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Fujiyoshida, morte plaine

  • La ville de Fujiyoshida avec, en toile de fond, le mont Fuji.
    La ville de Fujiyoshida avec, en toile de fond, le mont Fuji. Mark Esguerra - Mark Esguerra
Publié le Mis à jour
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Installés en lointaine banlieue de Tokyo, au pied du Mont Fuji, les Bleus trouveront une quiétude extrême. Au risque, parfois, d’être morbide...

Il faut bien du temps pour s’extirper des infinis méandres de Tokyo, de ses langues de bitume qui serpentent entre les tours d’affaires d’une proximité étouffante et de son cadre gris bétonné. Il faut du temps pour enfin trouver un peu de cette verdure qu’on imaginait, en atterrissant en terre japonaise.

Une fois exfiltré de la capitale nippone aux 30 millions d’habitants, le calme revient toutefois, soudain et évident. La terre s’élève, en de solides collines qui encadrent l’autoroute vers le sud. Le vert est là, enfin, gâté de cette humidité saisissante qui alourdit l’air chaud du Japon.

Une heure et trente minutes de route plus loin de Tokyo, les premiers panneaux d’autoroute indiquant Fujiyoshida se montrent enfin. C’est ici que les Bleus, en quête de quiétude, on choisit de passer leurs derniers jours de préparation avant la Coupe du monde.

Si le sélectionneur et son encadrement souhaitaient du calme, ils seront servis. Le cadre est superbe, bien sûr. Les Français mèneront leurs derniers chantiers au pied du Mont Fuji, mythique montagne dont la tête est si souvent mangée par les nuages, qui se percent et ruissellent sur ses flancs.

C’était le cas à l’arrivée des Bleus, ce dimanche soir. Un ciel chargé, pluvieux et déjà annonciateur du typhon à venir. Même en cas de clémence, les hommes de Jacques Brunel n’auraient de toute façon rien pu voir : au Japon, la nuit est d’encre noire et s’abat sur le pays dès 18 heures, en cette période de l’année. Les Bleus, qui ont atterri à l’aéroport Haneda en fin de journée, attendront donc ce lundi pour voir de leurs yeux le divin volcan Fuji.

Au pied d’une forêt hantée

Ils en profiteront également pour découvrir le peu d’animation du lieu qui les loge. Si Fujiyoshida est loin du béton tokyoïte, elle est également loin de son agitation. Un centre commercial ouvert mais désert. Une ville sans centre actif, alternant seulement les tours de bétons avec les maisons au style plus traditionnel. Le Mont Fuji, donc, et ses lacs alentour (dont le Kawaguchi, qui donne son nom à la ville voisine Kawaguchiko) attirent encore quelques rares touristes. Mais la saison, placée sous le signe des typhons, n’est pas vraiment propice aux randonnées d’exception.

En d’autres mois, la ville est également connue pour les folies de son grand parc d’attractions, le Fuji-Q. Difficile de le rater, dès l’entrée dans la ville et ses cinq immenses rails de Grand huit qui s’imposent vite à la vue de tous, depuis l’autoroute. Mais là encore, le lieu est désert ou presque. Fujiyoshida, comme toute la province de Kamaguchiko, vit comme endormie, attendant le retour des beaux jours pour celui des touristes et des businessmen de la capitale en retraite, le temps d’une villégiature.

Les Bleus trouveront-ils, dans cette rythmique somnolente, la source de leur rébellion et d’un Mondial aussi surprenant que réussi ? Les augures ne disent rien du terrain, mais ils ne sont pas les meilleurs. Et on leur aurait bien épargné cette dernière anecdote, si elle n’était pas si glaçante : sur les flancs du Mont Fuji qui les accueillent, la forêt Aokigahara trône. Au-delà de sa charmante pinède, elle est surtout réputée au Japon pour être un lieu privilégié par les Tokyoites… Pour les suicides par pendaison. Parfois plus de 300 par an, et plusieurs dans la même journée. La municipalité a fini par y installer ces panneaux, à l’attention des éventuels candidats au suicide et sur lesquels on peut lire : "La vie est un cadeau précieux offert par vos parents. S’il vous plaît, pensez à eux, à votre entourage, à vos amis. Ne gardez pas les choses en vous. Parlez-en." Voilà qui met dans l’ambiance. Morbide.

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