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Technique : quand le surnombre vient du relayeur

  • 4. Quand le surnombre vient du relayeur
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  • 5. Quand le surnombre vient du relayeur
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  • 6. Quand le surnombre vient du relayeur
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  • 3. Quand le surnombre vient du relayeur
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Publié le Mis à jour
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La quête du "plus un " en attaque ne s’est jamais démodée. Elle s’est simplement déplacée, en fonction des adaptations tactiques permanentes et des innovations des uns des autres… L’une des plus récentes consiste ainsi à user d’un peel-off pour déplacer le relayeur en position de premier attaquant. Explications.

On a souvent eu l’occasion de l’écrire, dans ces mêmes colonnes : le rugby n’est jamais qu’un éternel recommencement, au sujet de ses tendances, de ses modes, de ses obsessions. Au niveau offensif ? La plus évidente concerne évidemment la quête du "plus un", autrement dit du décalage susceptible de créer des différences essentielles pour marquer des essais, la seule puissance ne pouvant décemment pas toujours suffire. À ce titre, le rugby n’a jamais cessé d’évoluer et de s’enrichir à la grâce des techniciens de toutes les générations, du "winger " néo-zélandais à l’arrière intercalé de l’école lourdaise sublimé quelques années plus tard par Pierre Villepreux, jusqu’aux nouveaux codes importés du XIII par les nations sudistes, avec tout le travail autour des leurres, des angles de course et de la recherche de la passe après contact.

Alors certes, il est des périodes où l’inspiration se tarit. La preuve en a été faite lors de la dernière Coupe du monde au Japon qui, faute de véritables nouveautés sur le plan technique après deux éditions très riches offensivement, s’est jouée autour de la défense, de la puissance et du jeu au pied, et accoucha presque logiquement d’une finale entre les deux nations qui maîtrisent le mieux ce rugby, l’Afrique du Sud et l’Angleterre. Comme en 2007, tiens. Drôle de hasard…

L’exemple japonais

Toutefois, quand bien même le rugby moderne semble (re)parti pour un cycle de quatre ans où le nec plus ultra résidera dans la mise sous pression de l’adversaire, il ne faut pas désespérer d’assister à quelques innovations sur le plan de l’attaque. Ainsi, une nation comme le Japon a su pendant la Coupe du monde proposer des choses innovantes pour faire valoir ses qualités atypiques d’explosivité et de vitesse. On pense, par exemple, à ces mêlées à cinq mètres où c’est l’ailier Fukuoka qui était chargé d’introduire le ballon et de démarrer directement, pour opposer aux lourds troisième ligne adverse la qualité de ses appuis. Ou, sur le même principe d’attaquer rapidement la ligne d’avantage, ces touches qui virent régulièrement les Nippons décaler leur relayeur en position de premier attaquant pour dynamiser le jeu au travers d’un peel-off, et attaquer très rapidement la zone de l’ouvreur adverse après une ou deux passes négociées au cordeau, là où 90 % des équipes qui utilisaient jadis cette tactique se contentaient de créer un point de fixation. Le but de ces manœuvres consistant à créer "artificiellement " un surnombre au niveau du demi d’ouverture par des (re) positionnements de joueurs dans des rôles qui ne correspondent pas forcément au numéro qu’ils portent dans le dos.

Donner du temps et de l’espace

Inspirant ? Le fait est, en tout cas, qu’on a déjà observé en Top 14 des mouvements directement copiés (consciemment ou non) sur ce modèle japonais. Et en premier lieu l’essai détaillé ci-dessus des Toulousains contre Clermont, qui vit les Stadistes tromper la défense adverse par un placement atypique de sa charnière (avec le demi de mêlée dans l’alignement et l’ouvreur en position de relayeur) qui déstabilisa assez la défense pour créer de l’espace là où les Toulousains l’avaient prévu, dans le dos du premier rideau adverse, pour une superbe réalisation de Ntamack. Une action directement permise par le "décrochage " du relayeur en position de premier attaquant qui, libre de tout marquage, sut profiter de la marge de manœuvre artificiellement créée en matière d’espace et de temps pour exploiter ce micro-surnombre à la perfection. Alors, faut-il voir dans ces "petites surprises " une des clés de la création des "plus un ", donc l’efficacité offensive des prochaines saisons ? En attente d’un éventuel changement de règle qui permettra d’apporter un peu plus d’espace, probablement…

1. Sur une touche à une quarantaine de l’en-but clermontois, les Toulousains optent pour un alignement complet apparemment "classique ". Sauf qu’un avant, Selevasio Tolofua (cercle noir), se trouve au milieu du terrain, remplacé dans l’alignement par son demi de mêlée ; l’ouvreur Holmes (cercle blanc) occupant quant à lui le rôle de relayeur. Dans quel but ? Vous le saurez très vite…

2. En effet, ces positions ne sont pas vouées à être figées. Aussitôt le lancer effectué, Holmes prend quelques pas de recul… (flèche blanche).

3. Cependant que Holmes (cercle blanc) a retrouvé sa position "naturelle " d’ouvreur, son demi de mêlée Sébastien Bezy effectue un peel-off pour reprendre son rôle de relayeur (flèche blanche). Pendant ce temps, l’ailier Médard (flèche rouge) effectue un appel dans son couloir, ce qui oblige son vis-à-vis Raka (cercle bleu) de surveiller le fond de terrain dans son dos, et l’empêche de couvrir le second rideau. Le verrouilleur Ulugia (flèche jaune) s’apprête, quant à lui, à défendre sur Holmes, à l’intérieur de ses trois-quarts.

4. Ballon en main, Holmes dispose de trois solutions à hauteur, dont le puissant Tolofua, qui attire naturellement Lopez (cercle noir) et le fait sortir de sa ligne. Persuadés de devoir négocier un défi frontal, les Clermontois délaissent totalement le second rideau, d’autant que Raka (cercle bleu) est resté dans le champ profond, de crainte d’un jeu au pied dans son dos tandis que le demi de Parra (cercle blanc) reste dans le couloir, où il défendait initialement.

5. La manœuvre toulousaine a si bien fonctionné que lorsque Holmes déclenche son petit coup de pied par-dessus, il dispose d’une cible d’un rayon de dix mètres. Plus que suffisant pour y déposer le ballon, pour un joueur de son calibre…

6. Arrivés lancés à pleine vitesse, Ntamack et Guitoune (cercles rouges) n’ont plus que deux défenseurs face à eux avec Raka et Abendanon, qui doivent se replier pour combler un intervalle énorme. Le talent de Ntamack seul suffira puisqu’en deux crochets, le centre international s’ouvrit le chemin de l’essai, tout en bénéficiant du travail sans ballon de son partenaire.

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