Les nerfs à vif

  • Les Bleus après leur victoire sur le Tonga
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Publié le Mis à jour
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L'édito d'Emmanuel Massicard... Disons-le tout de go, cette équipe de France a quelque chose d’agaçant. Séduisante, rassérénée et conquérante à l’entame, elle ne parvient pas à durer plus d’une mi-temps. Courte sur pattes, limitée physiquement et mentalement. Comme si l’intermittence était sa raison d’être, elle perd ses moyens et se délite au fil des matchs, recroquevillée sur ses gardes pour éviter d’avoir respiré l’air fétide des défaites qui ont plombé le mandat Brunel avant l’arrivée du pompier Gatlhié.

Les Bleus ont ainsi deux visages. Ils nous offrent un saisissant contraste entre ombre et lumière, de la joie aux doutes et du plaisir à la crise de nerfs. Toujours à vif. Énervant, forcément. Décevant, aussi, de voir les mêmes erreurs produire les mêmes effets. Et constater que le XV de France manque toujours profondément de ce « bulbe » qui lui permettrait de maîtriser son sujet et rester plus longtemps dans son match.

N’empêche, apprécions les faits comme ils se présentent : après les trois premiers matchs des Bleus, le désespoir n’a plus cours et la France gagne à nouveau. Elle reste d’ailleurs sur quatre succès d’affilée, ce qui ne lui était plus arrivé depuis 2015 ! Il y a ainsi de quoi sourire, et se satisfaire des victoires à l’arraché qui ont ouvert aux Bleus les portes des quarts de finale, performance improbable en début d’été tant ils paraissaient en tous points largués et incapables de respecter les plus basiques des principes du haut niveau international. Au moins leurs intermittences ont-elles prouvé le contraire…

Il n’y a encore rien de glorieux, c’est vrai : battre les états-Unis et les Tonga ne relève pas de l’exploit pour qui prétend à figurer dans le Top8 mondial. Ce fut pourtant acquis de haute lutte, sans gloire et en transpirant de grosses gouttes de peur. Qu’importe, croyez-le bien, l’essentiel est acquis avec la qualification.
Pour le reste, permettez-nous d’attendre et de voir, plus tard. Après l’Angleterre puisque l’ultime match de poule comptera pour du beurre ; et même si un « crunch » n’est jamais un match comme les autres.
On verra plus tard, précisément en quarts de finale, face à l’Australie ou le pays de Galles. C’est là que nous jaugerons ces Bleus. Que nous saurons si les atermoiements du premier tour étaient la marque d’une équipe en construction ou, au contraire, les signes d’une formation qui touchait alors ses limites techniques, physiques et tactiques dans la course contre-la-montre qui lui avait été imposée cet été.

à cet instant de l’aventure, le doute est encore permis. À tous les niveaux et c’est bien pour cela que l’agacement perdure, à la hauteur de nos attentes et de nos interrogations. Toutes ces errances qui viennent entacher les cœurs vaillants de la troupe de Guirado, ses excès de générosité, les rares traits de génie individuels et cette flamme collective qui a régulièrement éclairé les débuts tricolores. Jusqu’ici la fin n’a jamais été à la hauteur des promesses de l’aube. Jusqu’ici, le plaisir a toujours eu un goût d’inachevé. Jusqu’ici nous sommes encore très, très loin des meilleurs…
Il faut croire qu’ainsi débarrassés de la chape de plomb qui pesait sur leurs épaules quand ils avaient tout à perdre, les Bleus vont trouver de quoi se libérer pendant tout un match. On n’espère rien d’autre face à la montagne anglaise et, plus sûrement encore, en quarts de finale. Ils auront tout à gagner… 

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