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Arias : « L’inexpérience n’empêche pas d’avoir des idées »

  • Julien Arias - Entraîneur du Stade français.
    Julien Arias - Entraîneur du Stade français. Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Au club depuis 2004, Julien Arias a finalement mis un terme à sa carrière le 9 novembre dernier, passant directement entraîneur adjoint de Heyneke Meyer. Trois jours plus tard, l’ancien ailier international devenait, avec Laurent Sempéré, entraîneur principal du Stade français en raison du départ du manager sud-africain. Retour sur une improbable trajectoire.

Racontez-nous comment on passe de joueur à entraîneur en quelques jours…

J’y pensais depuis quelque temps. En fait, Thomas (Lombard) m’en a parlé il y a plusieurs semaines, il m’a ensuite clairement proposé d’intégrer le staff. J’y ai pas mal réfléchi et je me suis dit que c’était peut-être le bon moment d’arrêter. Au fond de moi, j’ai pensé que je serai plus utile dans ce rôle-là qu’en continuant à jouer. J’ai donc accepté.

Passer de joueur à entraîneur en quelques jours, n’est ce pas trop violent ?

Un peu, mais c’était tellement excitant de changer d’univers. Même si ça reste le même milieu, les deux fonctions n’ont strictement rien à voir. Évidemment, je savais que ce serait un peu difficile d’arrêter ma carrière de joueur, mais avec un tel challenge à relever, c’était difficile de ne pas plonger dans l’aventure.

Votre situation un peu ambiguë en fin de saison dernière où vous aviez déjà failli mettre un terme à votre carrière vous a-t-elle aidé à mieux appréhender ce changement brutal ?

Oui, j’étais déjà prêt à basculer. Je savais que j’étais plus proche de la fin que du début. Et puis, dans la vie, il faut faire des choix. On verra plus tard si j’ai fait le bon ou non.

On a passé une sale soirée. Maintenant, fallait-il que je réagisse à chaud ? Peut-être pas. Mais je crois que les joueurs ont compris que nous avions l’histoire d’un club entre nos mains et qu’on ne pouvait pas déconner avec ça.

Qu’est-ce que ça change à votre quotidien ?

Ça change tout (rires). D’abord, les horaires. J’avoue, depuis que j’ai pris mes nouvelles fonctions, je ne vois plus trop mes enfants. Heureusement, j’ai la chance d’être bien entouré, notamment avec ma femme qui gère bien la situation. Ensuite, nous sommes passés d’un staff pléthorique à un staff très réduit. Nos tâches se sont donc multipliées.

Votre situation semble improbable. Vous êtes nommé entraîneur adjoint en cours de saison et vous devenez entraîneur principal trois jours plus tard avec Laurent Sempéré en raison du départ d’Heyneke Meyer. N’avez-vous pas pris peur ?

Non ! Même si c’est beaucoup de boulot, ce n’est pas une contrainte. Au contraire, c’est très excitant. Même si sur la rencontre du week-end dernier, pour notre premier match, nous n’avons pas pris de plaisir, il y en a beaucoup durant les semaines de travail.

Ne craigniez-vous pas avec Laurent Sempéré de manquer un peu d’expérience ?

L’inexpérience n’empêche pas d’avoir des idées. J’ai passé plus de quinze années dans ce club, Laurent plus de dix ans, nous le connaissons bien. Nous avons eu la chance d’avoir de grands entraîneurs. Et puis, nous avons été marqués par ce qui a longtemps fait la force de ce club : son état d’esprit si particulier. C’est pourquoi, nous avons lourdement insisté sur cet aspect auprès des joueurs. Parce qu’on a beau avoir la meilleure stratégie, la meilleure technique, si les joueurs n’ont pas envie de se faire ensemble, si l’état d’esprit n’est pas bon, ça ne peut pas fonctionner. Allez donc demander à des entraîneurs qui ont vingt années d’expérience derrière eux ce qu’ils en pensent. Maintenant, on ne peut pas se reposer que sur l’état d’esprit. On veut amener autre chose aux joueurs. C’est ce qu’on essaie de faire depuis dix jours en espérant que ça portera ses fruits rapidement.

Devenir entraîneur était-ce un objectif lorsque vous étiez encore joueur ?

Je ne suis pas le genre à crier sur les toits pour dire les choses (rires). Mais ça faisait quelques années que cela me trottait dans la tête. C’est donc venu avec le temps. J’en avais parlé avec certains de mes coéquipiers pour savoir ce qu’ils en pensaient. L’idée a ensuite pris de l’ampleur dans ma tête parce que je sentais que je pourrais m’épanouir dans ce rôle-là. Et quand l’opportunité s’est présentée, je l’ai saisie.

Étiez-vous un joueur qui prenait part à la mise en place d’une stratégie ?

Au début de ma carrière, non. Et puis, petit à petit, je me suis mis à revoir souvent nos matchs, à regarder les équipes adverses, à chercher des petites failles, à réfléchir sur le jeu à mettre en place sur telles ou telles situations. Au Stade français, j’ai toujours aimé prendre la parole dans le vestiaire, dans les séances vidéos. Gonzalo (Quesada) me missionnait, comme d’autres joueurs à l’époque, sur du travail vidéo. Et j’adorais ça.

Si vous deviez définir aujourd’hui votre plan de jeu en quelques mots…

Celui qui gagne (rires). Plus sérieusement, c’est celui dans lequel les joueurs se retrouvent, celui dans lequel ils ont envie de s’investir. Notre objectif, c’est que nos joueurs prennent du plaisir. Ensuite, on essaiera de trouver la bonne alchimie entre le plaisir et l’efficacité.

À l’issue de votre premier match en tant qu’entraîneur principal, vous avez poussé un gros coup de gueule contre vos joueurs. Pourquoi ?

On a beau essayer de prévoir tous les scénarios possibles, la vérité du terrain est parfois différente de ce qu’on avait anticipé. Très franchement, ça a été une soirée difficile. Pas tant par rapport au résultat, mais au niveau de l’investissement des joueurs. Avec ce qui s’était passé quelques jours plus tôt (le départ de Heyneke Meyer et une partie de son staff, N.D.L.R.), on s’attendait à une réaction d’orgueil. Je peux vous dire qu’on a passé une sale soirée. Maintenant, fallait-il que je réagisse à chaud ? Peut-être pas. Mais je crois que les joueurs ont compris que nous avions l’histoire d’un club entre nos mains et qu’on ne pouvait pas déconner avec ça.

Certains pensent que vous auriez besoin d’être encadré en raison de votre inexpérience. Qu’en pensez-vous ?

Le manque d’expérience, il est indéniable. Mais ce n’est pas à moi de répondre à cette question. De mon point de vue, nous avons la chance d’être bien entouré avec Thomas Lombard, notre directeur général. C’est quelqu’un qui connaît très bien le rugby, les hommes et le jeu. Nous avons la confiance de Hans-Peter Wild. C’est peut-être le plus important. Si eux estiment que nous avons besoin de soutien, nous n’irons pas contre cette volonté. Surtout si c’est bénéfique pour le club et pour nous. L’équipe ne nous appartient pas. Et si nous devons terminer la saison avec Laurent, nous donnerons tout ce pouvons pour faire de notre mieux.

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