42 nuances de Bleus

  • Fabien Galthié et le staff de l'équipe de France de rugby.
    Fabien Galthié et le staff de l'équipe de France de rugby. Icon Sport
Publié le Mis à jour
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L'édito de Léo Faure... Si les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent, il y a bien longtemps que celles jurant d’un éventuel intérêt supérieur du rugby français n’engagent plus personne. On nous a trop fait le coup, sans actions fortes en suivant. Même quand les planètes semblent s’aligner et que, pour une fois, les décideurs sportifs de ce jeu s’accordent, il reste des intérêts qui divergent. Les décideurs financiers, eux, tirent le frein à main. Ce qui devient franchement lassant.

Reprenons : officiellement dès la fin de la Coupe du monde au Japon, officieusement bien avant, Fabien Galthié a lancé ce sujet du nombre de joueurs qu’il souhaitait convoquer pour chaque rassemblement du XV de France. Ce serait 42. Une liste très élargie, bien sûr, qui doit permettre aux Bleus de travailler à pleine puissance dès les entraînements. Ce que les autres nations font, pas encore la France. Ce qui doit aussi permettre de combler une partie du retard qui persiste, malgré un Mondial moins catastrophique que les craintes prévisionnelles le laissaient entendre.

Sur cette envie de liste élargie, Galthié est suivi par son staff. Sa Fédération adhère aussi. Mieux, les clubs en acceptent l’idée. Eurêka ! Par les voix de Laurent Travers, Franck Azéma et Ugo Mola, dont les clubs cumulés portent 70 % de l’effectif du XV de France, ils font d’abord savoir qu’ils ne sont pas fermés à l’idée. À condition d’avoir des joueurs relâchés plus tôt, dans la semaine du match, afin de pouvoir les utiliser le week-end sous les couleurs de leur club. La demande s’entend, Galthié et son staff s’y plient. Et les Bleus préparent une liste de 42 joueurs.

Selon Fabien Galthié et Raphaël Ibanez, qui s’exprimaient hier en clôture de leur séminaire d’Hossegor, cette liste sera annoncée le 8 janvier. Alors, on avance enfin, en bonne entente et en intelligence ? Pas si vite. Les décideurs en costume s’en emmêlent et, dans la foulée, la LNR fait savoir que rien n’a été signé. La bonne nouvelle aura vécu deux heures…

Voilà pour les faits. C’est une affaire de sous, et de gros sous, qui vient une nouvelle fois saccager un frémissement d’entente cordiale. Une affaire aux torts certainement partagés, entre deux institutions FFR-LNR qui cohabitent toujours aussi difficilement, malgré les discours de bonnes intentions. Le supporter des Bleus, lui, se fout pas mal de savoir qui a la charge réelle de ces atermoiements. Il ne voit qu’une seule chose, et il a raison : l’intérêt financier ignore celui du sportif et le rugby français, dont la vie professionnelle s’attarde dangereusement à l’adolescence, creuse encore ses propres pertes.

Qu’importe le chemin, il faudra une issue favorable à ce point de tension. Il faudra que Bernard Laporte, Paul Goze et leurs équipes, dont les relations fluctuent au fil des dossiers, s’assoient autour d’une table et s’affranchissent enfin des défiances personnelles pour s’écouter. Et s’entendre. Qu’ils se posent enfin LA bonne question, celle qui devrait occuper un dirigeant de leur rang : "Qu’est-ce qui serait le mieux pour la réussite de notre sport ?" La réponse est évidente, déjà donnée par les entraîneurs des deux camps. L’entendront-ils ? Avec cet enjeu commun aux deux camps, l’imminence d’une élection présidentielle, leur bilan sera aussi jugé à cette aune.

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