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L’Angleterre, ce cuirassé

  • Manu Tuilagi et les Anglais ont largement dominé des Argentins très vite réduits à quatorze. Photo Icon Sport
    Manu Tuilagi et les Anglais ont largement dominé des Argentins très vite réduits à quatorze. Photo Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Bien qu’aidé par sa supériorité numérique après le carton rouge donné à Lavanini, le XV de la Rose a impressionné par sa puissance, sa rigueur et sa sérénité dans un combat qui fut pourtant âpre. À tel point que l’on se demande si l’Angleterre possède un point faible…

Le facétieux Eddie Jones compte plus d’une vanne dans son sac quand vient le moment de répondre aux questions qui dérangent. Il nous aura fallu revenir trois fois à la charge pour arracher au sélectionneur une réponse sérieuse concernant l’état de la cheville de son rouleau compresseur Billy Vunipola, sorti à la mi-temps. La première fois, Eddie la Malice s’est contenté de nous dire que le troisième ligne centre des Saracens avait mangé tellement de bœuf de Kobe dans la semaine qu’il avait pris la décision de ne le faire jouer qu’une mi-temps. La deuxième, il a précisé qu’en réalité il avait glissé sur une tranche de bœuf de Kobe. À notre troisième charge, le boss du XV de la Rose a donc enfin craché le morceau : "Billy s’est tordu la cheville. Mais rien de grave." Merci Eddie ! Cette blessure à la cheville du tank des Saracens est le seul nuage que l’on compte dans le ciel du XV de la Rose qui, en décrochant une victoire bonifiée face aux Argentins, est devenue la première équipe de la Coupe du monde à valider sa qualification pour les quarts. À la vue de ce résultat, on ne peut s’empêcher de repenser à cette même Angleterre quatre ans en arrière. Vaincue par le pays de Galles et l’Australie, l’Angleterre avait quitté "son" Mondial par la toute petite porte. Tout au long de la compétition, le leadership de Chris Robshaw avait été remis en question tandis que la moitié du pays s’étripait pour savoir si Sam Burgess était l’homme de la situation ou un simple gros tas de muscles cachant une forêt de problèmes. L’histoire a donné sa réponse…

Depuis, l’Angleterre s’est littéralement transformée. Et elle a un chef, qui se nomme Owen Farrell. Devant, Joe Marler a fait taire tous ceux qui raillaient sa vraie fausse retraite internationale. À droite, Kyle Sinckler est le prototype du pilier droit moderne, aussi fort en mêlée fermée qu’utile dans le jeu courant. Maro Itoje, Tom Curry et Sam Underhill abattent un boulot faramineux sans jamais commettre de faute. Quant à la ligne d’attaque… Ben Youngs est dans la forme de sa vie, tout comme George Ford qui a signé un match cinq étoiles contre l’Argentine. Manu Tuilagi paraît (enfin) discipliné même si son plaquage sur Emiliano Boffelli lui a donné quelques sueurs froides et Jonny May, Elliott Daly, Anthony Watson et Jack Nowell sont rapides comme l’éclair. Non vraiment, on ne voit pas quelle faille trouver dans le cuirassé anglais.

Les Anglais ont aussi évité de tomber dans la facilité après la sortie définitive de Lavanini : "La situation de supériorité numérique est toujours délicate à gérer car l’équipe qui en bénéficie a tendance à relâcher son effort parce qu’elle pense que la victoire est acquise, expliquait Eddie Jones après la rencontre. Je me souviens qu’il y a deux ans, nous avions vaincu l’Argentine à quatorze justement, alors que nous avions été en infériorité pendant presque 70 minutes. C’est ce qui nous est arrivé aujourd’hui et c’est humain. Nous nous sommes un peu relâchés mais j’ai apprécié le fait que l’on se ressaisisse en deuxième mi-temps, et qu’on revienne à un jeu direct, simple, de territoire et pragmatique."

Une "Vunipola dépendance" ?

Si l’on voulait vraiment ergoter, on rappellerait tout de même qu’Owen Farrell a manqué quatre coups de pied en première mi-temps avant de se ressaisir ensuite. On soulignerait aussi que le XV de la Rose ne possède pas de réel remplaçant à Billy Vunipola si ce dernier venait à manquer à l’appel. En deuxième mi-temps, c’est Tom Curry qui le remplaça au pied levé. Le jeune Lewis Ludlam a montré de belles dispositions et il y a aussi Mark Wilson, qui n’était pas dans le groupe. Mais aucun n’arrive à la cheville (même blessée) de Billy Vunipola. Eddie Jones lui, n’est pas inquiet : "Bien sûr que nous préférerions compter sur Billy. Mais s’il n’est pas là, nous avons de nombreux remplaçants de qualité" Et le facétieux manager de conclure sur une boutade, une autre, pour nous laisser entendre que ce groupe nous réserve encore des surprises : "Vous savez, une équipe de rugby c’est comme un sachet de thé. On ne sait jamais à quel point c’est bon avant de l’avoir plongé dans l’eau bouillante !" On espère alors que nos Bleus sauront cuire l’Angleterre à l’étouffée…

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