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Maxime Médard : « Je ne vois pas pourquoi je dirais que j'arrête »

  • Maxime Médard (Toulouse)
    Maxime Médard (Toulouse) Icon Sport - Manuel Blondeau
Publié le Mis à jour
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Non retenu dans la première liste de Fabien Galthié, l’international aux 63 sélections ne compte pas faire une croix sur les Bleus. À 33 ans, il sait que ses chances de revenir sont désormais plus minces mais, en compétiteur hors pair, veut se fixer ce défi.

Vous n’avez pas joué lors des deux derniers matchs. Comment allez-vous ?
Oui, j’ai été « off » les deux derniers week-ends. Pour celui du Stade français, je pense que c’était voulu par le staff. Et, avant le déplacement au Connacht, j’ai ressenti une douleur au niveau du tendon, donc les entraîneurs ont préféré me ménager pour me laisser revenir à 100 %. En fait, je suis allé faire un footing de récupération et je crois avoir un peu trop poussé.

Il vous arrive donc encore de trop pousser, même à 33 ans ?
J’aime bien courir. J’ai besoin de sport pour me sentir bien. Là, j’y ai peut-être été un peu trop fort (sourires).

Au-delà de cette anecdote, on n’a pas l'impression en vous voyant que Maxime Médard a 33 ans. Vous semblez frais physiquement et mentalement...  
C’est sûrement dû à ma génétique et j’en remercie donc mes parents (rires). Sérieusement, je ne sais pas comment l’expliquer. C’est surtout difficile de se dire qu’à 33 ans, on n’est plus bon à rien. Moi, je n’ai pas envie de me le dire. C’est mon petit enjeu personnel. Je veux continuer, être performant et travailler dur. Je traverse forcément un moment de transition, je suis rentré de la Coupe du monde et il faut trouver d’autres objectifs. D’abord avec le club et après, on peut voir plus loin. Je suis au Stade toulousain depuis longtemps, je connais très bien l’endroit et c’est plus facile pour moi de venir tous les jours et de faire ce que j’aime le plus : m’entraîner, courir, voir les potes.

L’envie n’a donc jamais décliné. Est-ce parce que vous vous savez en fin de carrière et que vous voulez profiter jusqu’au bout ?
Non, ma réflexion n’est pas d’en profiter jusqu’au bout. Elle est plutôt que l’âge n’est pas un frein. Cette excuse-là, je la trouve facile à avancer. Mais personne ne peut m’empêcher d’espérer quoi que ce soit. Je dois peut-être juste m’entraîner plus qu’avant pour être sur le terrain. Ce n’est pas plus dur physiquement mais parce que je suis en concurrence. Oui, je suis sur la fin de ma carrière mais j’ai toujours aimé relever des défis. Je vois le côté excitant de celui-là.

En toile de fond, vous évoquez l’équipe de France puisque vous ne faites pas partie du groupe de 42 annoncé la semaine dernière pour préparer le Tournoi. Sincèrement, comment l’avez-vous vécu ?
(Il hésite longuement) Je n’ai pas de… (il marque encore une pause). Je comprends. Inconsciemment, je m’en doutais un peu mais on espère toujours. L’équipe de France, c’est un nouveau défi. Mais mon cas n’est pas important. D’autres joueurs sont dans ma situation. Certains, plus jeunes que moi, ne sont pas sélectionnés et sont déçus. Je le suis aussi. Je vais continuer à bosser et, comme je l’ai dit, personne ne m’empêchera d’espérer.

On n’a pas le sentiment, dans votre esprit, que cette liste marque la fin de votre carrière internationale…
Si on m’appelle et si on me dit « on ne te prendra plus », ce sera différent. On ne m’a pas forcément dit ça. Donc je ne vois pas pourquoi je dirais que j’arrête. Le XV de France, je trouve que c’est beau. Tu représentes ton pays et c’est une récompense de ton travail quotidien, de celui de ton équipe. On ne m’a pas téléphoné en m’affirmant que j’étais hors course. Donc je bosse dans mon coin, je fais le dos rond et on verra.

Quand vous disiez que vous vous en doutiez, était-ce le fruit des discussions que vous aviez pu avoir avec le staff des Bleus ?
Non, cela venait plutôt des informations qui sortaient ces dernières semaines.

Pourtant, vous êtes parmi les 90 joueurs que le staff a rencontrés en amont...
Les discussions qu’il y a eu entre Laurent Labit et moi ont été honnêtes et franches. On a parlé et c’était un très bon échange. Le contenu restera entre nous mais il ne m’a pas forcément dit que je sortais de la course. Au-delà, pour ma part, je trouve que le staff a eu un bon esprit en choisissant d’appeler les joueurs pressentis mais qui n’étaient pas pris pour les prévenir avant la liste. Ça montre une évolution positive.

On connaît votre rapport au maillot du XV de France. Est-ce que, dans votre vision des choses, la sélection ne se refuse pas ?
Dans ma tête, oui, je viserai toujours l’équipe de France car j’ai toujours fonctionné ainsi. Chez les jeunes, à mes débuts chez les pros ou jusqu’à maintenant. J’ai toujours essayé d’être bon en club pour espérer accrocher la sélection. C’est une consécration, c’est magnifique. Mais, aujourd’hui, je n’y suis pas. Mais l’équipe de France n’appartient à personne.

Avant la Coupe du monde, aviez-vous déjà réfléchi à la suite ? Certains avaient annoncé qu’ils arrêtaient, d’autres qu’ils continuaient mais vous n’aviez rien affirmé de votre côté…
Parce que, je le redis, mon cas n’est pas important ! On m’a posé la question... En réalité, j’avais pris ma décision avant le Mondial de ne pas forcément arrêter.

La compétition vous a-t-elle d’ailleurs renforcé dans votre idée ? Vous avez été performant, notamment sur le quart de finale contre le pays de Galles…
Je crois avoir été performant sur les matchs importants. Donc, oui, cela m’a confirmé que je pouvais poursuivre, que j’en étais capable. Ces dernières années en équipe de France ont peut-être été les plus belles pour moi. Mais j’ai aussi questionné ma famille pour savoir ce qu’elle en pensait, ce qui était possible. Plus tu prends de l’âge, plus tu fais attention à certaines choses. Il faut être minutieux et rigoureux.

Vous n’avez jamais caché que l’arrivée de votre petite fille vous avait beaucoup fait évoluer. Pour votre équilibre familial, aviez-vous besoin de l’approbation de votre femme ?
Oui, j’ai besoin d’avoir ce soutien. Tout athlète a des gens derrière lui. Être sportif de haut niveau, c’est 24 heures sur 24 et ça ne s’arrête pas au club. Tout est dans la continuité : tu rentres chez toi et il faut bien manger, bien dormir. Cela impacte ta famille. Les femmes de joueurs, même si je n’aime pas trop ce terme, ont beaucoup de mérite car ce n’est pas toujours évident de vivre avec nous.

On vous sent tout de même très épanoui depuis quelques années…
J’ai toujours cherché à m’améliorer durant ma carrière. Mais ce qui m’a fait progresser ces dernières saisons, ce sont mon alimentation ou les moments durant lesquels je me suis posé. Ces instants m’ont permis d’être plus ancré sur ce qui est essentiel. Je râle toujours parfois, c’est dans ma personnalité. Mais j’essaye de davantage prendre sur moi.

Ce fort caractère, arrivez-vous à le mettre désormais à profit pour le collectif ? Vous prenez notamment plus la parole à Toulouse…
Je n’ai pas souvent été constructif mais, si cela m’est parfois arrivé, tant mieux. Je pense vraiment qu’avec l’âge, les échecs que j’ai connus, mes réussites, ma fille, ma famille, j’ai vécu beaucoup de choses. Je sais ce qui est bon pour moi aujourd’hui et ce qui l’est moins. Je relativise sûrement mieux. Là, par exemple, je ne suis pas pris en équipe de France. Il y a bien plus grave dans la vie. Cela ne signifie pas que je lâche tout, juste qu’il faut pondérer. Est-ce que mon âge pose problème ? Ce n’est pas vraiment ce qu’on m’a fait comprendre. À moi d’être en forme pour revenir.

Avez-vous besoin, pour être performant, de candidater à l’équipe nationale ?    
Comment dire ? Oui… Mais je pense qu’aujourd’hui, ce sera plus dur qu’avant pour y être. Je suis un compétiteur comme tout le monde, peut-être avec un baromètre plus élevé que certains. Plus le défi est grand, plus c’est excitant.

Yoann Huget, l’un de vos meilleurs amis, est dans le même cas. En avez-vous discuté ?
Non, nous déconnons beaucoup ensemble mais sommes assez pudiques par rapport à ça. C’est notre propre relation.  

Vous étiez-vous déjà imaginé la fin en équipe de France ?
On imagine toujours une fin mais elle est souvent brouillée par d’autres choses (sourires). Donc on essaye de ne pas trop y penser. Je ne suis pas sûr qu’il y ait une bonne ou une meilleure fin. Il faut surtout essayer d’être content de ce qu’on a fait.

Vous avez prolongé votre contrat au Stade toulousain la saison passée. Vous êtes-vous projeté sur l’arrêt de votre carrière ? Savez-vous pour quand ce sera ?
Il me reste deux ans de contrat, enfin pas tout à fait deux ans parce que Didier (Lacroix) n’a pas voulu (rires). Il me disait que j’étais trop âgé pour signer trois ans, donc il m’a fait deux saisons plus une autre en option ! J’ai pas mal de projets en cours et une boîte à Paris, « Fiters », qui existe depuis plus de trois ans, qui marche bien et dans laquelle j’ai investi avec d’autres joueurs comme Louis Picamoles ou Jacques Boussuge. C’est compliqué de trouver d’autres passions, d’y mettre autant d’énergie. C’est donc intéressant et ça permet de sortir du contexte rugby.

L’incroyable saison dernière avec Toulouse a-t-elle servi à, si ce n’est raviver la flamme, du moins l’entretenir ?
Quand tu joues avec autant de joueurs exceptionnels autour de toi, c’est un régal. Il y en a toujours eu ici mais, l’an passé, on a eu ce petit truc qui nous a amenés à nous trouver tout le temps. Un gros changement a été effectué au sein du club, il fallait passer à autre chose et mettre la marche avant pour espérer être de nouveau champions. On l’a été très rapidement. Mais l’an dernier, on ne pouvait pas ne pas finir sur un titre. C’était trop beau. Franchement, je souhaite à tout joueur de vivre une saison comme ça. C’était magnifique. Sur le rugby pratiqué, sur l’ambiance dans le groupe. L’état d’esprit était incroyable. Certains mecs jouaient très peu, d’autres étaient blessés, mais il y avait toujours l’envie de pousser l’équipe tous ensemble. Sans parler de la cohésion avec les employés du club, avec le staff, avec les supporters… C’est rare ce genre d’année mais c’est magique.

Vous aviez vécu une Coupe du monde à 24 ans. Est-ce différent d’en connaître une autre à 32 ans ?
Oui. Déjà, les deux pays étaient presque opposés dans la façon de penser et d’appréhender le rugby. Pour ma part, je les ai vécues différemment. J’étais sûrement plus en recul au Japon et je prenais du temps pour moi. En Nouvelle-Zélande en 2011, j’étais jeune et je découvrais. Puis, là-bas, le rugby est tellement important. L’atmosphère était lourde. Au Japon, il n’y avait pas cette pression et cela nous a permis de travailler sereinement.

Trois mois plus tard, quel goût vous laisse ce quart de finale perdu contre les Gallois ?
Cela fait malheureusement partie du sport. En 2011, il y avait à peu près la même situation et cela nous avait souri. Là, on avait un groupe avec un état d’esprit remarquable, qui n’a rien lâché. À la fin, ça a mal tourné mais... (il s’arrête). P..., c’était sûrement notre meilleur match contre le pays de Galles, dans le caractère ou la cohésion entre avants et trois-quarts. Il y avait la rage sur cette rencontre : les gros étaient agressifs et les arrières bougeaient partout. On ne sentait pas inquiets. C’est dommage.

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