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Hayman : « Je suis responsable de ce qui m’arrive »

  • Ce mercredi Carl Hayman en compagnie de son ami l’alpiniste Franck Candelier au sommet du Mont-Blanc. Dernière étape de leur préparation de leur expédition himalayenne. Ce mercredi Carl Hayman en compagnie de son ami l’alpiniste Franck Candelier au sommet du Mont-Blanc. Dernière étape de leur préparation de leur expédition himalayenne.
    Ce mercredi Carl Hayman en compagnie de son ami l’alpiniste Franck Candelier au sommet du Mont-Blanc. Dernière étape de leur préparation de leur expédition himalayenne. Carl Hayman
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Écarté de l’entraînement en janvier et condamné à de la prison avec sursis pour violences conjugales en mai, l’emblématique Néo-Zélandais se ressource à travers l’alpinisme. Au lendemain d’une ascension du Mont-blanc, il s’est livré à nous.

Venez-vous vraiment de réussir l’ascension et la descente du Mont Blanc en 24 heures ?

Cela a été dur mais oui. Nous avons eu de la chance, nous sommes tombés sur une très belle fenêtre météo. Les conditions climatiques étaient idéales, la neige excellente. Tout s’est bien passé. Nous sommes partis à 7 heures, nous étions au sommet à 15 h 30 pour un retour à Saint-Gervais vers 21 heures. Bon, je dois dire que mercredi soir, je ne pouvais plus marcher ni parler.

Pourquoi vous êtes-vous lancé ce défi ?

Le Mont Blanc était une étape à franchir pour mon objectif ultime : le Mont Makalu, une montagne de l’Himalaya à la frontière entre la Chine, le Tibet et le Népal qui culmine à 8 463 mètres, ce qui en fait le cinquième plus haut sommet du monde. En 2012, en effectuant le GR 20 en Corse avec quelques joueurs de Toulon, j’ai rencontré Franck Candelier, un alpiniste avec qui j’ai sympathisé. Il me relançait tous les ans pour aller faire un sommet himalayen. Je n’avais ni le temps ni la condition physique. Après mes déboires palois, j’avais besoin d’un but. Franck m’a proposé ce défi. Derrière, il y a aussi une dimension humanitaire. Il est président de l’association Samsara porteurs d’espoir, qui cherche des financements pour la reconstruction de maisons et de logements et des aides pour les plus démunis au Népal. Cela fait six mois que je me prépare. On s’envole le 29 août prochain.

L'emblématique Néo-Zélandais, Carl Hayman, se ressource à travers l'alpinisme
L'emblématique Néo-Zélandais, Carl Hayman, se ressource à travers l'alpinisme Carl Hayman

Êtes-vous prêt ?

Je l’espère. Depuis le printemps, j’ai traversé la Grande-Bretagne à vélo au profit de l’association de l’Écossais Doddie Weir qui se bat contre la maladie de Charcot et je me suis mis à la course à pied. Je randonne énormément en montagne. Et en juin, j’avais réussi le Mont-Blanc du Tacul.

Est-ce une nouvelle passion ?

La montagne ? Non. Quand j’étais un enfant en Nouvelle-Zélande, j’aimais crapahuter dans nos montagnes et dormir dans les refuges avec les copains. J’ai continué tout au long de ma vie de rugbyman, dès que j’en avais la possibilité. Même à plus de 120 kg, je grimpais encore. Quand j’entraînais la Section, dès que j’avais une journée de libre, je filais dans les Pyrénées. Été comme hiver, avec les crampons ou les raquettes !

Que s’est-il passé avec Pau ?

C’est difficile pour moi de donner ma version des faits, car en partant, j’ai signé un document comportant une clause de confidentialité. Ce que je peux dire sur mes deux ans et demi là-bas, c’est que j’ai essayé d’apporter ma pierre à l’édifice dans la construction du club, avec des hauts et aussi des bas, je le reconnais. La dernière année a été une catastrophe au niveau sportif. Dans le rugby professionnel, c’est normal que ce soit les entraîneurs qui trinquent.

Je me suis peut-être trop réfugié dans l’alcool pour faire face aux changements qui avaient lieu dans ma vie…

N’avez-vous pas eu aussi des problèmes extra-sportif qui ont expliqué votre éviction ?

Je suis responsable de ce qui m’arrive. Ma vie familiale était devenue compliquée, pour ne pas dire plus. Psychologiquement, je n’étais pas forcément dans les meilleures dispositions pour être performant comme entraîneur. Mais bon, c’est la vie qui est comme cela, et on doit passer outre.

Pardon d’insister mais n’avez-vous pas eu un problème avec l’alcool ?

Ne vous excusez pas. Il faut mettre des mots sur les problèmes. Oui, je me suis peut-être trop réfugié dans l’alcool pour faire face aux changements qui avaient lieu dans ma vie. Ce n’était pas la bonne solution mais j’étais peut-être fragile. Encore une fois, je ne cherche pas d’excuse, je suis le seul responsable.

Comment l’expliquez-vous ?

Je n’ai pas bien appréhendé ma retraite sportive. Quand j’ai raccroché les crampons à Toulon, ne plus jouer au rugby a laissé un grand vide dans ma vie. Au début, tu es heureux, tu as du temps pour toi et ta famille. Tu n’es plus sur la route tous les week-ends. Mais au bout de six ou huit mois, les sensations des matchs et l’odeur du vestiaire te manquent.

Est-ce la raison pour laquelle vous avez accepté d’être entraîneur à Pau ?

Un petit peu, je dois le reconnaître. Je retrouvais un vestiaire et des coéquipiers que j’avais au RCT. Mais ce n’est pas la même chose. Être entraîneur, c’est difficile. J’ai essayé de transmettre mon vécu mais peut-être que je n’étais pas assez dur avec les joueurs. Surtout, je ne retrouvais pas mes sensations.

Est-ce pour cela que vous vous réfugiez dans le sport à très haute dose ces derniers mois ?

Oui, le défi avec Franck me permet de me vider la tête. Et sûrement de me reconstruire. Après, j’ai toujours fait beaucoup de sport. J’aime le goût de l’effort.

Votre carrière d’entraîneur est-elle terminée ?

Je ne sais pas. Je vais partir deux mois au Népal et après je prendrai le temps de la réflexion. Aujourd’hui, je vis à Toulon, mais peut-être que je vais repartir en Nouvelle-Zélande. Il ne faut pas oublier ses origines. Je me vois bien retrouver ma ferme et mes animaux, tranquille !

Le rugby ne vous manque-t-il pas ?

Pas pour le moment. Je suis encore l’actualité. D’ailleurs, le Mondial au Japon s’annonce terriblement excitant. Il y a quatre ou cinq équipes qui peuvent prétendre remporter la Coupe du monde.

Pour en revenir à Pau, quelques mois après vous, Simon Mannix a lui aussi été évincé de son poste de manager. Ne s’est-il pas trop appuyé sur ses compatriotes dont vous-mêmes, dans son management et son recrutement ?

Je ne sais pas s’il s’agit d’une erreur, mais ce que je sais, c’est qu’il a pris le club en Pro D2 et a tenté de le qualifier pour les phases finales de Top 14. Ce n’est pas passé loin. Moi je ne crois pas qu’il cherchait à recruter forcément des Néo-Zélandais. Il voulait des joueurs pros avec de l’expérience. Je crois qu’Antoine Hastoy a beaucoup appris aux côtés d’un Colin Slade. L’idée était que la génération Lespiaucq-Brettes, Rey, Hastoy ou Daubagna prennent le pouvoir dans les deux ans. Mais bon, les résultats de l’an passé ont été trop mauvais. Simon était énormément investi dans sa mission. Il n’a pas à rougir de ses cinq ans passés à Pau.

Un voyage à but humanitaire

L’association Samsara porteur d’espoir, dont l’ancien rugbyman Carl Hayman est membre d’honneur, a pour but de créer et/ou soutenir des actions en faveur d’enfants, de jeunes, d’adultes et de familles de villages reculés du Népal, afin d’améliorer leurs conditions de vie, notamment en termes d’hébergement, de nutrition, de santé, d’éducation et de formation. Le Néo-Zélandais part avec trois autres personnes pour gravir le Mont Makalu, cinquième sommet le plus haut du monde (8 363 mètres) dans la chaîne de l’Himalaya. Avec cette ascension, Samsara pourra récolter des fonds pour donner du travail aux porteurs de la vallée.

www.samsara-porteursdespoir.com

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