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Féderale 3 : un dimanche au sifflet

Par Sébastien Fiatte
  • L’arbitre, Mélissa Leboeuf, avec les capitaines du Teil (à gauche) et d’Aix-les-Bains. Photo S. F.
    L’arbitre, Mélissa Leboeuf, avec les capitaines du Teil (à gauche) et d’Aix-les-Bains. Photo S. F.
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Depuis le début de saison, Mélissa Leboeuf, qui sera la cinquième arbitre de France - Angleterre samedi prochain à Clermont, arbitre en Fédérale 3. Nous l’avons suivi dimanche 27 octobre, lors du match entre Le Teil et Aix-les-Bains.

Sous un soleil de plomb et sous un ciel sans vent, un match presque comme un autre s’est joué entre Le Teil et Aix-les-Bains il y a huit jours. Ce jour-là, il n’y avait pas un « Monsieur l’arbitre», mais une «Madame l’arbitre». Le fait est encore rare dans le rugby. Le staff local lança d’ailleurs plusieurs « Monsieur l’Arbitre » pour saluer ces décisions. Les habitudes ont la vie dure… Promue arbitre fédéral à l’intersaison, Mélissa Leboeuf, qui est au sifflet depuis 2013, est la huitième arbitre féminine classée au niveau fédéral. Formée à Dijon, chez les Gazelles, puis joueuse au Lou, avec qui elle a décroché deux titres de championne de France - Fédérale 1 en 2013, Élite 2 au printemps dernier - elle a définitivement raccroché les crampons après la finale. « Si je veux évoluer dans l’arbitrage, je devais m’y consacrer pleinement », explique la jeune femme (29 ans), au volant de sa voiture sur l’autoroute du soleil. Entre la préparation physique, les débriefings avec son coach, Kevin Alcali, les entretiens avec un préparateur mental, les cours d’anglais, et les retours vidéos, c’est quinze heures de travail par semaine. « J’ai la chance de bien connaître Kevin, il est très compréhensif », explique la jeune maman, qui arbitre trois week-ends sur quatre, pour passer le quatrième avec sa fille de 4 ans.

Son compagnon, Rémy de L’Isle (30 ans), médecin, est lui aussi très compréhensif. Lauréat du jeune arbitre en 2011, le médecin arbitrait encore la saison dernière en Fédérale 1, avant de mettre un terme à sa carrière. Au stade Émile-Deidier, l’effet de surprise est garanti. On demanda à votre serviteur, pourtant plus à l’aise avec un stylo qu’avec un sifflet, s’il venait arbitrer, avant de suggérer que Mélissa était l’arbitre du match entre les réserves. « On me pose la question à chaque fois ! » s’amuse l’ancienne troisième ligne, qui se départit rarement de son sourire.

Dix à onze kilomètres de course

Du côté des dirigeants, l’accueil est favorable. « Ce n’est pas courant, reconnaît le coprésident d’Aix, Laurent Vialettes. Ça ne peut faire que du bien dans un milieu macho.» Après le repas, l’arbitre file aux vestiaires pour se préparer. Enfin, c’est le coup d’envoi. Entre deux équipes joueuses, le spectacle est plaisant. Du côté de l’arbitrage, pas grand-chose à signaler : un carton blanc et un carton jaune - mérités - de chaque côté, 21 pénalités au final (dont 6 pour double plaquage) et une ou deux bordées de sifflet descendues des tribunes pour des échanges rugueux au tournant de l’heure de jeu. Au final, l’arbitre a couru entre dix et onze kilomètres, contre huit habituellement. À la réception, elle revient sur le match avec les coachs. « Tant que c’est constructif, je ne refuse jamais la discussion », souffle-t-elle, consciente des frustrations engendrées par les décisions d’un arbitre. CRT du Rhône pendant deux saisons, elle connaît nombre de techniciens. « Mais l’arbitrage n’aide pas à se faire ou à garder des amis », regrette-t-elle. Pas de soucis ce jour-là. « Elle a mieux tenu la rencontre que beaucoup de ses collègues masculins», juge l’un des coachs du Teil, Tony Laronce. Pour l’Aixois, Jérôme Merand, la question ne se pose même pas. « Si la Fédération l’a désignée, c’est qu’elle a les compétences pour arbitrer à ce niveau.» C’est enfin l’heure du retour sur l’agglomération. Il lui tarde de rentrer et de voir sa fille. Entre son déménagement, l’organisation de stages performance - son activité professionnelle - la semaine précédente le voyage en Ardèche, elle ne l’a pas beaucoup vu ces derniers jours.

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