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Pour l’exemple

  • Alex Goode (Saracens)
    Alex Goode (Saracens) PA Images / Icon Sport - PA Images / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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L'édito de Léo Faure... Les Saracens ont chargé. Franchement chargé, même. Au regard de leurs 35 points de sanctions au classement, bien plus encore que les 6 millions d’euros d’amende infligés à un portefeuille garni, la sanction de 5 points dont avait écopé le CS Bourgoin-Jallieu en janvier 2011 est une caresse. Elle a pourtant coûté le maintien au plus charmant de nos clubs.

Les "Sarries" sont autrement armés qu’un CSBJ, de toute façon, en difficultés sportives. Mais on peut bien compter — et de loin — l’effectif le plus fourni d’Europe, la saignée qu’ils subissent est une sérieuse mise en péril. D’autant plus une année de Coupe du monde où une dizaine de joueurs cadres, plombés par la défaite en finale du XV de la Rose, devront sans attendre relever la tête et le gant. Il n’est plus question de réussir la fin de saison avec, si possible, un ou deux nouveaux titres. Il est désormais question de sauver le club d’une relégation qui signerait sa fin de règne immédiate.

Faut-il s’émouvoir d’un tel sort, réservé à une équipe majeure de son continent ? Certainement pas. Nos amis d’outre-Manche peuvent bien être accusés de toutes les magouilles du monde, ils ont ici frappé fort. C’est tant mieux. Ignorant jusqu’à l’imposante stature de la cible et les éventuelles répercussions, à court terme, sur leur propre rugby, les Anglais ont justement réfléchi à moyen terme.

En abattant leur totem, ils ont fait un exemple. Et passé ce message : l’intérêt du rugby anglais est supérieur à celui de chaque club, aussi puissant et influent soit-il. L’intérêt de leur rugby, comme le nôtre, c’est une compétition ouverte, régulée, où chacun trouve sa place. C’est ici que le salary cap trouve sa pleine justification.

L’idée même d’un salary cap n’est certainement pas parfaite. Elle déplaît chez nous aussi aux plus libéraux, qui y dénoncent une atteinte aux libertés les plus élémentaires d’entreprendre. Elle est pourtant vitale à la survie d’un sport, entreprise pas comme les autres, qui ne peut décemment pas se jouer à la seule épaisseur du portefeuille d’un propriétaire.

Ce sont les géniteurs et grands porteurs du libéralisme en étendard qui nous l’apprennent : aux USA, le sport obéit aussi à cette philosophie de contrôle des finances et de ses flux. Le salary cap y est même autrement plus dur et coercitif. En NBA, par exemple. Sans que le spectacle en pâtisse, c’est le moins qu’on puisse dire.

L’exemple doit être ici, pour le rugby français. En Angleterre et aux USA, qui n’accordent plus de passe-droit même aux plus puissants des décideurs. Pour un jeu équilibré et sain, pour un rugby qui préserve son âme et se joue encore sur le terrain plutôt qu’en coulisses, l’équité de tous face aux règles est une nécessité absolue. Et les sanctions devront être en France aussi, dès demain, exemplaires, quand elles sont aujourd’hui contestées, combattues et finalement minorées.

C’est l’essence du sport, donc son incertitude, qui est en jeu. La logique de phases finales y veille. Le salary cap aussi, qui doit nous éviter une fuite en avant financière et l’écueil d’une super-puissance qui flingue le suspense et écrase sa concurrence. Façon PSG. Ou Saracens. Une vision un rien glaçante.

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