jeu au pied : un élément prépondérant du jeu, et pas du jeu défensif. Au contraire, il est une continuité du jeu offensif, une manière de mettre la pression et d’augmenter les fameux " mètres parcourus par minute " pour récupérer le ballon, ou pousser l’adversaire à la faute. " Une leçon que les Bleus ont pu toucher du doigt lors de la correction infligée à Twickenham (44-8), lors du dernier Tournoi, qui permit de mesurer à quel point les Anglais étaient en avance par rapport aux Bleus, comme le fit notamment remarquer pour son plus grand malheur Morgan Parra, sous le coup de l’émotion…

des entraînements inspirés du xv d’angleterre

Le truc ? C’est que sur le fond, le demi de mêlée clermontois n’avait pas tort. Tant s’en faut… Pour preuve, depuis le début de leur préparation, les Bleus ont découvert à Marcoussis les mêmes lignes tracées sur leur pelouse, qui furent également dessinées sur le gazon du stade Louis II. Une méthode que Fabien Galthié avait déjà peaufinée à Toulon, et à laquelle il a depuis lors apporté sa touche personnelle, en délimitant certaines zones du terrain de façon à ce que les joueurs tricolores sachent instantanément comment s’organiser collectivement, si le ballon doit y parvenir. Preuve de son autorité quant au domaine sportif ? À l’évidence… "On a modifié pas mal de choses qui étaient faites depuis deux ans, sur lesquelles Fabien Galthié se veut très précis, expliquait le demi de mêlée Antoine Dupont. Au quotidien, dans les réunions, le patron demeure Jacques Brunel. Mais sur la partie purement technique et tactique, c’est Fabien qui prend la main. "

Une hiérarchie qui prend donc tout son sens sur le terrain, domaine de prédilection de Galthié, et donc dessiné selon ses desiderata. "Fabien a amené ces repères visuels, pour nous permettre d’acquérir certains automatismes, l’objectif étant qu’ils deviennent naturels en situation de match", nous expliquait le centre Wesley Fofana. "Ça nous sert par exemple quand on travaille avec les blocs d’avants au milieu du terrain, pour trouver la bonne position : pas trop profond, pas trop à plat non plus, dissertait l’ouvreur du RCT Anthony Belleau, habitué de la méthode Galthié. Ces petits outils doivent nous permettre de gagner du temps. " "Il y a des repères pour le jeu à la main, mais aussi pour les botteurs, qui désignent les zones à chercher en priorité quand on utilise le jeu au pied à droite, à gauche, précisait de son côté Camille Lopez. Cela nous aide à trouver les bonnes distances et à prendre quelques marques. Plus on les répète, plus ce sera facile de retrouver ces repères sur le terrain. Cela nous permet de travailler plus précisément, d’autant que l’on réalise ces séances à très haute intensité. "

L’objectif des 115 mètres par minute pour le Mondial

Comment ? On en eut bien mieux qu’un aperçu, lors de la séance d’entraînement ouverte au public… Ainsi, après un échauffement déjà conséquent mené tambour battant par Thibault Giroud, les Bleus se sont éreintés lors de six séquences de sept minutes de jeu (42 minutes au total, soit la durée des temps de jeu effectifs prévus pour le prochain Mondial…) avec courses à haute intensité, accélérées par des ballons sans cesse renvoyés sur le terrain par les adjoints, et entrecoupées à chaque fois de deux minutes de pause bienvenues… En clair, du "physique avec ballon " où les joueurs tricolores se voyaient assigner la mission d’atteindre un curseur de déplacement de 110 mètres par minute… Un véritable jeu de massacre (certains joueurs avouant avoir vécu "l’entraînement le plus dur de leur vie ") qui visait à faire travailler les Bleus sur la fatigue, et les pousser dans leurs retranchements. Toujours plus loin… Ainsi, le mardi, les Tricolores ont travaillé sur le même principe, mais sur trois blocs de 7 fois 2 minutes (soit encore 42 minutes effectives), mais avec cette fois l’objectif d’atteindre les 120 mètres par minute. Le but du staff étant d’habituer les Bleus à ces formes d’intensité, de façon à les rendre capables d’encaisser sans broncher en match des séquences à 115/120 mètres par minute lors de la Coupe du monde, soit le seuil qui les voyait systématiquement craquer ces dernières saisons. "Il y a quatre ans, on avait passé davantage de temps sur les wattbikes, souriait le centre Gaël Fickou. C’est vrai qu’on court beaucoup, mais attention : l’objectif, il est d’être bon au rugby, pas à la course… Si on est au point physiquement mais qu’on laisse échapper tous les ballons ou qu’on perd toutes les collisions, ça ne sert à rien. "

Le hic, en effet ? Il est que si les Bleus travaillent depuis trois semaines à atteindre ce fameux repère des 115 mètres par minute afin de rendre leurs entraînements plus exigeants que les matchs, les Anglais travaillent depuis déjà (au moins) trois ans de la sorte, et ont fait de cette habitude une seconde nature… Difficile, en étant un brin cynique ou pragmatique, d’imaginer que le peu de temps de préparation et trois petits matchs amicaux permettront de combler ces manques au point d’incarner une machine aussi bien huilée que le XV de la Rose… Reste que cette "marque Galthié " aura au moins le mérite de préparer les joueurs à ce qui les attend lors des quatre années à venir. Quant au court terme ? En plus de le souhaiter, on le saura très bientôt…

Pour mesurer l’influence de Fabien Galthié sur le quotidien des bleus, il suffit de regarder leur terrain... on a ainsi pu apercevoir, dessiné sur les pelouses de marcoussis et du stade louis-II, tout un entrelacs de lignes, zones quadrillées et autres piquets. Explication. des repères visuels étonnants au premier regard, dont on saisit vraiment l’importance lors des séances d’entraînement à haute intensité exigées par l’adjoint numéro un de jacques brunel, censées permettre au XV de France de combler son retard physique et technique avec les meilleurs… Immersion dans la préparation des Bleus.

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