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Composition : L’amour du risque

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  • Virimi Vakatawa (France) est une des surprises du chef.
    Virimi Vakatawa (France) est une des surprises du chef. Icon Sport - Icon Sport
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France - Argentine Pour tout dire, la première composition d’équipe de Jacques Brunel étonne autant qu’elle inquiète. Cette feuille blanche présente-t-elle assez de certitudes ? Et dans le match le plus important de ses quatre dernières années, les risques pris par le staff des Bleus vont-ils vraiment payer ?

Vous n‘allez pas aimer, Jacques. Mais cette première compo, monsieur le sélectionneur, est un bordel sans nom. Vous conviendrez que ce France - Argentine est le match le plus important de ces quatre dernières années. De lui peut accoucher un quart de finale quasi inespéré, une bouée de sauvetage pour un rugby en souffrance ou, au contraire, d’un chaos similaire à celui ayant emporté il y a quatre ans le Goret et son clan. Alors, pourquoi prendre autant de risques ? Pourquoi laisser autant de place à l’improvisation ? On s’explique : à votre demande et celle de Bernard Laporte, le Jaunard Arthur Iturria ne jouait plus deuxième ligne en club depuis des lunes. Franchement ? C’était là une excellente idée, tant son morphotype semble aujourd’hui manquer de densité pour survivre au plus haut niveau, "dans la cage"…

En l’absence du spécialiste Paul Gabrillagues, toujours suspendu, le Clermontois débutera néanmoins ce match en deuxième ligne, aux côtés de Sébastien Vahaamahina. On ne condamne pas, Jacques, on constate juste qu’en face, Guido Petti et Tomas Lavanini, deux bœufs de 120 kg, jouent ensemble depuis que le monde est monde. À propos de ce XV de départ, on a également du mal à comprendre comment Virimi Vakatawa, initialement absent de la liste des 37, puisse aujourd’hui se retrouver au centre du terrain. Wesley Fofana est blessé, dites-vous ? C’est vrai et à ce titre, on en vient à se demander s’il fallait vraiment convier au Japon le trois-quarts centre français le plus talentueux, mais aussi le plus fragile…

En 2003, les limites d’un jeune ouvreur nommé Michalak

Après tout, Sofiane Guitoune, malgré quelques excès condamnables de goinfrerie, avait été plutôt à l’aise contre l’écosse et l’Italie. Il avait "cassé des plaquages", comme vous dites si souvent, devançait le Racingman Vakatawa dans la hiérarchie et, à moins qu’il ne vous ait déçu d’une manière ou d’une autre lors des trois mois de préparation (c’est ça, n’est-ce pas ?), il semblait mériter sa chance aux côtés de Gaël Fickou. De toute évidence, vous avez vos raisons, Jacques. Vous les avez d’ailleurs expliquées en long, en large et en travers au fil de cette semaine qui n’en finissait plus. Mais nom de Dieu, à quoi les trois matchs de préparation joués cet été ont-ils servi si c’est pour partir sur une feuille blanche ou presque, l’instant venu ? Pourquoi les avoir disputés avec un tel sérieux si au final, vous prenez vos décisions sur cet ultime entraînement dirigé, disputé qui plus est face à une équipe "bis" des Yamaha Jubilo comptant en son sein deux espoirs du Stade toulousain ? On ne sait pas. On demande, juste.

Et n’allez pas croire, Jacques, que l’on veuille du mal à Romain Ntamack, titularisé à Tokyo quand les matchs de préparation, toujours eux, laissaient penser que Camille Lopez, au nom d’un certain vécu, était le premier choix dans votre esprit. Ntamack a un talent monstre, un bon pied droit. Il est précis dans les tirs au but et sera, un jour ou l’autre, un très grand joueur. Vous ne nous empêcherez pas de penser que le fils de Milou - quatre titularisations à l’ouverture en Top 14 l’an passé - a aussi de grosses absences en défense et qu’il est impossible que le surprotéiné Pablo Matera ne l’ait pas déjà remarqué. En 2003, Frédéric Michalak n’était pas bien plus vieux (21 ans) lorsque Bernard Laporte en fit son meneur de jeu sur le sol australien. Pour le roi "Fred", cela avait plutôt bien fonctionné au départ. Et puis, au jour où il avait dû jouer un match de la muerte contre l’Angleterre, Jonny Wilkinson l’avait mangé tout cru, ne laissant de la "Michalakmania" qui venait de naître au pays qu’une ébauche, une idée…

Mal barrés, ces Argentins…

Est-on trop conservateur, alors ? A-t-on viré vieux con sans s’en rendre compte ? C’est probablement ce que vous vous direz, Jacques, en lisant ces quelques lignes, si jamais elles parvenaient jusqu’à vous qui ne lisez "jamais la presse". Et vous aurez peut-être raison, après tout. Car on espère, comme vous et quelques millions de Français, que ce joyeux foutoir puisse accoucher d’un miracle, lancer sur de bons rails cette génération jusqu’ici inoffensive et, in fine, nous donner tort. Après tout, il y a toujours plus mal barré que soi et, dans ce choc entre Latins (entre "latins losers", nous soufflait même cette semaine un venimeux confrère…), l’actualité de Mario Ledesma n’est guère plus enviable. Qu’on le veuille ou non, les Pumas - quatrièmes du Mondial 2015 - vivent un enfer depuis la fin de la dernière Coupe du monde et gagnent peu, pour ne pas dire jamais. Rendez-vous compte : l’équipe d’Argentine, onzième nation mondiale derrière le Japon, n’a remporté que cinq de ses trente-cinq derniers matchs et, malgré des progrès évidents, reste une sur une triste série de neuf défaites, dont trois face à des nations de l’hémisphère Nord (l’Irlande, l’écosse et… la France). Au pays, le successeur de Daniel Hourcade est, comme vous l’êtes en vos terres, l’objet de diverses attaques pour avoir tourné le dos à ses meilleurs finisseurs (Santiago Cordero et Juan Imhoff), son plus gros porteur de balle (Facundo Isa), un pilier droit d’honnête facture (Ramiro Herrera) et l’artisan de l’épopée des Jaguares (Gonzalo Quesada). Chacun porte sa croix, on dirait. Mais contrairement à vous, Jacques, Mario Ledesma n’a semble-t-il jamais songé à changer de talonneur, et donc de capitaine, à quinze jours d’une Coupe du monde. Au moment où le XV de France s’apprête à jouer sa vie face à l’Argentine, on ne jurerait pas que vous vous êtes trompé, Jacques. Mais sacrebleu, cette première composition d’équipe nous étonne autant qu’elle nous inquiète…

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