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La grande cause

Par MASSICARD Emmanuel
  • Fabien Galthié, sélectionneur du XV de France.
    Fabien Galthié, sélectionneur du XV de France. Icon Sport
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L'édito d'Emmanuel Massicard... Le Top 14 a repris ses droits ce week-end, fidèle à lui-même : brillant tel un Stade toulousain réanimé par ses internationaux, rayonnant tel un Lou en chasse ; longtemps soporifique ailleurs, malgré le suspens final qui présida du côté de Toulon, Bayonne ou Castres pour nous laisser l’impression d’avoir vécu là des sommets.

Croyez-nous, personne n’est dupe : si ces matchs ont fait honneur aux valeurs ancestrales du championnat (combat, solidarité, instinct de survie…), ils sont loin d’être des chefs-d’œuvre rugbystiques. Les frimas de l’hiver venus ont figé les joueurs dans des principes situés aux antipodes des standards internationaux, même si les Springboks ont construit leur troisième sacre mondial sur des fondamentaux que ne renierait pas le Top 14.

Pour autant, n’en doutez pas, le rugby français a bel et bien changé de dimension. Depuis huit jours, il est censé avoir basculé vers son plus grand défi : 2023. Promis, dans quatre ans la Coupe du monde est à nous ! Voilà le genre de défi qui amènerait Sébastien Chabal à jurer, main sur le cœur : "J’y pense tous les matins en me rasant"… On ironise, évidemment. N’empêche, l’engagement pour France 2023 du plus célèbre des rugbymen barbus confirme une tendance : de la Fédération aux clubs en passant par les partenaires, médias ou supporters, pas un de nos interlocuteurs de ces derniers mois n’est encore officiellement sorti du rang pour égratigner la grande cause tricolore.

Mais rien n’est jamais aussi simple qu’il n’y paraît dans le rugby français. Le quart de finale des Bleus et le talent brut de la génération Ntamack suffisent à certains pour oublier la mobilisation générale. Oublier l’urgence, l’ampleur du chantier. Oublier et, une fois encore, se contenter de promesses. Comme en 2015…

Voyez donc : Fabien Galthié n’est pas encore intronisé grand manitou en chef qu’une petite musique lancinante nous revient aux oreilles pour témoigner que les tensions d’hier restent d’actualité. Le futur sélectionneur n’y échappe pas malgré les échanges mis en place avec les principaux pourvoyeurs d’internationaux.

Déjà pointent les premiers désaccords sur le nombre de joueurs à libérer pour chaque rassemblement : 42 contre 31. La question est d’importance à nos yeux puisqu’elle permettrait aux Bleus de toujours travailler au complet et de mobiliser davantage d’éléments autour du projet. Elle se réglera peut-être sur tapis vert. à coups d’indemnisations financières et très loin de l’union sacrée qui porterait les Bleus comme jamais. Dommage.

Malgré les discours de façade, Galthié est loin d’atterrir en terrain conquis. Dans son dos, on lui promet la défiance : "On verra quand il ira rencontrer les entraîneurs de clubs…" ; "On verra si Collazo le laisse diriger l’entraînement à Toulon…" ; "On verra si…" Effectivement, nous verrons bien si le rugby français est capable de se remettre en questions, de dépasser ses propres certitudes pour épouser la cause tricolore et se donner les moyens de décrocher enfin le titre mondial qui lui manque tant. Ou si, au contraire, la morve au nez il restera figé par une guerre d’ego dans un maelstrom d’intérêts particuliers… Ce jeu de dupes qui laisse encore à penser que notre rugby a valeur de référence mondiale. Et que, surtout, l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. C’est à Galthié de convaincre !

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