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À la bonne heure toulonnaise

Par Pierrick Ilic-Ruffinatti
  • Après un début de match spectaculaire, les Toulonnais de Bryce Heem ont progressivement perdu leurs moyens.
    Après un début de match spectaculaire, les Toulonnais de Bryce Heem ont progressivement perdu leurs moyens. Julien Poupart - Julien Poupart
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Vaincus lors des deux dernières journées, les Varois devaient absolument relever la tête. C’est chose faite ! Pourtant, après un récital d’une heure, les hommes de Collazo se sont fait (très) peur.

Une semaine après la grande fête de la Provence organisée en amont de Toulon - Lyon, qui n’avait eu de vertu que d’agacer les Lyonnais, les Varois avaient décidé de la jouer plus sobre cette semaine. Et hormis un DJ sur l’avenue des légendes, deux chansons entonnées avant le coup d’envoi, dont la "chanson de Toulon" ("ce beau pays, où poussent les cailloux") et quelques flammes à l’arrivée du bus des joueurs, rien d’extravagant n’avait été mis en place. Pas même une distribution de drapeaux à l’entrée du stade. Au grand dame des quelques 12 124 supporters venus assister à ce match à couteaux tirés. Par superstition ? Peut-être, toujours est-il que le mot d’ordre était simple : pas de fête sans victoire ! Et s’ils s’évertuaient à répéter qu’ils n’avaient pas de pression, joueurs et staff savaient qu’aucun supporter n’accepterait un nouveau faux pas lors de cette 4e journée. L’invincibilité du Racing depuis deux ans et demi contre le RCT ? La quinzaine d’absents ? Les deux matchs consécutifs sans essai ? L’énigmatique tweet* de Mourad Boudjellal ? Qu’importe. Toulon ne pouvait se permettre un deuxième revers consécutive à domicile, synonyme de troisième défaite en quatre journées. "Je pense qu’il ne faut pas se mettre trop de pression", tentait de relativiser Thomas Hoarau ; avant de reprendre, s’ôtant la langue de bois : "On sait qu’il faut gagner à tout prix. Il ne faut pas avoir de pression… Mais il faut gagner et on va gagner."

Le droit à l’erreur n’existait donc pas, en ce dimanche nuageux sur la rade. La recette ? "J’attends de l’enthousiasme. Nous avons été un peu inhibés contre Lyon. Il faut se lever cette pression qui n’a pas lieu d’être. J’ai l’impression qu’ils manquent d’air parfois sur le terrain et j’en manque aussi en les regardant ainsi, prévenait de son côté Patrice Collazo. Il faut qu’ils arrêtent d’être en apnée et qu’ils se lâchent… En résumé, j’attends de l’enthousiasme et de la volonté d’entreprendre." Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le message a été entendu ! Face à de bien faibles Franciliens, les coéquipiers d’un Romain Taofifenua particulièrement à son avantage n’ont eu de cesse de trouver de l’avancée, n’hésitant pas à relancer des ballons de part et d’autre du terrain. Une nouveauté, cette saison. Moins frileux, dîtes-vous ? Et comment ! Dans le sillage d’un Isa étincelant et d’un Belleau (8 sur 8) sur un nuage, les Varois ont récité leur rugby. Mieux, même la conquête, pourtant fébrile depuis deux journées, a fait mal à celle du Racing. Que ce soit en mêlée ou en touche, les Rouge et Noir se sont offerts la possibilité de… mettre de la vitesse. Un mal parfaitement identifié lors des rencontres précédentes, en atteste le t-shirt "No speed, no try" porté par Facundo Isa, vendredi, aux abords du centre d’entraînement de Berg. Annonciateur ? En tout cas dominateurs dans les phases de rucks, les Varois ont pu accélérer. Pourtant, alors que tout roulait et que les supporters osaient se demander comment leur équipe allait réussir à prendre le bonus, tout s’est écroulé.

Jouer à se faire très (très) peur

Après une heure parfaite, où rien ne semblait résister à de très cohérents Toulonnais, la machine s’est enrayée. Perdants tous leurs ballons devant, à nouveau en difficulté en conquête (trois piliers droits utilisés dans la rencontre) et moins souverains au large, les joueurs de Collazo ont dû renfiler leur costume de besogneux. Défendre, défendre, limiter la casse et encore défendre. C’est d’abord le roublard Iribaren qui, d’une pénalité jouée rapidement, permettait à Dupichot (53e) de percer la muraille. De quoi mettre le doute ? Et pire encore ! Puisque la rencontre s’est ensuite transformée en un surprenant attaque-défense, les Racingmen mettant la tête des Varois sous l’eau. Passée la 70e minute, les Franciliens iront deux fois à dame… et plus un seul ongle, dans les travées du stade, ne restait sur les mains des supporters. Fini le "Comment va-t-on aller chercher le bonus ?", la rumeur laissait gronder un unanime "Comment va-t-on faire pour perdre cette rencontre" ? Pourtant, un ultime en-avant francilien sur un plaquage rugueux d’Onambélé libérait tout un stade. Comme par magie, Mayol s’illuminait à nouveau et les sourires se réinstallaient sur les visages des joueurs, conscients qu’ils avaient flanché en fin de rencontre mais avaient enfin (!) trouvé des réponses à leurs questions existentielles, une heure durant… Le RCT est-il sur la bonne voie ? En tout cas la rédemption n’est jamais chose aisée et la fin de match est venu le rappeler.

* "Quoi qu’il se passe dimanche, je suis fier de mes quatorze années à la présidence du club de ma ville."

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