Le plus beau des sports

  • Véronique Valette lors de la cérémonie des Oscars Midi Olympique
    Véronique Valette lors de la cérémonie des Oscars Midi Olympique Midi Olympique
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L'édito de Léo Faure... Quand elle est montée sur la scène des Oscars Midi Olympique ce lundi, Véronique Valette a tenu cet étonnant discours. "Se tenir à leurs côtés, c’est un rêve. Ces garçons incarnent mieux que quiconque ce que je ressens : le rugby est le plus beau des sports." Elle était dressée aux côtés de quelques-unes des plus grandes gloires de l’histoire de ce sport : Diego Dominguez, George Gregan, Thierry Dusautoir, John Kirwan, Lawrence Dallaglio, Bryan Habana et Conrad Smith. 664 sélections cumulées dans les plus grandes nations du monde et un dénominateur commun, leur discrétion. Leur humilité, même. Cette extrême courtoisie façon gentlemen à l’anglaise, quels que soient leurs interlocuteurs, sans distinction entre les puissants et les anonymes. Costume impeccable, regard tendre et port de tête haut, ils infusaient aussi cette cérémonie d’une vérité qu’on oublie trop : un grand joueur est d’abord un grand Homme. C’est obligatoire. Et ils en sont.

Véronique Valette, donc, qui leur remettait leur Oscar de légende, leur rendait cet hommage. Un discours de circonstance, dans une cérémonie dédiée au rugby ? Pas seulement. Madame Valette, directrice marketing et communication chez Eden Park, habille quelques-uns des plus grands sportifs français, en côtoie beaucoup d’autres. Pas seulement des rugbymen. Et ce message, pourtant : " J’ai quelques amis handballeurs qui sont ici, dans la salle." Il y avait, par exemple, Thierry Omeyer et Daniel Narcisse. Rien que ça. Il y avait aussi Fabien Barthez, haut représentant des heures glorieuses du foot français. "Eh bien, désolée, Messieurs. Mais le grand frisson, c’est aux côtés de ces rugbymen que je l’ai." C’est envoyé.

Dans sa culture née des meilleurs college* britanniques, le rugby préserve cette bonne éducation, loin des terrains. Devant le Pavillon Gabriel en début de soirée, quelques "fans" au parfum de la cérémonie attendaient sagement, des photos en mains, de croiser la route de leurs idoles. Les joueurs arrivaient au compte-gouttes et tous, sans exception, se sont arrêtés au passage, ont pris le temps de quelques mots, d’un autographe, d’une photo. Sans barrière pour les séparer, même symbolique. Sans besoin de cette sécurité qui gâche toute la simplicité d’un contact.

C’est ce respect, cette accessibilité chez les anciens qu’on voudrait voir perdurer à jamais dans le rugby. Et qui disparaît, malheureusement, au fil d’un professionnalisme qui starifie jusqu’à des joueurs lambda, en même temps qu’il les coupe du monde réel. Le rugby devient-il un sport comme les autres ? Peut-être. Son image a souffert, aussi, ces dernières années. Les joueurs d’aujourd’hui ne prennent plus tous la mesure de cet enjeu d’ouverture, de proximité, de politesse, de modestie. Pour un Antoine Dupont, délicieux et si courtois, aussi réellement amoureux de son sport, combien de starlettes aux caprices plus grands que leur talent ? Pour un Nans Ducuing, léger, agréable et si prompt à l’autodérision, combien de gamins trop soucieux de gérer leur image avant de la construire ?

Atypique dans sa conception, immensément collective et qui réclame, pourtant, tant de prise de responsabilités individuelles, le rugby ne survivra à ses élans de grandeur que s’il ménage, dans son ascension, ses codes comportementaux qui ont fait sa singularité. La tendance, grande argentière, s’en préoccupe-t-elle assez ? C’est pourtant vital.* Équivalent de nos universités

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