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Imhoff : d’ici et d’ailleurs

  • Juan Imhoff, l’Argentin avoue un attachement très particulier avec la France.
    Juan Imhoff, l’Argentin avoue un attachement très particulier avec la France. Actionplus / Icon Sport - Actionplus / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Voici neuf saisons que l’Argentin Juan Imhoff a posé ses valises dans les Hauts-de-Seine. Il revient, dans un Français toujours parfait, sur les aléas de la vie d’expatrié...

On les accuse souvent de bien des maux du rugby français. Le sujet est glissant, la thématique nauséabonde et, en filigrane, laisse percer une xénophobie décomplexée : "Ils acceptent des postes de pilier droit à 1 000 balles par mois ! Ils sont trop nombreux ! Ils prennent la place des jeunes français ! " Ils s’appellent Viorel, Soka, Konstantin, Jason ou Miguel. Ils sont Roumains, Argentins, Géorgiens, Sud-Africains, Fidjiens et classés en une masse informe, que l’on nomme au mieux "non Jiff", au pire "étrangers." Main-d’œuvre accessible au plus endetté des présidents de fédérale, ils ne coûtent généralement pas cher, se plaignent peu et ne sont généralement pas syndiqués. Dans bien des cas, les immigrés du rugby français cachent pourtant un profond mal-être, celui que l’on prête généralement aux apatrides ou aux déracinés. Juan Imhoff ? Il venait d’avoir 20 ans lorsqu’il débarqua à Roissy, le cœur lourd et les jambes tremblantes. "On ne parle jamais de la souffrance ou de la solitude des étrangers du Top 14, dit-il en préambule. Mais c’est très dur, au départ. Moi, les premiers jours, je passais tout mon temps à pleurer et sans le soutien de mon "frère" Juan Hernandez, qui m’a accueilli chez lui sans me connaître, je serais probablement rentré en Argentine au bout d’un mois." Comme bien des exilés du championnat, Imhoff avait laissé au pays une famille, des proches, un club et une vie dans laquelle il s’était, bon an mal an, épanoui : "J’ai signé pour le Racing au beau milieu de la Coupe du monde 2011 en Nouvelle-Zélande, poursuit-il. à l’époque, le club cherchait un joker médical et j’étais libre. J’ai mis longtemps à réaliser ce que ça représentait pour moi et mes proches. Il m’a fallu cette dernière soirée, dans mon club de Duendes (Rosario), pour me rendre compte que je devais dire au revoir à ce qui avait été ma vie jusque-là."

Ce soir-là, les rugbymen de Duendes avaient organisé un immense barbecue en son honneur, aux abords du stade où lui et son père avaient découvert le rugby à des époques différentes. "Après l’asado (le barbecue traditionnel argentin, N.D.L.R.), on a rejoint une boîte de nuit de la ville et, en sortant de là, je me suis mis à pleurer comme un enfant, sur le parking. Mes potes croyaient que j’étais bourré. Moi qui ne bois jamais une goutte d’alcool." Très vite, les proches de l’ailier argentin comprennent que le mal est tout autre : "J’étais en crise, je leur ai dit que je ne voulais plus partir, que ma vie était avec eux et que je ne voulais plus du livre retraçant l’histoire française que mon père me mettait entre les mains, tous les soirs. Ils m’ont répondu : "Alors, laisse-nous ta place, Juan ! On part demain ! Tu es idiot !" J’ai commencé à comprendre que ce départ à l’étranger était peut-être une chance". à Rosario, la nuit fut courte et, au petit matin, lorsque Juan Imhoff apprit que son vol Buenos Aires - Paris était annulé en raison de l’éruption du volcan islandais Eyjafjallajökull, il le prit "comme un signe du destin. […] J’étais aux anges. Dans la voiture, je chantais : "Je vais rester à la maison ! Je vais rester à la maison ! " Mais le vol, le vrai, est néanmoins parti le lendemain à 15 heures.

Imhoff : "Le langage de la street"

Après neuf saisons passées en France, l’Argentin, qui perçoit évidemment dans le "92" ce que les Jaguares ne pourront jamais lui offrir, a aujourd’hui conscience que son aventure dans les Hauts-de-Seine n’en était pas une, justement. à ce sujet, lui parle plus volontiers d’une "histoire d’amour ", d’une évidence, d’une attirance manifeste entre son "pays d’adoption " et sa personne.

"Une grande partie de ma vie est ici, désormais. On me dit même souvent que je parle avec un accent du Sud et j’ai aussi appris le langage de la street avec Jordan Joseph, Antoine Gibert et Boris Palu : "Wesh, frérot, c’est un truc de "ouf" !" En fait, j’ai reconstruit une famille ici. Et je veux finir ma carrière au Racing." En guise de conclusion, l’ailier argentin élargit maintenant le débat. "Il ne faut pas se tromper de combat. S’il y a des étrangers en France, c’est parce que les gens hésitent à faire jouer les jeunes Français. Moi, je suis très heureux ici mais attention, je n’ai rien demandé à personne. On est venu me chercher." C’est dit.

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