Les chemins de l’identité

Par Rugbyrama
  • Hans Peter WILD et Thomas LOMBARD (Stade Français)
    Hans Peter WILD et Thomas LOMBARD (Stade Français) Icon Sport
Publié le Mis à jour
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L'édito de Léo Faure... La notion ressort çà et là, ces dernières semaines, renforcée par le dernier sacre mondial décroché par des Springboks bâtis à l’image de leur société. L’identité serait le centre de tout. On ne joue pas au rugby à Johannesbourg comme à Tokyo, à Belfast comme à Canterbury, à Paris comme à Brive. Est-ce mieux ou moins bien ? Ce n’est pas la question. Tous les rugbys diffèrent et se valent. On a pu aimer les charges de rhinocéros de Pieter-Steph Du Toit ou leur préférer les courses intrigantes de Kotaro Matsushima, à la Coupe du monde. In fine, tout le monde se revendique du même sport. Le rugby autorise tout cela, tous ces comportements et ces bonnes pratiques. Le rugby des champs comme celui des villes, celui du combat et celui de la vitesse. L’identité, profonde, doit dicter la conduite à tenir. Par-delà tout le reste, une équipe doit ressembler à son territoire.

À ce titre, certains ont connu de francs succès. Toulon n’a jamais été aussi grand que lorsqu’il faisait tout à l’envers des autres, provoquant et nourrit de ce "seul contre tous" dont Mayol raffole. Toulouse revendique ses succès dans une certaine école du rugby, une éducation à ce jeu plus complexe que le simple alignement de quinze joueurs de talent supérieur sur un terrain. Clermont s’est imprégné de cette quête identitaire, depuis Vern Cotter jusqu’à Franck Azéma, pour s’adjuger enfin deux Boucliers de Brennus. "On n’entraîne pas à Clermont comme à Toulon. Il faut se nourrir de son terroir", jure à ce propos l’actuel big boss de l’ASMCA.

Dans la même veine, Azéma pleurait aussi, il y a quelques années, la rupture consommée entre "son" Usap et son identité catalane profonde, guerrière et fière. Ce qui, au bout d’une improbable décomposition, avait coûté à Perpignan sa place dans l’élite, malgré une constellation de joueurs internationaux.

L’identité a cette force qu’elle s’impose à la réussite. C’est ce qu’a oublié, en chemin, le Stade français. Ce qui lui coûte si cher, aujourd’hui. Le Stade français, pour réussir, s’était construit en club à part, où rien n’était vraiment comme ailleurs. C’était le Paris de Max*, les paillettes, les éclairs, les maillots roses, les calendriers et les joueurs qui bramaient de vieux tubes disco dans le poste radio. Ça ne plaisait pas à tous, bien sûr. C’était justement tout le charme de ces gars-là : plus ils étaient critiqués, plus ils gagnaient.

Que reste-t-il de ce Stade français glorieux ? Pas les victoires, en tout cas. En changeant de mains au gré d’un professionnalisme "tout business", jusqu’à aboutir désormais à une vie déshumanisée de multinationale, à la DRH plutôt qu’en famille, le Stade français a perdu chaque année un peu de son âme. Une courbe exactement calquée sur celle de ses résultats.

Son défi est là, désormais. Gagner et vite, la situation comptable étant désormais exigeante. Mais surtout redevenir le Stade français, certainement pas un club comme les autres. C’est tout le défi de Thomas Lombard, conscient de la situation et imprégné de l’histoire de ces murs. Bon courage à lui, tant la tâche semble immense.

* Guazzini

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