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XV de France : Faut pas gâcher

Par Midi Olympique
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France - États-Unis La victoire face à l’Argentine a mis les Bleus sur des rails pour les quarts de finale. Attention toutefois à ne pas tout gâcher lors des deux matchs à venir, supposés plus faciles.

Dans un premier temps, quelques jours seulement après la victoire inaugurale face à l’Argentine, on s’est dit que les Bleus y étaient. Qu’ils n’avaient plus qu’à attendre tranquillement, un verre de dynamisant à la main dans le hall de leur superbe Nikko hôtel de Kumamoto, que l’Angleterre fasse le travail face à l’Argentine. Que le reste ne serait que fioriture et que, au bout, il y aurait déjà les quarts de finale. Sans même avoir à se soucier de leur propre sort face aux hommes de la Rose, dans dix jours.

Après tout, s’il fut tant dit et écrit qu’une défaite en ouverture face aux Pumas mettrait aux Bleus un pied hors de la compétition, il en va de même pour la réciproque : les Argentins ont désormais un pied dehors. Et les Bleus, un pied franchement dedans.

Le raisonnement logique est une chose dangereuse

Tout ceci, c’est du raisonnement logique. C’est écrit. Et c’est franchement dangereux, quand on parle de sport. Guitoune cingle : "allez demander aux Fidjiens s’ils pensaient être à l’abri de perdre contre l’Uruguay ! Pendant 50 minutes, ils ont fait valser l’Australie et derrière ils perdent contre l’Uruguay. C’est le sport. " En d’autres termes, plus châtiés, Thierry Dusautoir émettait finalement le même message de prudence, il y a deux semaines dans les colonnes de Midi Olympique magazine. "Donner un favori, un pronostic, un résultat logique, c’est une démarche délicate car elle est très analytique. On se base sur la forme du moment, l’analyse du contenu des derniers matchs… Mais le sport, c’est tout sauf ça. Sinon, si le meilleur des derniers matchs gagnait tout le temps, les All Blacks seraient champions à chaque fois. On ne se ferait pas chier à jouer une Coupe du monde. Personne n’irait au stade pour voir un truc sans émotion, où le gagnant est désigné d’avance. Heureusement, ça ne marche pas comme ça." Et ça marche de moins en moins comme ça.

C’est ainsi que les Uruguayens ont renversé les Fidji, auxquels ils rendaient pourtant quinze kilos et deux divisions de talent à chaque poste. Bluffant d’abnégation et de vitesse, les Japonais ont culbuté l’Irlande de son trône de meilleure nation mondiale au classement World rugby. Le cœur a ses raisons que la logique ignore.

Dès lors, l’approche analytique devient définitivement dangereuse, quand on cause de sport. "Ce qui compte, c’est l’investissement sur un match clé" jurait aussi Dusautoir. Et ces Bleus, déjà capables de se faire surprendre par les Fidji ou le Japon dans un passé récent, seraient bien inspirés de maintenir un niveau d’investissement maximal, ce mercredi face aux États-Unis. Qu’importe l’adversaire. Vu leur passif, ils n’ont certainement pas cette marge suffisante pour prendre qui que ce soit de haut.

Lopez : "On n’est personne pour prétendre

qu’on se doit de prendre le bonus"

Le péril existe donc, bien que minime. Le gain, en revanche, peut-être grand. En gérant sérieusement cette double confrontation en une semaine, à commencer par les États-Unis, les Français seront effectivement plus proches que jamais d’un quart de finale que personne ne leur promettait il y a encore deux mois. La quête des points bonus, d’ailleurs, pourrait même le leur assurer. Mais foin de présomption. Camille Lopez calme immédiatement les ardeurs. "Le bonus est un objectif qui viendra éventuellement en cours de match et seulement en cours de match, selon le scénario. Pas avant. La priorité, c’est d’abord de gagner. Personne n’oublie d’où on vient. On n’est personne pour prétendre qu’on se doit de prendre le bonus. On verra comment se passe ce match. L’important, c’est de le construire proprement."

Pour remplir cette mission, le staff des Bleus a choisi d’accélérer les grands mouvements, sans attendre le Tonga. Par rapport à l’équipe qui débuta face à l’Argentine, douze joueurs ont donc disparu de l’équipe de départ. Un treizième, Arthur Iturria, retrouve sa place en 3e après un passage raté en deuxième ligne, comme il le craignait. Cela fait beaucoup, pour espérer conserver une cohésion d’équipe. "On a profité de tous ces moments d’entraînement, cet été, pour faire des essais, trouver des associations, des connivences et voir comment les joueurs eux-mêmes se sentent sur différents postes", explique à ce propos Jean-Baptiste. La question du collectif et des automatismes, pourtant, sera légitimement scrutée ce mercredi. Rien ne remplace les matchs et cette équipe, à la composition expérimentale, ne compte aucun match en commun au moment d’aller faire le boulot face aux Américains.

Ceci n’est pas du foot

Autre péril : le contexte tend le piège de l’individualisme. Après une première sortie victorieuse, le XV de départ des Bleus qui affrontera l’Angleterre, l’autre "grand match" de la poule, ne laisse plus beaucoup de place au changement. Ceux qui voudront s’y immiscer auraient pourtant tout intérêt à ne pas jouer une carte individuelle, cette semaine. D’autant que l’enchaînement de deux matchs en quatre jours laissera à chacun la place de s’exprimer.

Il fera flotter, aussi, au-dessus de la tête des Bleus, l’épée de la blessure. "Jouer deux matchs en quatre jours, cela paraît compliqué. Le rugby n’est pas comme le foot, où les mecs jouent tous les quatre jours. Physiquement, c’est éprouvant", témoigne Médard. "Il y a des contacts. Après les matchs, on est amochés, avec beaucoup de courbatures. C’est un sport de contact, ce qui change beaucoup la donne. Même si le football peut l’être parfois avec des tacles, il y a moins de courbatures que nous après, aux épaules, au dos, à la nuque.", Les Bleus, pourtant, devront enchaîner. Malgré les risques et le discours, paradoxal, de protection des joueurs qui baignent la communication de World rugby depuis quelques années. "C’est bizarre, c’est vrai. Sur le papier, jouer deux fois quatre-vingts minutes, ça paraît effectivement impossible", confirme Camille Lopez, en écho aux propos du préparateur physique Thibault Giroud plus tôt dans la semaine. "Mais bon, ce ne sera plus impossible si on nous demande de le faire. On ne sait jamais, ça peut nous arriver. Autant y être préparé." Au moment des bilans, les Bleus compteront donc leurs points au classement et leur éventuelle avance, dimanche. Ils risquent fort, en même temps, de compter leurs blessés.

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