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Dupont : « L’Argentine va arriver vite »

  • Test match - Antoine Dupont (France) contre l'Italie
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Publié le Mis à jour
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Titulaire lors des trois matchs de préparation, le demi de mêlée du stade toulousain décolle ce samedi pour le Japon avec l’ensemble de la délégation française.

Que ressentez-vous à quelques heures du grand départ pour le Japon ?

Il y a de l’excitation, surtout que nous allons découvrir un autre pays, une autre culture. Je crois que nous sommes nombreux à ne jamais être allés au Japon. Je ne suis même jamais allé en Asie. C’est la première fois qu’une Coupe du monde est organisée là-bas et apparemment elle est très attendue par les Japonais. On sent que ça va être un grand événement.

N’avez-vous pas d’appréhension à partir loin de vos proches pendant autant de temps ?

On s’y prépare depuis plusieurs mois. On a lutté pour être dans la liste pour la préparation et depuis le début de l’été on se projette sur cette compétition. On sait que c’est un sacrifice pendant quatre mois où tu passes très peu de temps chez toi. Mais tu fais tout ça pour vivre une aventure exceptionnelle. Je pense que pour toute chose exceptionnelle il y a des sacrifices à faire. Être loin de chez soi, de ses proches aussi longtemps n’est pas évident mais nous y sommes tous préparés. Ce n’est pas une surprise.

Pendant la préparation, vous étiez focalisés sur les matchs amicaux et la liste définitive. Est-ce que depuis lundi vous arrivez à vous projeter sur le Japon ?

On s’y projette plus car pendant la préparation, nous étions concentrés sur le travail physique et les matchs amicaux. Il existait aussi une compétition à l’intérieur du groupe car tout le monde voulait gagner sa place. Maintenant, on peut vraiment se projeter sur le Japon et le premier match de l’Argentine qui va arriver très vite.

Comment avez-vous vécu la journée de lundi ?

La journée a été longue avec l’annonce de la liste à 20 h 30. Mais on le savait dès le début que des mecs sortiraient du groupe. C’est jamais évident mais c’est un passage obligatoire.

Le contingent toulousain a perdu François Cros. Comment l’avez-vous vécu ?

Nous étions déçus pour tous les joueurs qui n’ont pas été retenus. Pour lui plus particulièrement, car on le connaît plus. On sait qu’il espérait beaucoup de cette préparation. Il savait que les réservistes avaient une chance d’être pris s’ils réalisaient une belle préparation. Ils se sont tous envoyés sans compter et François a fait une bonne prestation. Un choix a été fait. Ce n’est jamais évident car il doit digérer ce choix rapidement pour vite basculer sur les objectifs du club, même si je crois qu’il va avoir quelques congés.

Vous aviez dix ans lors du match d’ouverture contre l’Argentine en 2007, quel souvenir en gardez-vous ?

Je me souviens de la défaite. Mais elle m’avait moins marqué que la victoire face aux Blacks en quarts de finale. C’est mon premier grand souvenir rugbystique. C’était en France, c’était fort. J’étais un peu plus âgé pour la finale en 2011. Cela m’avait rendu triste mais mon premier grand souvenir reste le quart de finale contre les Blacks.

Quels sont les joueurs qui vous ont impressionné en Coupe du monde ?

En 2015, tous les All Blacks ont été impressionnants, même les joueurs en fin de carrière. Je crois que Dan Carter et Ma’a Nonu, qui étaient sur la fin, avaient été les meilleurs de leur équipe. Julian Savea avait aussi réalisé une Coupe du monde extraordinaire. Il s’était malheureusement blessé pour les derniers matchs mais il avait surclassé tout le monde.

En regardant la Coupe du monde 2015, est-ce que vous vous imaginiez au Japon quatre ans plus tard ?

Non (rires). Je n’avais fait qu’une seule saison avec Castres. Je débutais encore chez les professionnels. Je voulais juste avoir un maximum de temps de jeu et je ne pensais pas du tout à l’équipe de France à ce moment-là.

Outre les Toulousains, vous retrouvez Grégory Alldritt dans ce groupe France que vous connaissez très bien. Vous devez être ravi…

Nous étions ensemble en cadets à Auch. Depuis cette époque, nous avons une bande de copains. Nous sommes toujours en contacts et c’est vrai que ça nous fait bizarre de se retrouver dans le contexte de l’équipe de France. C’est forcément étrange, comme avec Anthony Jellonch, que j’ai eu plaisir à retrouver en équipe de France, ou encore Cyril Baille qui est de Lannemezan comme moi. Il a l’âge de mon frère et ils jouaient ensemble chez les jeunes. On se connaît donc depuis très longtemps. On n’aurait jamais parié nous retrouver là, en partance pour le Japon, il y a dix ou quinze ans.

Vous avez enchaîné trois titularisations lors des matchs de préparation. Avez-vous senti que vous preniez plus d’importance dans cette aventure ?

Je ne sais pas si on peut dire ça comme ça. Après, ça fait toujours plaisir d’enchaîner les matchs malgré la rotation. C’est un gage de confiance de la part du staff. Cela me pousse à communiquer un peu plus en dehors du terrain. Ça fait aussi du bien par rapport à mon poste. Quand on est un jeune joueur à un poste clé, c’est toujours dur de s’imposer. Quand on a la confiance, c’est plus facile.

Vous étiez remplaçant lors de la tournée de novembre, puisque vous reveniez d’une longue blessure, puis au début du Tournoi. Est-ce que vous avez réalisé quand même le chemin parcouru ?

Le turn-over est conséquent en équipe de France d’une période internationale à une autre. Donc même si j’ai enchaîné trois matchs, je sais que ça ne veut pas dire que je vais être titulaire pendant longtemps. C’est à moi de me remettre en question en permanence. C’est aussi ça qui nous permet de continuer à être exigeant et de maintenir notre niveau.

Vous avez beaucoup évolué en numéro 10 en fin de saison avec le Stade toulousain, est-ce que cela vous a fait mûrir en tant que demi de mêlée ?

C’est une autre vision du jeu. On dit que ces deux postes se ressemblent mais je trouve que ce n’est pas le cas. En numéro dix, on est reculé par rapport au jeu et cela change totalement la vision. On a une vue d’ensemble et on est totalement commanditaire du jeu. En numéro 9, on a tendance à s’appuyer beaucoup sur son ouvreur. Mais évoluer en dix permet de se rendre compte des exigences du poste et des besoins d’un ouvreur par rapport à son demi de mêlée. Cela permet de mieux appréhender la complicité que ces deux postes exigent. Donc, quand je repasse neuf, j’essaie de faire ce que j’aimerai avoir quand j’évolue en dix (rires). On évite les ballons pourris.

Fabien Galthié est en charge des entraînements. Est-il encore plus exigeant avec les demis de mêlée ?

(rires) Il est exigeant avec tout le monde. Après, nous connaissons tous la carrière de Fabien. Il a disputé quatre Coupes du monde, il connaît le poste, le niveau international et le format de cette compétition. C’est toujours bien de pouvoir s’appuyer sur quelqu’un qui a autant d’expérience et d’autant plus à son poste.

Fabien Galthié avait tenté de vous détourner de Toulouse pour vous faire venir à Toulon lors de sa prise de fonction. Vous étiez une de ses priorités. Est-ce que cela vous met en confiance ?

Je ne sais pas. Je sais qu’il aime bien les numéros neuf qui portent le ballon, qui prennent des initiatives. C’était son profil et il aimait aussi le contact. Je me retrouve là-dedans. Il ne me freine pas dans mon jeu. Il ne me dit pas : "Ne garde pas le ballon et contente-toi de faire des passes." Donc je me retrouve dans son discours même s’il faut faire attention à ne pas tomber dans l’excès.

Vous ne vous dites pas que vous allez débuter face à l’Argentine ?

Le staff voulait essayer différentes combinaisons pendant les trois matchs. C’est difficile de se positionner sur l’équipe type qui affrontera l’Argentine. Après je pense qu’il va falloir nous la communiquer assez tôt pour que l’on puisse travailler dans de bonnes conditions.

C’est effectivement un souhait des joueurs. Pourquoi cette demande ?

C’est mieux pour tout le monde. Après, il est certain que c’est dur quand tu sais que tu ne joues pas dès le début de semaine. Il faut savoir l’accepter et se mettre au service de l’équipe. C’est ce que tout le monde a su faire pendant la préparation et cela a rendu nos semaines de travail meilleures. Quand tout le monde se met au diapason, l’équipe peut bien travailler pour le week-end. C’est important.

Avez-vous discuté des pièges à éviter lors d’une Coupe du monde avec ceux qui en ont déjà disputé ?

Nous en avons beaucoup discuté lors réunions collectives pour que nous comprenions que c’est vraiment une compétition à part. Le format est aussi différent puisque nous allons avoir un trou de dix jours après le match contre l’Argentine avant de jouer deux matchs en quatre jours. Ce sont des choses dont nous n’avons pas l’habitude. Cela existe seulement lors des coupes du monde des moins de 20 ans, mais c’est un autre niveau. Nous avons aussi parlé de la composition de la poule puisque seulement deux équipes se qualifient. Nous avons deux principaux adversaires mais nous avons aussi parlé des deux autres matchs, qui peuvent être des pièges. Ce sont des équipes plus faibles sur le papier mais on a vu, en 2011, qu’une défaite contre les Tonga a failli coûter la place en quart de finale aux Bleus. Il va falloir gérer tout ça et on s’y prépare.

Avez-vous conscience que le premier match face à l’Argentine sera déterminant ?

C’est certain que ça va donner le ton. Si l’on gagne ce premier match, on sera dans de très bonnes conditions pour nous qualifier. On est conscient que ça sera déterminant sur notre parcours pour eux comme pour nous.

Quel bilan faites-vous des trois matchs de préparation ?

Même si nous perdons en Écosse, ces matchs sont globalement positifs. Lors du premier match, même si l’Écosse n’a pas fait une grande prestation, nous avons su être sérieux tout au long de la rencontre. On a su mettre en place ce que nous avons travaillé pendant deux mois. Même lors du dernier match, en double infériorité numérique, on ne s’est pas affolé et nous avons même réussi à marquer des points. Peut-être que ces scénarios-là nous auraient fait défaut il y a peu. Il va falloir capitaliser sur ça et notre défense. Elle a été performante et nous a même fait marquer des essais. Donc on en ressort du positif car nous avons vu des progrès. Mais il va falloir encore aller plus haut en termes de performance car on sait que les Argentins seront prêts.

Sentez-vous un autre état d’esprit au sein de cette équipe par rapport aux derniers mois ?

Il y a eu un petit peu moins de pression car les matchs ne comptaient pas. Mais l’ambiance est bonne et je crois que tout le monde a vu que nous avons travaillé dur pendant l’été. On a peut-être récupéré un peu plus d’enthousiasme de la part des supporters, c’est toujours mieux sur le terrain. À l’intérieur du groupe, une bonne cohésion s’est créée et le fait d’avoir plus de clés sur le terrain nous rassure aussi.

Qu’espérez-vous au Japon ?

J’espère déjà que l’on va sortir des poules. Sinon ça sera une grande déception pour les joueurs, le staff et les supporters. À partir de la phase finale, on sait que tout peut se passer. Sur des matchs secs, dans des contextes particuliers avec beaucoup de pression, tout peut arriver donc il faut aller le plus loin possible, même si c’est con à dire.

Quelles sont les équipes qui vous ont le plus impressionné cet été ?

L’Afrique du Sud a fait un grand Rugby Championship, grâce à des grandes capacités physiques. Avec leur défense, les Springboks ont réussi à faire reculer toutes les équipes qu’ils ont affrontées. Leur puissance a été impressionnante. Ils sont prêts. Dans le Nord, l’Angleterre a montré qu’elle était très en forme. Sa performance face à l’Irlande a été remarquable. Maintenant, c’était un mois avant la compétition donc c’est difficile de savoir comment tout le monde va se comporter un mois après. C’est toute cette gestion physique qui est difficile à prévoir. Mais ces deux équipes ont marqué l’été.

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