« Diamant » Penaud, programmé pour durer

  • Damian Penaud, Oscar d'argent 2019
    Damian Penaud, Oscar d'argent 2019 Midi Olympique
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Récompensé ce lundi d'un oscar d'argent Midi Olympique, le Clermontois s'impose, à seulement 23 ans, comme le futur du poste d'ailier en France. Et dans le monde ? Tout porte à le croire.

Parler de Damian Penaud, c'est d'abord parler d'un « athlète assez exceptionnel » selon les propres termes de son entraîneur Franck Azéma. La confidence remonte à trois ans déjà, fin 2016, quand le jeune Penaud pointait seulement son nez chez les professionnels. Prometteur bien sûr, dans toutes les catégories de jeunes. Mais pas encore confirmé au plus haut niveau.

C'est désormais chose faite, et de superbe manière. Belle surprise de la fin de saison clermontoise en 2017, un premier Brennus à la clé, il embarquait immédiatement pour l'Afrique du sud, où il honorait en tournée ses premières sélections en Bleu. Au centre, son poste originel. Mais sa confirmation à l'international, parmi les plus beaux talents de la planète rugby, c'est à l'aile que Penaud est allé la chercher. Une démarche venue du joueur qui, au retour de sa tournée néo-zélandaise avec les Barbarians en 2018, est allé à la rencontre de Franck Azéma pour lui demander de l'essayer à ce nouveau poste. Demande acceptée. Pari gagnant.

C'est effectivement à l'aile que les atouts de Penaud semblent le mieux s'exprimer. Sa vitesse, tout d'abord. « C'est notre joueur le plus rapide en situation de rugby, exactement à égalité avec Alivereti Raka » confiait à ce propos Sébastien Bourdin, préparateur physique de l'ASMCA, en juin dernier. « Damian a atteint plusieurs fois cette saison, en match, 37,2 km/h de vitesse de pointe mesurée au GPS. Pour la comparaison, en football, Kylian Mbappe a été mesuré au GPS à 37 km/h en vitesse maximum, lors de la Coupe du monde 2018 en Russie. » Un vitesse rare, donc, et une mise en action rapide qui lui permettent de mettre presque systématiquement à mal le premier défenseur. Qui plus est en bout de ligne, où les espaces à dévorer sont plus nombreux qu'au centre.

Penaud y fait des ravages. « Mais la la qualité la plus exceptionnelle de Damian n'est pourtant pas sa vitesse de pointe. Le plus fort, c'est sa capacité à reproduire de telles accélérations même en fin de match, malgré la fatigue » poursuit Bourdin. « En Italie lors du dernier Tournoi des VI nations, il touche les 37 km/h lors de son essai inscrit après la 80e minute. Ça, c'est très rare. » Un joueur de duel, donc, au potentiel physique assez unique sur la planète rugby. Également excellent sous les ballons hauts, Penaud a toutes les caractéristiques d'un grand ailier. Il lui reste à construire une culture tactique pour s'installer parmi les meilleurs de la planète à son poste. A moins qu'il y soit déjà ? « Le petit Penaud, il pourrait être titulaire dans n'importe quelle équipe de la planète. Y compris chez les All Blacks. C'est un phénomène » assure à son sujet un certain Juan Martin Hernandez. Ça classe un compliment.

Nature insouciante... et trompeuse

Cette supériorité naturelle était très vite apparue aux yeux de tous, dès son arrivée chez les professionnels. Penaud, pourtant, a longtemps pâtit d'une réputation de dilettante, voir de joueur compliqué à gérer. « Il a fallu lui mettre quelques secousses, à l'entraînement, pour lui faire comprendre les exigences de son boulot. Il était un peu branleur et parfois, j'ai été dur avec lui, je ne m'en cache pas » admettait la légende auvergnate Aurélien Rougerie, qui l'a couvé dans les murs de l'ASMCA d'un amour parfois vache. « Je l'ai fait pour son bien et je crois qu'il l'a compris. D'ailleurs, ça n'arrive plus aujourd'hui. Damian n'est plus ce jeune branleur. Il est sérieux, désormais, dans tout ce qu'il entreprend. »

Penaud a grandi, tout simplement. Et compris les exigences du métier de rugbyman professionnel, plus encore lorsqu'il est international. Au Japon cet automne pendant la Coupe du monde, il était souvent le premier sur le terrain d'entraînement, à s'étirer longuement avant de débuter les séances. L'autre joueur dans le même cas ? Antoine Dupont, tiens donc, également oscarisé ce lundi. L'image décontractée, déconnectée renvoyée par cette nouvelle génération ne se vérifie pas toujours dans les faits. « Trop de gens prennent Damian pour un jeune branleur. C'est sa nature insouciante qui est trompeuse. Il est en réalité très facile à entraîner, sérieux, travailleur et à l'écoute dès lors que vous avez gagné sa confiance » jure Bourdin. « Il a une approche en fait très professionnelle de son sport, avec une excellente hygiène de vie. » Un sérieux qui, conjugué avec son potentiel immense, devrait rapidement le confirmer parmi les tous meilleurs ailiers de la planète.

 

 

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