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Villepreux : "Lalanne, ce modèle idéal"

Par Midi Olympique
  • Pierre Villepreux
    Pierre Villepreux Philippe Perusseau / Icon Sport - Philippe Perusseau / Icon Sport
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Au regard de l’analyse du jeu produit en Coupe du monde et avec le retour des Mondialistes dans leur club, il devenait intéressant de se hasarder à identifier des changements significatifs dans le jeu produit, tant en Coupe d’Europe que dans le Top 14.

Je n’ai pas entrevu d’évolution marquante ni des caractéristiques novatrices touchant les stratégies de jeu ou les alternatives tactiques et techniques. J’entends par caractéristiques, des aménagements qui auraient nécessité pour les staffs techniques de modifier totalement ou partiellement le projet de jeu collectif. Ce qui aurait pu nécessiter pour les joueurs une appropriation active dans la construction de nouveaux savoirs et savoir-faire.

Certes, je n’ai pas remarqué de transformations majeures du jeu au cours de ce Mondial japonais. On peut cependant toujours retenir et affirmer que les Sud-Africains ne jouent pas comme les Japonais. Mais les uns sont champions du monde et pas les autres. Ce qui fait toute la différence quand il faut choisir son camp, surtout dans une compétition comme le Top 14 où les objectifs résultats imposent souvent de sacrifier certaines formes de jeu.

Dans le cadre large de deux modes de jeu antinomiques, chacun puisera selon ses ressources et ses convictions les éléments qui apporteront une plus-value au projet de jeu collectif :

- Celui des Japonais où l’activité adaptative des joueurs et la vitesse d’exécution sont privilégiées. Ce choix demande de savoir jouer en attaque, à la main et au pied, pour contraindre l’adversaire à subir un rapport de force défavorable, mais aussi en défense, le pendant tactique de l’attaque et tout aussi essentiel pour exploiter les balles de récupération. Ce jeu génère des incertitudes qu’il s’agît de maîtriser. Une bonne lecture s’impose, ce qui oblige non seulement de partager collectivement des repères les plus familiers, mais de leur en substituer d’autres, ce qui complexifie leur appropriation.

- Celui des Sud-Africains : très planifié plus robuste, plus frontal, précis et très organisé dont on attend qu’il finira par produire ses effets sur le jeu adverse, ce qui nécessite des repères collectifs, mais son efficacité réclame aussi de savoir "mettre de la vitesse" pour que cette puissance "in fine" s’impose. Sinon ce jeu atteint vite ses limites et risque de devenir inopérant. Ceci pour témoigner que la notion de "vitesse" est devenue un facteur essentiel du jeu moderne, quels que soient les styles adoptés.

Si un modèle idéal de jeu doit exister, on peut penser qu’il se nicherait dans la capacité d’une équipe à jouer un rugby adaptatif où puissance et vitesse conserveraient toute leur place.

Quelques clubs du Top 14 accèdent, à des degrés divers, à ces exigences. Il n’est pas illogique aujourd’hui de mentionner Toulouse mais on pourrait en citer bien d’autres qui ont le potentiel et l’envie d’évoluer sur ce registre. Pour rester dans l’actualité, le dernier Racing - Bordeaux-Bègles nous a gratifiés tout au long du match, pour les uns comme pour les autres, d’un gros volume de jeu accompagné de l’intensité utile qui va avec (prérogatives incontournables pour un fonctionnement efficient). Tout un état d’esprit qui engage sans ambiguïté le joueur et le collectif dans la maîtrise d’une activité adaptative qui se doit de concilier liberté d’initiative individuelle et cohérence des mouvements collectifs. Le Racing a perdu mais aurait pu gagner. Il se prépare de beaux jours, si le groupe accepte de faire confiance à ce rugby. Apprendre à jouer sans penser aux résultats est une force qui permet de persévérer dans le jeu choisi, de chasser les doutes (les siens et ceux de ces partenaires) pour capitaliser sur les sensations positives que le jeu suscite, et accéder grâce à lui à un sentiment d’efficacité collective. Les Racingmen ont la chance de disposer des joueurs à même de faire passer ce message. Mais comment ne pas évoquer Finn Russell "aiguillonneur-dynamiseur" de jeu jamais troublé en cas d’erreur, voire d’échec. Il sait mettre à la poubelle ce qui dans l’instant n’a pas marché, ce qui permet de ne pas remettre en question son engagement avec le jeu qu’il distille avec justesse. Autant d’attitudes qui s’inscrivent dans la confiance accordée par le joueur à ses partenaires dans ses propres initiatives. Son investissement et la persistance de son effort permettent d’engager les autres vers une vision commune à même d’aller vers un rendement collectif supérieur.

Denis Lalanne vient de nous quitter. Témoin de ma carrière, comme joueur, entraîneur, chroniqueur, j’ai aimé partager l’idéologie et la passion qu’il avait du rugby. Je tiens à rendre hommage à Denis, et à tout ce qu’il représentait.

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