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Brise de Nice

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Certes, tout ne fut pas parfait sur la pelouse de l’Allianz Riviera, face à des Écossais qui plus est volontairement privés de leurs forces vives. N’empêche qu’il aurait fallu être aveugle ou de mauvaise foi pour nier aux Bleus de meilleures dispositions athlétiques, un semblant d’organisation et surtout un véritable appétit collectif. Assez, en tout cas, pour faire souffler un vent d’espoir…

Allez, on ne va pas se mentir : dès l’annonce de la composition écossaise ce mercredi, on se doutait bien que l’adversité opposée au XV de France ne serait pas de tout premier ordre, avec les absences de la bien connue charnière Laidlaw-Russell, mais aussi de cadres comme Kinghorn, Seymour ou Maitland, sans oublier les troisième ligne Watson, Wilson ou Skinner, le deuxième ligne Gray ou les piliers Nel et Dell. Mais, foutredieu, tant pis pour eux si les Écossais avaient décidé de déguiser une équipe réserve sous cette horreur de maillot turquoise ! On en a tellement assez de jouer les pisse-froid et les rabat-joie que pendant un instant, un instant seulement, on veut bien se laisser aller à un brin d’espoir, un éclair d’enthousiasme, un souffle de volupté. Oui, bien sûr, ce n’est pas sur ces 80 minutes que nos Bleus auront révolutionné leur rugby, ni prouvé qu’ils peuvent endosser le statut de favoris dans l’optique de la décisive affiche qui les opposera aux Argentins en ouverture de la compétition, le 21 septembre. Oui, bien sûr, les ballons tombés furent encore nombreux, ainsi que les inévitables balbutiements en touche et autres soucis de timing, fatalement inhérents à un match de préparation, qui plus est après deux mois sans compétition. N’empêche qu’il fallait être sacrément bouché pour ne pas ressentir ce souffle nouveau, cette brise douce et légère, qui exhalait de ces électriques contre-attaques de Médard, ces courses chaloupées de Penaud, ces fulgurances de Dupont ou ces saignantes charges des gros bras Chat, Alldritt et autres Ollivon.

Raka pour un début en fanfare

L’effet Galthié, s’enflammeront certains ? Et pourquoi pas, après tout, et pas seulement parce que les routines d’échauffement ont beaucoup changé par rapport à celles que l’on pouvait encore observer lors du dernier Tournoi… En effet, la transformation physique des joueurs tricolores, délestés de kilos superflus et plus que jamais taillés pour la course, fut patente, quand bien même certains moteurs semblèrent encore logiquement en période de rodage lorsque survint le juge de paix de l’heure de jeu. Mais surtout parce que la meilleure organisation collective des Bleus sauta aux yeux dès la deuxième minute, lorsque ceux-ci surent s’avérer efficaces sur leur point faible des dernières saisons : l’efficacité près des lignes… Il suffit ainsi d’un cadeau écossais sur un premier lancer en touche raté, suivi d’une longue séquence maîtrisée, pour voir Alivereti Raka cingler à l’intérieur de Wesley Fofana pour une merveille de combinaison clermonto-clermontoise, après une bonne croisée de Lopez. Un micro-lancement qui augurait, fatalement, du meilleur pour la suite… Les bonnes dispositions des Tricolores se trouvant validées par une mêlée conquérante (pas toujours récompensée par Nigel Owens, oubliant de siffler un essai de pénalité juste avant la pause), des sorties de camp propres (mention spéciale au demi de mêlée Antpoine Dupont), et plus globalement par une utilisation intéressante du jeu au pied (illustré par ce petit rasant de Lopez récupéré par Fickou, prélude au premier essai de Médard), servi par une défense collective efficace dans le sillage de son nouveau régulateur Wesley Fofana. "On s’attend à ce que ce soit dur physiquement, donc ce sera surtout sur des critères techniques et stratégiques qu’on devra rendre une belle copie" avait prévenu la veille de la rencontre le capitaine Jefferson Poirot. Mission accomplie donc, et pour tout dire au-delà de nos maigres espérances…

Promesses tenues

C’est bête, hein ? Mais à force de se voir échaudés par les promesses sans lendemain, on en avait fini par douter de ces Bleus qui assuraient comme tous les quatre ans "avoir bien travaillé" et sué comme des bœufs durant "la préparation la plus dure de leur vie". La seule réponse qui vaille ne pouvait décemment advenir que du terrain et à ce titre, les Bleus ne se sont pas trahis, à l’image d’une troisième ligne Cros-Ollivon-Alldritt qui n’en finit pas d’aligner les enchaînements et s’avéra aussi séduisante sur le pré qu’elle pouvait l’être sur le papier (Alldritt s’offrant même un essai tout en puissance à la 34e, une poignée de minutes avant de quitter la pelouse sur protocole commotion), ou d’une ligne de trois-quarts enfin touchée par un altruisme de bon aloi, comme sur cette action qui propulsa Maxime Médard dans l’en-but à la 22e minute, au bout d’un surnombre joué sans excès d’individualisme ni faute de goût. Pour tout dire ? Même les gestes manqués par les Tricolores nous soulevèrent même de l’enthousiasme, à l’image de cette antédiluvienne tentative de coup de pied de recentrage bottée par Penaud juste avant la pause, dont le léger manque de précision dans le geste trahit la bonne lecture de la situation…

Enthousiasmant ? Un peu, mon neveu ! Pour tout dire, c’est précisément lorsque le match commençait à sombrer dans le brouillon que les Bleus eurent la bonne idée, juste avant l’heure du coaching, de réaliser leur plus bel enchaînement du match, avec l’épatant François Cros arrivant avec un parfait timing dans le dos de Lopez pour libérer Dupont et Médard, dont la course irrésistible lui offrait un magnifique doublé. Le demi de mêlée tricolore se voyant récompensé de sa prestation remarquablement altruiste à l’heure de jeu, après un service non moins collectif de son ailier Damian Penaud, qui venait de traverser toute la défense au prix d’un magnifique slalom. Trop gros pour être vrai ? On se pinça à plusieurs reprises pour le croire, en craignant - comme trop souvent avec ces Bleus - qu’une mauvaise nouvelle vienne assombrir la soirée. Mais même l’alerte concernant Wesley Fofana (victime d’un tête contre tête) ne suffit pas à doucher cet enthousiasme ambiant, cette brise de Nice qui ne demande désormais plus qu’à se répandre jusqu’aux confins du Japon. Mieux, même l’inévitable baroud d’honneur des Écossais dans le dernier quart d’heure se heurta à la farouche volonté des Bleus de garder leur ligne d’en-but inviolée, une première depuis près de vingt longs mois. La preuve d’un état d’esprit sans faille, qui arracha au timide public niçois, davantage concerné par l’impérieuse nécessité de réussir une ola avant d’abandonner, l’aumône d’une Marseillaise à quelques minutes de la fin. Une réconciliation, vous dites ? En bonne et due forme ! On ne peut dès lors plus qu’espérer que le voyage à Murrayfield la semaine prochaine, dans un contexte autrement plus piquant, ne sera pas de nature à doucher ce joli rêve trop vite. Pas tout de suite. Pas déjà…

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