Sa conquête du monde

  • Fabien Galthié lors de l'entretien exclusif à Midi Olympique
    Fabien Galthié lors de l'entretien exclusif à Midi Olympique Midi Olympique - Patrick Derewiany
Publié le Mis à jour
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L'édito d'Emmanuel Massicard... On ne refait pas les hommes. Quand certains décident d’entrer en scène sous des tonnerres de lumière, d’autres préfèrent l’ombre et, tout bonnement, la discrétion. Question de caractère, d’éducation, voire d’opportunités. Vous l’aurez ainsi remarqué, Fabien Galthié n’a pas connu la même intronisation que ces prédécesseurs, désignés dès l’aube sauveurs de la patrie, pompiers de service ou experts en élevage de coqs à crête tricolore.

L’héritier de Brunel a, lui, choisi d’endosser le costume de sa vie en douceur, campé au milieu de son staff et sans que sa tête ne dépasse. Pendant deux mois, ses mots ont été ceux du collectif et le consultant pourtant si bien rodé à l’exercice médiatique s’est même fait rare, parfois précieux et silencieux. Il a d’ailleurs longtemps réfléchi avant d’accepter le jeu du grand entretien que nous lui proposions depuis la fin de la Coupe du monde. Pendant tout ce temps, à chacune de ses rencontres, il distillait ses messages, portait la promesse d’un engagement féroce et vantait les mérites de la valeur travail.

Sans faire injure à ses prédécesseurs, jamais un sélectionneur ne nous ait apparu autant acharné à la tâche, maniaque et obsessionnel. Déterminé à tout préparer, intellectualiser ou objectiver avant de plonger dans l’action, le 2 février face à l’Angleterre, il justifie : « Nous n’avons que trente-six matchs à jouer (et certainement quelques rencontres amicales) à jouer d’ici à la prochaine Coupe du monde. Alors, il est important de bien s’entraîner et de ne pas perdre de temps… » Engagement, travail, partage et préparation, voilà le discours de la méthode du sélectionneur Galthié.

S’il y a bien quelques similitudes avec son parcours en club, tout cela ne doit rien au hasard. L’enfant de la balle — parfois capricieux mais hyper doué — endosse l’habit du bourreau de travail comme pour asseoir sa légitimité et porter la réussite tricolore jusqu’au titre de champion du monde. Pour cela, il se veut ouvert et fédérateur. Il partage ses projets avec les clubs, rencontre les joueurs, s’entretient avec eux. Détaille et cherche à comprendre. Bref, il joue l’ouverture sur tous les fronts avec l’espoir d’embarquer le plus de monde possible dans sa quête en laissant de côté ce qu’il appelle les « hernies » de son parcours.

C’est finalement le défi d’une vie de rugby - « dont 30 ans de rugby international » - qui l’attend et dépasse très largement le cadre de ses missions fédérales. Au vrai, s’il ne dit qu’à mots couverts, c’est une quête farouchement personnelle que va mener Fabien Galthié, celui dont la carrière n’a jamais été couronnée de succès mondial même s’il n’est jamais passé très loin : finaliste en 1999, troisième en 1995 et quatrième en 2003… « Avec Raphaël (Ibanez), nous comptabilisons huit éditions de Coupes du monde. Depuis 1999, nous gardons ce parfum d’inachevé. Et nous voulons terminer l’histoire. Cela nous porte tant d’années… » Comme une revanche à prendre sur le sort, Galthié cherche sa part d’héritage, habité la flamme et le reflet doré du Trophée Webb-Ellis. On ne fait guère mieux pour toucher à la reconnaissance d’un milieu qui s’est souvent montré aigre-doux à votre égard.

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