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Dans les coulisses de Yamaha Júbilo

  • Après une interminable séance d’entraînement, les joueurs du Yamaha Júbilo posent fièrement devant leur centre d’entraînement flambant neuf avec le sentiment du devoir (enfin) accompli. Debout en haut à droite, se trouve le pilier Ryo Yamamura. à sa droite avec un ballon en main, le jeune talonneur Toshiya. Le capitaine et deuxième ligne Yuya Odo est à mes côtés, au centre assis en tailleur. à gauche, on remarque qu’un troisième ligne s’est strappé les doigts, une mode lancée par la star de l’équipe en 2015, Ayumu Goromaru, dont le casier était juste à côté du nôtre (photo en haut à droite). à côté, le très prometteur troisième ligne Ryousuke Funahashi s’élève pour capter…
    Après une interminable séance d’entraînement, les joueurs du Yamaha Júbilo posent fièrement devant leur centre d’entraînement flambant neuf avec le sentiment du devoir (enfin) accompli. Debout en haut à droite, se trouve le pilier Ryo Yamamura. à sa droite avec un ballon en main, le jeune talonneur Toshiya. Le capitaine et deuxième ligne Yuya Odo est à mes côtés, au centre assis en tailleur. à gauche, on remarque qu’un troisième ligne s’est strappé les doigts, une mode lancée par la star de l’équipe en 2015, Ayumu Goromaru, dont le casier était juste à côté du nôtre (photo en haut à droite). à côté, le très prometteur troisième ligne Ryousuke Funahashi s’élève pour capter…
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Publié le Mis à jour
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Nous avons eu le privilège, le temps d’une journée, de nous entraîner avec l’une des meilleurs équipes du championnat de Top League, le Yamaha Júbilo basée à Iwata. Une expérience qui nous a permis de comprendre comment, à force de travail et d’abnégation, le rugby japonais forme aujourd’hui ceux qui figurent parmi les meilleurs joueurs du monde. Et aussi d’entrevoir son formidable potentiel, alors que celui n’est pas encore totalement professionnel. Immersion.

Depuis le temps que l’on lisait partout que les rugbymen japonais étaient les forçats de ce sport, on a décidé d’aller le vérifier par nous-même. On a donc quitté l’agitation de la mégapole tokyoïte pour rejoindre la quiétude de la (toute) petite ville côtière d’Iwata, à deux heures de train au sud de Tokyo. à l’échelle du Japon, Iwata et ses 175 000 habitants sont un village. Mais un village mondialement connu puisqu’on trouve ici le siège du géant Yamaha, un gigantesque groupe industriel connu pour ses deux-roues, ses instruments de musique et son matériel électronique. C’est donc ici que toutes les décisions sont prises, de la stratégie mondiale de vente de pianos (son activité principale) jusqu’à la renégociation du contrat de son icône sportive, le sextuple champion du monde de Moto GP Valentino Rossi. C’est aussi ici que l’on trouve l’équipe de rugby de Júbilo. Son nom vous dit certainement quelque chose puisqu’il s’est récemment rapproché du Stade toulousain en vue d’un partenariat et qu’il a mené un entraînement dirigé avec nos Bleus avant France — Argentine.

En ce jeudi matin, j’ai donc rendez-vous de bonne heure avec son manager, Takanobu Horikawa devant un bâtiment situé en périphérie d’Iwata. "Soit à l’heure, c’est très important ici", m’avait-on prévenu. J’arrive donc en avance mais le manager m’attend déjà dans le hall avec quatre de ses joueurs pros et étrangers qui, à ma grande surprise, feuillettent un exemplaire de Midi Olympique. Horikawa me fait une brève visite des lieux : "Ici, c’est le lieu du matin. Il y a la salle de musculation et notre cantine où nos joueurs mangent deux fois par jour. Tu vas commencer par la séance de musculation et cet après-midi, on passera au terrain sur notre autre site." Les lieux sont en effet plutôt vétustes, mais très bien entretenus. En entrant dans la salle de musculation, je constate que celle-ci est étonnamment vide : "Les joueurs amateurs se sont déjà entraînés ce matin de 6 heures à 8 heures, ils sont au travail. Pour offrir plus de confort à nos professionnels, on a décidé de décaler leurs séances à 8 heures du matin", explique "Hori". Le groupe des Yamaha compte 50 joueurs, dont dix étrangers et cinq Japonais professionnels. Parmi les étrangers, le flanker springbok Kwagga Smith, le futur ex-deuxième ligne toulousain Richie Arnold et le deuxième ligne tongien Uwe Helu reviendront au club une fois le Mondial terminé. Parmi les cinq pros japonais on trouve le capitaine et deuxième ligne Yuya Odo, ainsi que des internationaux comme le pilier Ryo Yamamura ou la superstar Ayumu Goromaru, le buteur des Brave Blossoms lors du Mondial 2015. à l’heure où les pros soulèvent leur première barre, les 35 autres pauvres bougres sont, eux, déjà à pied d’œuvre dans les bureaux ou les usines Yamaha.

Ryo : "Je ne supportais plus mon corps de sumo"

"Tu vas faire la séance avec notre pilier Ryo", m’indique Hori en pointant du doigt un colosse qui s’étire à l’autre bout de la salle. à mesure que l’on s’approche, on prend la mesure du bestiau : 1,87 m pour 120 kg. Ryo (prononcez "Lyo" en japonais), c’est un sacré joueur. Il a 38 ans, compte 40 sélections et deux Coupes du monde (2003 et 2007) à son actif mais n’envisage pas encore la retraite. Quand on lui cite l’exemple du doyen du Mondial, le deuxième ligne japonais Luke Thompson en lui disant qu’il aurait très bien pu prétendre à une place dans le squad, le golgoth éclate de rire et corrige : "Non, encore une ou deux saisons et après j‘arrête, promis… Le problème, c’est que je dis ça chaque année !" Ryo a affronté et perdu face au XV de France le 18 octobre 2003, à Townsville (51-29) lors du Mondial australien : "J’étais face à Olivier Milloud ce jour-là… Sacré pilier ce mec ! Il y avait aussi Galthié à la mêlée, Michalak à l’ouverture, Fabien Pelous en deuxième ligne… Quelle équipe. Vous aviez tout de même flippé car il n’y avait que 20 à 16 à la mi-temps. Vous l’avez finalement emporté 51-29" Ryo a aussi joué à Lyon, Toulouse et Bordeaux quatre ans plus tard pour le Mondial en France. Mais son parcours est encore plus fascinant que sa carrière : "J’aurais dû devenir sumo, nous confie le colosse en tenant une position de gainage. Certains disaient même que j’avais un avenir là-dedans. Puis un jour j’ai été approché par le directeur d’une high school qui était très enthousiaste à l’idée de me faire essayer le rugby. à cette époque, je ne supportais plus mon corps, je me trouvais beaucoup trop gros. J’en avais assez de manger sans arrêt. Je me suis dit que le rugby me permettrait au moins de maigrir… Et en fait, j’ai tout de suite adoré. J’ai découvert un sport d’équipe où tout le monde partageait de la joie, et où l’on se faisait des amis. C’était tellement plus drôle que le sumo…" à 38 ans et après 24 saisons, le pilier n’a rien perdu de son enthousiasme. Du matin au soir, il s’entraîne avec un grand sourire vissé au visage et chambre ses partenaires comme un gosse. Entre deux séances, un talonneur nous aborde : "Tu viens de Toulouse ? C’est là où joue mon pote, le talonneur Takeshi Hino ! Il vous a fait sa danse du samouraï ? Ce mec est taré, c’est le meilleur comédien que je connaisse !" à l’autre bout de la salle, le capitaine Odo se livre au concours du maximum de répétitions sous une barre de 100 kg au développé couché. Le deuxième ligne craque à 16 sous les rires et les vannes de ses coéquipiers. Le record de la salle appartient toujours à notre cher Ryo, qui en a fait 33… Une fois la séance terminée, on retrouve Hori qui sort de réunion : "On a un break de deux semaines à partir de demain alors la séance du jour sera légère. Tu as de la chance… ", nous glisse le manager avec un sourire en coin. Là, on se dit que les ennuis commencent…

Greene : "Je ne sais pas comment font les Japonais avec tous ces straps sur les doigts !"

Sur la route qui mène à l’autre site d’entraînement, on discute des relations entre le club de rugby et la compagnie : "C’est simple, notre budget dépend des résultats de la compagnie. Si les chiffres sont bons, on garde notre budget. Sinon, on nous le réduit. En 2009, les compagnies japonaises ont beaucoup souffert de la crise des subprimes aux Etats-Unis. Yamaha avait réduit le budget de moitié… Il y a encore deux ans, le Júbilo comptait encore trois équipes professionnelles : une de foot, une de rugby, une de baseball. Mais les dirigeants ont choisi de supprimer le baseball. Comme c’est le sport numéro un ici, cela demandait trop d’investissements pour être compétitif. Donc quand tu rentreras en France, achètes un piano ou une moto Yamaha et notre club se portera bien !" Pour l’heure, la section rugby de Júbilo n’est pas à plaindre : les joueurs d’Iwata ont terminé premiers de la poule B de Top League l’année dernière et n’ont perdu que de trois points en demi-finale face aux Suntory Sungoliaths, le club de Matt Giteau. "Nous sommes loin d’avoir un gros budget, mais on se qualifie toujours. C’est notre fierté ici", pose Horikawa. Le manager est aussi fier de son nouveau centre d’entraînement flambant neuf qui n’a strictement rien à voir avec les locaux vieillots du matin. Construit il y a deux ans, il est moderne, sophistiqué et fonctionnel. Salle de muscu high-tech qui donne sur le terrain, grand espace kiné, demi-terrain synthétique sous chapiteau pour l’hiver, bureaux du manager et du staff à l’étage avec la salle de vie et la salle vidéo, les installations n’ont rien à envier à un club de Top 14.

L’entraînement est prévu à 14 h 30. Une heure et demie avant, des joueurs sont déjà là pour du stretching. Pour ma part, je suis invité à passer un "scan". Quand je réponds que je ne suis pas blessé, on me précise qu’il ne s’agit pas d’un scanner médical, mais d’un scan postural et physique réalisé sur une plateforme de force (lire encadré). On m’attribue aussi un casier, celui situé juste à côté de l’australien Sam Greene, qui regarde avec un air désespéré son coéquipier et ouvreur japonais qui se recouvre les doigts de strap noir comme le faisait Goromaru lors du Mondial 2015 : "Je ne sais pas comment ils font, sans déconner. J’ai essayé une fois et je n’avais plus aucune sensation de touché de balle. Ils disent que c’est pour l’adhérence mais franchement, je n’adhère pas !" Sam a 25 ans, et fait partie des recrues pour la saison à venir. Il vient de Brisbane et a joué pour les Reds en Super Rugby avant de rejoindre la deuxième équipe de Toyota où il a passé les quatre dernières années : "Tu vas voir, c’est ici que le niveau des joueurs japonais est le plus élevé et homogène. Hormis "Goro", il n’y a pas d’immense star ici, mais le pack de Yamaha est l’un des meilleurs du championnat. Tu vas te régaler. Mais au fait, tu viens de France ? Comment vont mes potes Liam Gill et Cameron McIntyre ?"

Et dire qu’ils ne sont pas tous professionnels…

à 14 heures précises, tout le monde a rendez-vous en salle de réunion pour expliquer les objectifs de l’entraînement. Aux regards que je croise, je sens que ma présence étonne, à commencer par Ayumu Goromaru. Horikawa m’invite donc à me présenter. Exceptionnellement, les entraîneurs adjoints sont chargés de faire un sketch en cet entraînement de "pré-break" : ils ont chacun préparé un powerpoint illustrant le XV de départ des Yamaha en mélangeant les positions de chacun : le pilier Ryo se retrouve à l’arrière, Goromaru monte en deuxième ligne tandis que je prends place sur le banc des remplaçants ce qui déclenche l’hilarité générale. À 14 h 29, tout le monde quitte la salle, direction le terrain. Goromaru s’approche et me prête une paire de crampons dernier cri, avec des inserts en plastique sur le côté pour donner de l’effet quand on frappe la balle : "Tu peux les garder Frenchy, il en a cinquante paires dans son casier !" lui lance le centre néo-zélandais Viliami Tahitua pour le chambrer.

Et nous voilà partis pour la séance dite "légère"… Laquelle va durer tout de même plus de quatre heures. Après un échauffement d’une bonne quarantaine de minutes, le groupe se sépare en trois ateliers : technique de plaquage, 6 contre 5 à toucher et déblayage. Puis vinrent d’autres ateliers. Et encore d’autres ateliers. Et ainsi de suite, pendant presque deux heure et demi : situations de plaquage à deux, montées défensives, contests au sol, attaque-défense, attitudes au contact… Le tout réalisé à un rythme élevé et chronométré, y compris le passage à la gourde. Les joueurs courent d’atelier en atelier, le dernier devant s’acquitter de dix pompes… Résultat, on court tout le temps ! Le rythme est très soutenu. Arrivé à l’atelier touché à 6 contre 5, j’ai l’impression que mon cœur va exploser. L’ouvreur australien Greene le voit et décale Goromaru que je ne peux atteindre. "Come on Saaaaaamooooon !" De l’autre côté du terrain, Ryo voit que je suis à l’agonie et m’encourage. "Defense Frenchy, defense !" hurle l’entraîneur en chef Horikawa. Malgré la fatigue et l’intensité, la communication entre les joueurs est excellente. Les joueurs s’encouragent, se relèvent tous les uns les autres. Je n’ai pas vu un seul geste d’agacement, un semblant de protestation ou un début de traînage de pied. Les joueurs se livrent à 100 %, avec sérieux, du début à la fin. Le rêve absolu pour n’importe quel entraîneur. Et quand on s’étonne de la durée de ce qui devait être un entraînement "prévacances" auprès du manager Horikawa ce dernier nous répond ceci : "Et encore, on n’a pas fait de physique. Ni de travail sous les ballons hauts, ni les passes après contact…"

Place maintenant au travail spécifique avant-trois-quarts. Je rejoins les avants et l’équipe réserve qui va enchaîner pendant une bonne demi-heure des mêlées contre le pack de l’équipe première, avant de passer aux touches. L’équipe ensuite se retrouve au complet pour terminer la séance par du rugby total, afin de réviser les lancements, les relances du fond de terrain et le replacement offensif. Il est donc 18 h 30 quand Takanobu Horikawa siffle la fin "officielle" de la séance. Mais ça, c’est avant que certains joueurs du pack ne demandent un atelier de plus sur les contests dans les rucks… Et que les trois-quarts ne leur emboîtent le pas avec un atelier de passe sur un pas, qu’Horikawa met aussitôt en place. Une demi-heure après, les forçats de Yamaha estiment (enfin) en avoir fait assez pour aujourd’hui… à l’exception de Toshiya, 22 ans, le petit talonneur "rookie" (jeune issu de l’académie et intégré pour la première année avec les pros) qui a encore enchaîné les lancers assis sur un swiss ball et visant l’un des deux poteaux pendant encore 40 minutes… Comme 35 autres joueurs du groupe, Toshiya n’est pas professionnel. à ce sujet, on interroge sur le chemin des vestiaires Eishin, un jeune deuxième ligne de 24 ans qui se trouve dans la même situation : "Oui, moi aussi je rêve de devenir professionnel. Ce n’est pas facile tous les jours pour nous les amateurs. Parfois, on doit repartir au boulot le soir après l’entraînement du soir alors que l’on a commencé à 6 heures du matin. Mais je ne me sens pas fatigué ou démotivé. Au boulot, on est très valorisés par nos collègues qui viennent toujours nous soutenir aux matchs. Ils sont fiers de nous. On se sent un peu comme la vitrine de l’entreprise. Et puis il n’y a pas de grande différence de traitement entre les pros et les amateurs au sein du club, donc on ne se sent pas dévalorisés par rapport aux autres. Tout le monde est égal ici."

Au moment de quitter (éreinté) Eishin et ses fiers coéquipiers de Yamaha, des propos entendus pendant le Mondial nous reviennent en tête : ceux de l’ailier namibien Janry du Toit qui, malgré la large défaite concédée face à la Nouvelle-Zélande (71-9) se disait fier d’avoir vu son équipe de rugbymen amateurs faire douter la meilleure équipe du monde pendant une bonne demi-heure : "Vous voyez ce que l’on arrive à faire alors que l’on s’entraîne tous les jours de 4 heures à 6 heures du matin et de 6 heures à 8 heures les soirs ? Imaginez ce que cela pourrait donner si l’on arrivait à créer un championnat professionnel en Namibie… On aurait plus qu’à manger rugby, respirer rugby et dormir rugby" Eishin et ses 34 coéquipiers sont dans la même situation. Sauf que sa sélection nationale, elle, est en passe de se qualifier pour la phase finale du Mondial. Imaginez donc de quels progrès faramineux le rugby japonais est-il encore capable s’il parvient à se doter d’un championnat professionnel ? à ce moment-là, on se dit que notre rugby français et son système schizophrénique FFR/LNR a du souci à se faire…

Avant l’entraînement, l’analyste de la performance chez les Júbilo, Eiyu Yamaguchi, a tenu à nous faire monter sur une drôle de machine : une plateforme de force. Ces engins, qui ressemblent à une simple plaque de métal posée au sol sont souvent utilisés dans les études de recherche et les études cliniques pour l’observation de l’équilibre, de la marche et de la performance sportive. Ici, Yamaguchi l’utilise avec le logiciel Sparta Science (une start-up basée dans la Silicon Valley) qui évalue la performance mais détecte et prévient les blessures. Après avoir passé trois tests (un d’équilibre, un de gainage et enfin une série de six sauts pieds joints), le logiciel croise les données avec celles de plus de 9 000 athlètes de haut niveau issus de toutes disciplines et donne un score sur cent, ainsi qu’un indicateur sur la probabilité de blessure sur les zones concernées (genou, cheville, épaule, etc.). De cette évaluation, Yamaguchi peut ainsi aiguiller le travail des préparateurs physiques, qui établiront des programmes adaptés. Les joueurs sont ainsi "scannés" tous les dix jours. Sparta Science travaille avec plusieurs équipes de la NFL, et prétend faire économiser à chacune une dizaine de millions de dollars par saison en évitant aux équipes de recruter des joueurs supplémentaires pour compenser l’absence des blessés.

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