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Élissalde : « On peut faire quelque chose de grand à Montpellier »

Par Par Julien Louis (avec Vincent Franco)
  • Jean-Baptiste Élissalde (Montpellier)
    Jean-Baptiste Élissalde (Montpellier) - Julien Louis
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Débarqué en début de semaine au MHR, l'ancien entraîneur du XV de France évoque ses ambitions. Sans détour.

Quel est votre sentiment sur vos deux premiers jours à Montpellier ?

C'est un peu particulier. En équipe de France, je n'avais pas l'impression d'être dans un club, de par la distance qu'il y avait avec le terrain et avec les joueurs. En venant ici, je suis un peu comme un enfant qui découvre une nouvelle maison ou un nouveau lieu pour s'amuser, pour jouer, pour travailler. C'est un peu particulier mais j'ai la chance d'être proche de Xavier (Garbajosa). Il me guide bien, mes deux premières journées se sont très bien passées. Tout le monde a été bienveillant avec moi et je remercie le personnel du club de m'avoir intégré de cette façon.

Avez-vous de l'appréhension avec ce nouveau challenge montpélliérain ?

Bien sûr que je suis un peu tendu. Déjà, la rencontre avec l'humain, avec les joueurs, le président. Comment me perçoivent-ils ? Comment me percevaient-ils quand je jouais à Toulouse ? Ensuite, ce que j'ai appris avec mon passage à Toulouse, c'est de toujours échanger, ne pas être fermé. Il y a de nombreux joueurs avec énormément d’expérience, je pense donc que s'ils ont envie de construire quelque chose avec nous, ça se passera bien.

Est-ce Xavier Garbajosa qui vous a contacté ?

Avec Xavier, on échange depuis 2002. On échangeait déjà des ballons quand on jouait. Ensuite, on a échangé nos états d'âme quand on entraînait, lui à La Rochelle et moi à Toulouse. Puis on échangeait beaucoup de bêtises aussi, quand on se croisait parce qu'on est potes. Donc, oui, on parlait de rugby depuis longtemps. Cette fois, au début, il me parlait de l'année prochaine. Je lui avais dit que je ne savais pas trop, je sortais d'une Coupe du Monde intense. Finalement, avec l'appel du terrain, je lui ai dit oui sans grande hésitation.

Dans votre discours, on sent que Montpellier rime avec Xavier Garbajosa. Est-ce votre amitié avec lui qui vous a fait venir ici ?

Il y a l'amitié, oui, mais je pense aussi qu'il y a ici du potentiel au niveau du rugby. Surtout, en terme d'amélioration et connaissant les projets de Xavier, si on travaille bien et qu'on prend le temps de bien faire les choses, on peut faire quelque chose de grand. Alors oui, ça va prendre du temps, mais on va le faire.

N'y a-t-il pas déjà une urgence ?

Je ne veux pas la ressentir ou en tout cas pas la transmettre. Je veux rester positif et entraînant. L'urgence est très présente dans notre métier mais il faut qu'on s'en détache, qu'il y ait de la projection. On ne peut pas, en deux semaines ou deux jours, tout révolutionner. Xavier a entrepris du boulot depuis le début de la saison. Il continue, ça va encore perdurer. Il faut aussi que les joueurs et le staff apprennent à se connaître. Ça prend du temps.

Que partagez-vous avec Xavier Garbajosa ?

On a été marqués de 10 ans de vie commune et beaucoup de réussites. Avec la réussite, on apprend tout le temps. C'est ça la vérité. Tout n'est pas transposable mais notre culture toulousaine, notre parcours avec de temps en temps des difficultés, des blessures, des remises en questions, de la concurrence... Tout ça fait qu'on a des similitudes au niveau de l'enseignement et du terrain. Forcément, ça déteint sur notre façon d'entraîner.

Quelles seront vos prérogatives ?

Xavier devrait répondre à cette question. Dans un premier temps je vais être à son soutien et au soutien du staff déjà présent. La chance que tu as quand tu es un peu à l’extérieur c'est que tu n'as pas la pression du résultat. J'ai pu regarder des matchs (de Montpellier) et je dirai au staff les quelques points d'amélioration.

Lesquels ?

Je trouve qu'ils sont en très bonne voie avec le ballon, mais le rugby que veut produire Xavier demande beaucoup de temps pour se mettre en place. Je serai peut être plus porté sur le jeu sans ballon, au départ, ou dans la façon dont on va s'en séparer.

Prônez-vous aussi ce rugby de mouvement, malgré la présence de nombreux Sud-africains ?

Vous savez, si on a performé dans les clubs par lesquels nous sommes passés avec Xavier, c'est parce qu'on était très fort sur le jeu sans ballon et en conquête. Sans ça, je ne vois pas une équipe de rugby qui réussit. Les Sud-Africains sont champions du Monde, donc ils doivent pas trop mal jouer au rugby ! (rires) Je les découvre aussi. Il faut qu'ils s'adaptent à nous et nous à eux.

Les joueurs parlent déjà de changements, depuis votre arrivée. Qu'avez-vous cherché à mettre en place ces deux premiers jours ?

J'avais observé que de nombreux joueurs essayaient de vite récupérer le ballon dans les rucks, qu'il étaient souvent impatients, notamment dans les contests. Cette grosse présence dans les rucks causait ensuite des cassures dans la défense. Il faut donc une meilleure circulation en défense pour avoir une meilleure ligne. C'est un des points d'amélioration qui m'avaient sauté aux yeux en tant que simple spectateur. J'en ai parlé à Xavier et il m'a demandé d'être concentré là-dessus au début.

Auriez-vous aimé poursuivre l'aventure avec Fabien Galthié, en équipe de France ?

Le fait que Fabien ait hésité à me conserver, alors qu'il avait déjà fait son staff, c'est que j'avais répondu à ses attentes. On en a discuté à demi-mot, du rôle que je pouvais avoir mais je sentais que c'était rajouter du monde à du monde. L'équipe de France, quand vous êtes jeune, que vous n'avez pas les joueurs sous la main, vous ne vous entraînez pas bien. Ça facilite les défaites car les autres équipes sont mieux préparées que vous. Ça devaient alors compliqué. J'avais vraiment le manque du terrain, cette envie de transmettre au jour le jour. Fabien m'aurait proposé une place dans le staff du XV de France, j'y aurai sincèrement réfléchi à deux fois. Ça ne s'est pas fait, ce n'est pas grave. Et ça arrangeait tout le monde.

Vous êtes-vous imaginé un jour numéro 1 ?

J'en parlais avec Xavier, je ne suis pas dans cette dynamique là. Au football, il y a de très bons adjoints. Ce n'est pas minable d'être numéro 2 ou 3. Il y a des mecs admirables qui ont fait de belles carrières en tant qu'adjoint. L'adjoint de Laurent Blanc est emblématique. On ne le connaît pas mais il fait un travail monstre. Aujourd'hui, je ne suis pas forcément très porté sur le management.

Le métier d'entraîneur peut-il être un peu plus compliqué à exercer ici à Montpellier qu'ailleurs ?

On a que ce que l'on mérite, mais on mérite aussi d'avoir un peu de temps. Ce qu'on veut mettre en place, ça ne se fait pas en claquant des doigts. C'est notre destinée. Connaissant Xavier et me connaissant, on va s'investir à 100%.

Y'a-t-il des joueurs à votre disposition sur lesquels vous fondez beaucoup d'espoirs ?

Il faut que j'observe ça d'un peu plus près, je ne connais pas encore tout le monde. Du potentiel il y en a à tous les niveaux. Bien sûr que cela peut être amélioré, par notre travail déjà et peut être par quelques jeunes qui vont jouer ce week-end. On va déjà essayer d'améliorer le potentiel physiologique, technique de cette équipe et, après, peut-être qu'on fera venir quelques joueurs. Par rapport aux équipes qui jouent les premiers rôles, il y a peut-être quelques manques.

Parmi les autres nouveautés, il est question d'une arrivée imminente de Philippe Saint-André...

Je ne sais pas trop. J'en ai entendu parler, comme vous. J'ai surtout parlé de rugby avec Xavier. Le reste, il vous y répondra ou quelqu'un vous y répondra. Moi, je ne sais rien.

Envisagez-vous de travailler plus spécifiquement avec les numéros 9 ?

Je peux discuter avec eux oui, ils auront d'ailleurs un autre rôle dans le système défensif maintenant. Mais je suis déjà assez proche d'un des neufs, un petit, Rochelais (Benoît Paillaugue, N.D.L.R.). On habitait dans la même rue, c'est fou ! Plus sérieusement, il aura un gros rôle à jouer dans le groupe, de par son expérience. Ça fait 12 ans qu'il est au club, il arrive sur son dernier contrat ici et il doit être un allié de toute notre équipe et du staff.

Cinq Montpelliérains dans le groupe du XV de France, une réaction ?

Il faut féliciter le travail de Xavier, le travail des préparateurs physiques, le travail du staff et de ceux qui les ont mis sur le terrain avant nous. Paul (Willemse), on l'avait déjà sélectionné. Il a le corps pour jouer au niveau international, malheureusement il s'était blessé avant la Coupe du Monde. Gaby (N'Gandebe) a un petit gabarit mais il est très vif. On s'aperçoit aujourd'hui qu'avec ces défenses resserrées, ces mecs-là peuvent faire des différences incroyables et il est assez logique qu'il soit pris. De là à être titulaire dès le début, je ne sais pas... Mohammed Haouas est une belle découverte, ça peut être une belle surprise. Après, pour Arthur (Vincent) et Anthony (Bouthier) c'est assez logique. Ils savent où ils veulent aller et c'est très bien.

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