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Landreau : « Avec lui, pas de temps mort »

  • Fabrice Landreau.
    Fabrice Landreau. Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Au Stade français puis à Toulon, Fabrice Landreau a longtemps travaillé aux côtés de l’actuel sélectionneur national. Il en décrypte les méthodes...

Pour l’instant, les internationaux français semblent conquis par la méthode Galthié. Qu’en dîtes-vous ?

C’est bizarre… J’ai l’impression que tout le monde découvre que Fabien est pointu… Mais il fonctionnait déjà de cette façon-là à Toulon, où rien n’était laissé au hasard. Là-bas, nous voulions par exemple avec Manny Edmonds (alors chargé des trois-quarts du RCT, N.D.L.R.) donner l’équipe aux joueurs le mardi matin, pour qu’ils soient vite dans leur rôle ; Fabien préférait leur communiquer le vendredi, pour les garder sous pression toute la semaine. Quatre heures avant le coup d’envoi, il les faisait encore répéter les lancements en trottinant…

Et le reste, alors ?

Les séances en opposition ? Ce n’est pas nouveau. Les nutritionnistes ? à Toulon, Jean-Baptiste Grisoli (le docteur du club, N.D.L.R.) en était le garant.

Quid du contenu des entraînements ?

Sur le terrain, Fabien a un credo : passer à l’envi du "micro" au "macro". Je m’explique : on démarre par un atelier en micro-cellule où les joueurs, dans un tout petit périmètre, travaillent un geste bien précis ; puis ce petit exercice est alors intégré au mouvement général. Les séances sont courtes, intenses. Les exercices n’excèdent jamais dix minutes. Il n’y a jamais de temps mort.

Quoi d’autre ?

La défense et l’attaque ne sont pas travaillées séparément. Sur le terrain, les défenseurs soumettent les attaquants à une pression terrible et ceux-ci doivent se "démmerder" avec, comme dans une situation de match.

Est-ce toujours aussi intense ?

Non. Dans les clubs, la journée du lundi est souvent monotone, les joueurs ont du mal à relancer la machine… à Toulon, Fabien avait décidé d’optimiser ce début de semaine. En clair, il ne voulait gaspiller la moindre minute. Alors, il faisait répéter les mouvements aux joueurs en marchant : il voulait qu’ils visualisent leurs actions, comme des slalomeurs ou des pilotes visionnent, les yeux fermés, leurs parcours avant qu’ils ne l’entament.

Autre chose ?

Au cours de chaque entraînement, le joueur doit toucher entre 200 et 300 ballons. Les mecs ont toujours quelque chose entre les mains, une balle de tennis, un ballon de rugby, de foot américain… Le but, c’est d’avoir cette dextérité au moment fatidique.

S’inspire-t-il d’autres méthodes d’entraînement ?

Sur l’année que nous avons passée tous les deux à Toulon (2017-2018), il n’a pas arrêté de voyager pour confronter ses connaissances à celles des autres. On a passé dix jours en Afrique du Sud chez les Sharks, trois jours avec Martin Gaitan, qui était alors l’entraîneur des Jaguares, une semaine au Munster aux côtés de Rassie Erasmus, quelque temps chez Leo Cullen au Leinster… Mais le nec plus ultra, ce fut une immersion totale avec le XV de la Rose et Eddie Jones, qui préparait pourtant une rencontre face au pays de Galles.

D’accord…

Qu’il ait fait venir Vok Cilliers en équipe de France ne m’étonne pas. Le jeu au pied est un secteur qui n’est pas traité chez nous. Cilliers, c’est son domaine, son pré carré. Il travaille sur l’exécution pure du geste ; il fait bosser les joueurs sur la réception des ballons hauts, le jeu au pied offensif, l’occupation, la sortie de camp… Avec lui, le "kicking game" redevient une véritable arme offensive.

On dit généralement que le poste de sélectionneur est fait pour Fabien Galthié parce qu’il n’a pas les joueurs sous la main tous les jours. Êtes-vous d’accord ?

Je ne sais pas… Ce qui est certain, en revanche, c’est que le poste de sélectionneur lui offre plus de temps pour réfléchir. Il est moins dans l’urgence. En club, il te faut expliquer cinquante fois la même chose, dix mois sur douze, à cinquante mecs différents. Parfois, Fabien laissait trop d’énergie dans ces têtes à têtes et se trompait, n’avait pas les bons mots…

Un secret ?

Il y a un truc que je ne soupçonnais pas chez lui et que j’ai découvert à Toulon : toutes ses prises de parole, avant un match, répondent à un thème précis. Toute la semaine va ainsi être articulée autour d’une réflexion, qui peut être technique ou philosophique. Je me souviens par exemple d’un jour où il avait anglé son discours sur "le jeu de notre enfance".

C’est-à-dire ?

Malgré les enjeux du sport pro, malgré la pression, les joueurs devaient redevenir les enfants qu’ils étaient lorsqu’ils avaient découvert le rugby. En gros, le discours était celui d’un éducateur d’école de rugby : "prends et donne", "dernier passeur, premier soutien" J’avais trouvé ça original, touchant.

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