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Racing : trois cents

  • L’enfant du club francilien, Henry Chavancy, a célébré contre les Ospreys sa 300e apparition avec les professionnels du Racing. Photo Icon Sport
    L’enfant du club francilien, Henry Chavancy, a célébré contre les Ospreys sa 300e apparition avec les professionnels du Racing. Photo Icon Sport
Publié le Mis à jour
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(40-27) Il a disputé son 300e match sous le maillot ciel et blanc. Au bal des mercenaires, "Riton" restera donc pour nous tous l’homme d’un seul club.

On vous épargnera ici le récit d’un match dépourvu de signification entre l’une des plus grosses masses salariales du Vieux Continent et les tendrons d’une franchise galloise déjà éliminée, globalement exsangue et paraît-il menacée de disparition. On profitera plutôt de la relative circonspection dans laquelle nous laisse ce match à onze essais pour orienter la lumière vers celui qui ne l’attire à lui que trop rarement : car des carrières comme la sienne, nom de Dieu, sont une incongruité, une curiosité, une obsolescence dans un monde de mercenaires et, en Top 14, seul Aurélien Rougerie fut à ce point indissociable de l’histoire d’un club, l’ASMCA, pour que celui-ci lui érige même une statue, lorsque sonna le glas. À Nanterre ? On ne sait pas encore si Henry Chavancy (30 ans, 4 sélections) aura aussi le droit à son mausolée, une fois la fin venue.

Mais vendredi soir, l’Arena et le Racing ont rendu un bien bel hommage à leur capitaine, qui disputait là son 300e match sous le maillot ciel et blanc. "Le premier ?, s’interroge-t-il en se grattant la tête. C’était en 2008, contre Aurillac. Pierre Berbizier m’avait fait entrer vingt minutes. Autour de moi, il y avait du beau monde : Thomas Lombard, Jeff Dubois, Agustin Pichot…" Au fil de onze ans de carrière professionnelle, Henry Chavancy n’a jamais vraiment songé à quitter le club des Hauts-de-Seine. Lorsqu’on lui pose la question, il ouvre même de grands yeux étonnés. "Jouer ailleurs ? Bof… J’ai eu la chance de grandir avec ce club, d’y connaître toujours des objectifs très élevés, de l’accession au Top 14 au Bouclier de Brennus, en passant aujourd’hui par la Champions Cup. Et puis, il ne faut pas se mentir : je n’ai jamais été énormément sollicité, non plus…" Disons, alors, que la question de son départ se serait probablement posée si l’idée fumeuse de Jacky Lorenzetti et Thomas Savare, au sujet d’un grand club parisien, avait vu le jour : "Je ne sais pas si je serais parti. Mais j’aurais eu beaucoup moins d’affect pour le nouveau maillot, c’est sûr."

Les Bleus, comme une gifle

Henry Chavancy, promu capitaine après les désagréments rencontrés en fin de saison dernière par Maxime Machenaud dans ce rôle, est un trois-quarts centre comme on n’en fait plus, un joueur plutôt trapu, dur au mal, plus craint pour son âpreté défensive que pour la vivacité de ses appuis ou la précision de sa passe. à son sujet, Ronan O’Gara nous confiait il y a quelques années : "Les mecs du Racing seraient tous prêts à crever pour Henry. J’ai un peu connu la même chose à l’époque où j’étais le fils du Munster. […] Vous savez, on a eu des mots, avec Henry. Il n’était pas professionnel, au départ. Il faisait trop la fête, mangeait n’importe quoi. Aujourd’hui, l’équipe de France pourrait pourtant créer un truc autour de lui. Il ne fera jamais des choses folles comme Wesley Fofana mais il peut déblayer trente rucks par match, réaliser quinze plaquages et monopoliser deux défenseurs sur chaque prise de balle…" De toute évidence, l’équipe de France n’a jamais souhaité "créer un truc" autour de Chavancy. L’équipe de France était à ce poste dotée de surdoués, qu’ils se nomment Virimi Vakatawa, Sofiane Guitoune ou Gaël Fickou, et n’a pas jugé bon d’emmener le Racingman au Japon.

Alors, a-t-il aujourd’hui tiré un trait sur une carrière internationale n’ayant jamais vraiment décollé ? Il l’avoue sans le dire : "J’ai le bonheur d’avoir goûté au maillot bleu, c’est assez rare dans une carrière. Certains joueurs courent même après toute leur vie sans pouvoir le toucher. Mais voilà : je m’étais fixé l’objectif de disputer le Mondial japonais et j’ai pris une grosse claque, en ne voyant pas mon nom sur la liste. […] Voilà… Je n’ai pas d’aigreur… Je me dis juste qu’à mon poste, il y avait des mecs exceptionnels et Virimi (Vakatawa) en fait évidemment partie." Vendredi soir, Henry Chavancy a de son côté terminé le 300e match de sa carrière comme il le fait si souvent, lesté du trophée symbolique de meilleur plaqueur de la rencontre (13 plaquages). "La Champions Cup est un vieux rêve, a-t-il conclu à l’Arena. J’ai eu la chance de gagner un Bouclier de Brennus (2016), j’étais là pour le titre de Pro D2, la Coupe d’Europe est donc le seul titre qui me manque… Sincèrement, faire partie de l’équipe ayant fait monter le club puis de celle qui remporte la coupe d’Europe dix ans plus tard serait merveilleux. Mais on n’en est pas là."

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