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Lakafia : « Nous avons toujours fait bloc »

Par Propos recueillis par Pierrick Ilic-Ruffinatti
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Publié le Mis à jour
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Capitaine du RCT depuis le départ de Mathieu Bastareaud, le troisième ligne international explique le regain de forme de son club par deux facteurs : l'affirmation de nouveaux leaders et la confiance qu'ont toujours accordé les joueurs au projet porté par Patrice Collazo, malgré des résultats décevants.

Qu'est-ce qui explique la bascule entre le Toulon neuvième de la saison passée, et celui qui n'a plus perdu depuis plus de deux mois ?

La première chose : ce groupe n'a jamais baissé les bras. Le staff est resté mobilisé, dans la victoire comme dans la défaite. Il a travaillé afin qu'on continue d'y croire. Les coachs, même si les résultats étaient décevants, ont insisté sur le jeu à mettre en place, afin qu'on trouve une identité comprise de tous. L'objectif était de pouvoir travailler durablement avec un groupe qui fait les choses parce qu'elles ont du sens, pas parce qu'on les lui demande.

 

Et ça fonctionne ?

Aujourd'hui, beaucoup plus de joueurs s'investissent, prennent leurs responsabilités. On sent que l'équipe est sur une nouvelle dynamique très positive. Notre histoire n'a pas commencé cette saison mais l'an dernier. Malgré des périodes plus compliquées et des résultats parfois décevants, ce groupe a toujours cru dur comme fer en ce qu'il faisait. Même s'il ne faut pas s'emballer, on sent que c'est en train de payer. On n'a rien gagné et on n'est qu'en décembre, mais c'est agréable de travailler avec un peu plus de sérénité. On observe également que Mayol retrouve des couleurs. On n'a rien gagné et on n'est qu'en décembre, mais c'est agréable de travailler avec un peu plus de sérénité. C'est une dynamique globale de club qui repart avec les victoires.

 

Et qu'est-ce que ça change, au quotidien ?

Quand tu arrives au centre d'entraînement après une défaite, le lundi matin, c'est parfois compliqué... Là, avec la petite série en cours, l'ambiance est différente. Tout le monde a la banane, on rigole, personne ne regarde par terre. C'est un tout autre confort de travail. Ensuite, ça peut paraître anecdotique, mais je prends l'exemple des séances vidéos : c'est tellement plus agréable de se voir marquer des essais que de se regarder en encaisser. Ça joue sur l'humeur des troupes. Quand tu rentres d'un match moyen, tu rumines, tu repenses à tes actions et tu as nécessairement des pensées négatives. Là quand on rentre d'une victoire, on a l'esprit plus léger. Même quand le match n'est pas complètement abouti, tu es souriant, tu rigoles avec tes proches. C'est bien plus confortable de travailler dans la victoire. Maintenant que les résultats sont positifs, il faut qu'on réussisse à garder les mêmes axes de travail, et surtout qu'on ait conscience que tout n'est pas encore parfait. C'est le piège.

 

C'est à dire ?

Quand tu perds tout n'est pas mauvais. Dans ces moments-là, il faut trouver les mots et les solutions pour que tout le monde reste concerné. Alors quand tu gagnes, tout ne devient pas magnifique non plus. On doit continuer à travailler. Mais c'est évident que nous sommes actuellement dans une dynamique positive, et l'ambiance s'en ressent. Elle est meilleure et tout s'enchaîne bien plus naturellement au sein du groupe.

 

On imagine également que quand tout roule, le rôle de capitaine n'est pas exactement le même.

Quand tout va bien il y a moins de choses à dire, moins de réconfort à apporter (sourire). Parce que la confiance appelle la confiance, donc nécessairement tout le monde a envie de poursuivre le cycle et tu as moins à trouver les mots pour permettre au groupe de relever la tête. Alors j'essaye simplement de dire que c'est positif, qu'il faut continuer, mais je répète également qu'il faut savoir rester humbles. Gagner fait du bien, mais il ne faut pas s'emballer.

 

Voir le staff maintenu, alors que les résultats étaient moins bons qu'espérés la saison passée, a-t-il eu un impact sur le groupe ?

Nous avons toujours fait bloc, staff et joueurs unis. Ça ne s'est jamais délité. Avec les résultats, il aurait pu se passer plein de choses mais nous sommes restés soudés. On a parfois courbé l'échine et on a tenu bon. Ce groupe s'est un peu forgé dans la douleur et ça nous donne une force de caractère collective. Nous avons toujours eu confiance en nos partenaires et en ce staff, nous avons toujours travaillé dur même si ça ne payait pas toujours. La situation est désormais plus positive, même s'il reste beaucoup de chemin pour atteindre nos objectifs.

 

Quand situeriez-vous le point de bascule ?

Il y a tant de petits événements qui peuvent créer le déclic... Pour moi, plus qu'un moment en particulier, c'est une dynamique qui s'enclenche : moins de blessures, des recrues qui apportent un nouveau regard, une fin de match qui tourne en notre faveur... Ce sont pleins de petits détails qui comptent. Le retour des Mondialistes a aussi fait beaucoup de bien. Ces joueurs ont apporté de la fraîcheur, de l'expérience. C'est un ensemble qui explique que les choses se mettent à sourire à nouveau.

 

On a également le sentiment que certains joueurs ont pris le leadership...

Avant même de parler de « leaders », beaucoup de joueurs se sont investis. La saison passée nous avions un groupe assez jeune, peut-être trop bloqué dans le schéma « on arrive le matin, on fait ce qu'on nous demande, on baisse la tête et on applique ce qui est inscrit sur le tableau noir le week-end ». Aujourd'hui, certains joueurs ont pris les commandes sur tout ce qui fait une équipe : le plan de jeu, les décisions, les entraînements. Ils n'hésitent plus à parler avec le staff et à porter des requêtes sur certains axes de travail. Les coachs ont formé un petit groupe de leaders, pour progresser en équipe. Cela renforce et oriente bien le travail fait la semaine.


 

Quels joueurs sont plus décisionnaires que par le passé ?

Il y a des jeunes, des vieux, des étrangers, des Français... Je pense à Antho' Étrillard, Charles (N.D.L.R. Ollivon) depuis qu'il est revenu du Mondial, Flo' Fresia, Romain (Taofifenua), Louis Carbonel, Antho' Belleau, Baptiste (Serin) et Sergio (Parisse) même s'ils sont arrivés à l'intersaison, ou encore Liam Messam et Julian Savea. Tout le monde s'y met et on ne parle plus vraiment d'un leader, mais bien de mecs qui donnent leur avis. Ce groupe savait qu'il avait un potentiel énorme, il se donne désormais les moyens de l'exploiter. Certains mecs se sont affirmés, ça tire l'équipe vers le haut.

 

Le départ de certains historiques, comme Mathieu Bastareaud ou Guilhem Guirado, a-t-il libéré la parole ?

C'est difficile à estimer. On a toujours eu un profond respect pour ces mecs-là. Ils ont fait l'histoire de ce club. Je ne pense pas que leur départ ait libéré les paroles... C'est davantage le fait que certains mecs sont à Toulon depuis des années, avec une expérience et un nombre de matchs qui ne cesse de grandir, qui a compté. Ils ont pris conscience que leur parole comptait. Ils se sont affirmés, pour le bien du groupe.

 

Un mot sur le changement de propriétaire ?

En tant que joueurs, nous vivons ça d'assez loin. On ne sait pas véritablement ce que ça change. Le départ de Mourad Boudjellal ? On l'a appris comme tout le monde. Nous, les joueurs, avons un grand respect pour ce qu'a accompli Mourad à Toulon, comme nous avons un grand respect pour le projet que Bernard (N.D.L.R. Lemaître) veut mettre en place. Mais ce sont des choses qui ne nous concernent pas vraiment. La seule chose qui importe c'est d'être performant sur le terrain. L'adversaire se moque du nom de notre propriétaire. Lui, ce qu'il veut, c'est battre Toulon. C'est une nouvelle ère, avec un nouveau centre d'entraînement, une nouvelle politique mise en place pour l'avenir, mais les joueurs sont là pour être performants et c'est tout. Qui est président ou actionnaire majoritaire, ça ne change rien : les matchs font 80 minutes et on doit être au niveau.

 

Désormais quasi-qualifiés en Challenge Cup et bien placés en Top14, quels objectifs se fixe le groupe ?

Je n'aime pas parler d'objectifs, en annonçant haut et fort « on veut gagner ça et ça ». En faisant ça, tu ne peux que passer pour un con. On revient de loin et on doit simplement travailler dans notre coin, comme on le fait depuis deux ans, pour figurer le mieux possible. Et pourquoi ne pas s'offrir une fin de saison à suspense ?

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