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Rouen : Une allure à maintenir

Par Guillaume CYPRIEN
  • Thomas Toevalu et les Rouennais ont connu leurs premiers confrontations de Pro D2 avant la reprise du championnat en affrontant, en aller-retour en amical, Vannes.
    Thomas Toevalu et les Rouennais ont connu leurs premiers confrontations de Pro D2 avant la reprise du championnat en affrontant, en aller-retour en amical, Vannes. Photo Bruno Perrel
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Ce club de Rouen est parti de la Fédérale 3 il y a huit ans pour arriver en Pro D2. Sur fond de projet de construction de stade et de rêve de Top 14, son maintien en Pro D2 est nécessaire pour confirmer sa dynamique.

La France du rugby a donc réussi après des dizaines d’années de politiques infructueuses, à étendre son drap au Nord par-delà le continent francilien. Passé les tentatives avortées d’installer un grand club à Strasbourg (dépôt de bilan), à Lille (dépôt de bilan), ou à l’époque à Arras, sous l’influence de l’ancien président lensois Gervais Martel, ce sont les Rouennais qui ont construit la possibilité réelle d’y faire naître et grandir un engouement populaire, à quelques encablures du port du Havre, là où le rugby est entré en France pour la première fois. Cet enracinement sur les racines de l’Histoire, vernis d’une authenticité sépia cette réussite de start-up. Huit années en arrière, ce club partait comme les autres à la dérive d’un trou financier creusé par la vie de la Fédérale 1, trop dépensière pour ces oasis au désert du rugby. Jean-Louis Troletti, le président sauveur, l’avait relancé en Fédérale 3 en l’arrachant des flammes d’un dépôt de bilan. Jean-Louis Louvel, le président mécène, l’a accompagné jusque chez les professionnels de sa réussite insolente.

Son palmarès depuis son arrivée : trois finales et deux titres. Le socle de son édifice : le manager Richard Hill. L’ancien demi de mêlée international anglais, qui dirige la "remontada" depuis la Fédérale 2, dispose devant lui de quatre années de contrat supplémentaires, pour réussir le pari de l’entrée à la bourse du Top 14. Rouen est un ovni grossissant, très rapide et très stable, sur la trajectoire de sa révolution assez parfaite qui l’a rapproché du soleil. Une première grosse zone de turbulence se trouve devant lui. Sa domination sur les championnats domestiques était si forte jusqu’à présent que sa réussite tenait sur quelques victoires en phase finale. Les trente matchs aux couteaux positionnés devant lui le soumettront à la dureté du marathon de cette compétition à rallonge. Et il devra franchir immédiatement l’obstacle traditionnel. Le champion de France de Fédérale 1, qui a repris l’entraînement un mois après les plus studieux de ses nouveaux concurrents, ajoutera à son manque d’expérience une préparation réduite à l’essentiel. «Notre seul objectif est le maintien», clament Richard Hill et Jean-Louis Louvel, qui sentent le danger de l’année charnière. Une rétrogradation en Fédérale 1 réduirait beaucoup l’attractivité de leur success story.

Mermoz, symbole de la réussite et des insuffisances

Alors que la montée en Pro D2 a fait pousser spontanément une cinquantaine de nouveaux partenaires, et certains annoncés pour quelques centaines de milliers d’euros, Jean-Louis Louvel, entrepreneur à succès à la réputation fédératrice, suffisamment populaire pour imaginer sa candidature à la mairie de Rouen, surfe sur une vague dont il ne veut surtout pas tomber. Il a toutes les cartes en main. Il a la réussite, et il a l’image. Propriétaire du journal "Paris-Normandie", dont l’acquisition en 2017 a permis un plan d’exposition du rugby, il avait rameuté par deux fois huit mille personnes au stade Diochon pour les demi-finales d’accession, en produisant quelques pages de communication. Il a l’ambition, et il a des projets. Il veut faire sortir un stade de terre. L’objet est pharaonique en lui-même.

Au plus près, on voit aussi que les efforts produits pour se rapprocher des autres clubs normands ont abouti à la participation de leurs jeunes équipes aux meilleurs championnats de leurs catégories. Alors que cette Ligue normande souffrait d’un manque de structure, une bonne partie ce territoire s’est mis en branle derrière cette locomotive. Son équipe première, qui représente son pouvoir d’émergence, doit impérativement se maintenir, et faire en sorte que l’allure ne faiblisse pas. Des aménagements ont été consentis pour améliorer ses performances.

La nomination auprès des avants de Tom Palmer, l’ancien deuxième ligne international anglais du Stade Français, permettra enfin de disposer d’un spécialiste à ce poste, laissé vacant depuis le départ de Martin Haag il y a des déjà plusieurs mois. Le staff médical et le pôle des préparateurs physiques ont été renforcés. Richard Hill a encore façonné d’une dizaine de roulements cet effectif dont il maîtrise tous les rouages. Là où elle devra gagner ses galons, elle recevra Aurillac comme premier adversaire à Mermoz, dans ce petit stade obsolète, complètement rapiécé à mesure de la réussite croissante, qui dit tout le chemin parcouru en seulement huit années depuis la Fédérale 3, et tout le chemin qui lui reste à parcourir.

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