Avec nos meilleurs vieux

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Publié le Mis à jour
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L'édito d'Emmannuel Massicard... Vous le savez, la mode actuelle est au jeunisme. Il en va de cette société devenue "hoqueteuse" à force de zapper d’un désir à l’autre, comme de ce rugby français décomplexé par l’enthousiasme de ses gamins de 20 ans.

On parle évidemment des "Bleuets", doubles champions du monde en catégorie "espoir", qui portent l’ambition d’une reconquête tricolore pour 2023. Dans leur sillage, tant d’autres jeunes ont profité de l’élan et du triple "kiss cool" Jiff/Doublons/Nouvelles règles pour découvrir qu’ils avaient à jouer en Top 14 ou en Pro D2 quand, jusqu’alors, tout le monde leur prédisait un futur sans avenir. D’un coup, ceux qui n’étaient jamais été assez bons techniquement, solides physiquement ou mûrs psychologiquement pour le haut niveau sont devenus légitimes. Parce qu’ils ont joué. Et parce que des présidents, entraîneurs ou partenaires leur ont fait confiance…

Il ne fallait pas davantage que des gueules bien faites pour que l’opportunité d’un jour devienne une évidence. Et plus encore une mode. Nous ne nous féliciterons jamais assez de voir les clubs valoriser leur formation en quête du prochain Dupont, Joseph, Coville, Boniface ou Carbonel, ces pépites qui légitiment désormais les choix sportifs et économiques du rugby pro. Nous applaudirons toujours l’éclosion d’un Carbonel et d’un Barassi, l’avènement d’un Couilloud, Jalibert ou Ntamack. Leurs promesses sont les nôtres. Et leur ambition, souvent empressée, est notre devoir de patience.

Ces jeunes, aujourd’hui et demain, doivent trouver autour d’eux un terreau favorable à leur croissance et à leur épanouissement. On parle évidemment du rugby mais plus encore du cadre de vie proposé autour. De la pertinence des études, de la richesse de leur accompagnement, des bruits et lumières de la cité comme de la place qu’ils auront à y trouver pour se connecter à la réalité d’une carrière qui ne sera jamais qu’une première vie. Avant la suite, toujours plus longue…

Ces jeunes, disons-le, ont l’avenir devant. Et ils représentent le futur du XV de France. Pas sûr qu’ils soient tous présents à Marcoussis dans les semaines à venir, quand Fabien Galthié aura réuni son premier groupe et qu’il se projettera vers l’Angleterre, son premier grand défi. Le premier de ses 36 travaux d’Hercule avant le Mondial 2023. Pas le plus facile. Pour l’aborder, le sélectionneur se dit déterminé à ne pas tout casser du passé récent qui a vu le XV de France relever la tête, au Japon… Gatlhié a déjà semé quelques cailloux sur les terrains d’entraînement, comme autant de repères. Par manque de temps, sagesse, prudence ou clairvoyance, il ne devrait pas céder à la "jeunite" aiguë et certains "anciens" pourraient encore avoir accès au monde des Bleus. On pense à Maxime Médard, principalement. Ou à Bernard Le Roux. Que la jeunesse n’a pas encore délogé et qui pourraient être nos meilleurs vieux.

C’est tout le mal qu’on leur souhaite à l’instant de dresser la liste des vœux pour cette nouvelle année. Que 2020 soit riche d’exploits, de sens et d’aventures à partager. Toujours avec un ballon, au centre de toutes nos attentions. L’autre nuit, au bout d’un rêve, j’ai retrouvé un "Wallaby" au pied du Sapin. Ce bout de cuir au touché particulièrement doux que nous nous transmettions avec les copains. Si agréable à passer par beau temps mais si difficile à apprivoiser sous la pluie. Lourd comme un lingot d’or. Glissant comme une savonnette. C’était notre trésor commun, celui qui nous réunissait. Puisse-t-il demain redevenir à la mode…

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